Brexit : "un coup porté aux services financiers" de la City

Par Delphine Cuny  |   |  504  mots
Le quartier de la City à Londres, où se concentre une partie des grandes institutions financières. (Crédits : Reuters)
Le secteur financier de Londres s'inquiète du régime d'équivalence amélioré envisagé par le gouvernement de Theresa May pour les services financiers après la sortie de l'Union européenne.

« Un véritable coup pour le secteur des services financiers » : les projets de Theresa May d'un « nouvel arrangement » ont été très fraîchement accueillis à la City, le cœur historique de la finance londonienne. Le secteur, qui espérait continuer de bénéficier du « passeport européen » qui lui donne accès à l'ensemble du marché unique, avec un agrément britannique et sans présence physique sur le continent, ne veut pas du régime d'équivalence amélioré par rapport à celui accordé à des pays tiers comme les États-Unis ou le Japon.

« Le livre blanc sur le Brexit publié aujourd'hui est un véritable coup porté au secteur financier du Royaume-Uni et aux services qui lui sont associés », a réagi Catherine McGuinness, responsable des questions politiques à la City de Londres, dans un communiqué.

« Avec des liens commerciaux plus lâches avec l'Europe, le secteur des services financiers et des professions associées sera moins en mesure de créer des emplois, de générer des impôts et de soutenir la croissance de l'ensemble de l'économie. »

Le secteur de la finance (banques, assurances, gestion d'actifs, etc) emploie plus de 320.000 personnes dans le Grand Londres et 2,3 millions de personnes dans tout le Royaume-Uni, en incluant les emplois indirects.

« En tant que porte d'accès aux capitaux pour l'UE, le Royaume-Uni est un partenaire commercial important pour le bloc. Il est dans l'intérêt des ménages et des entreprises des deux côtés de la Manche qu'une future relation commerciale ambitieuse, couvrant à la fois les services et les biens, soit assurée », a ajouté Catherine McGuinness, soulignant que « le temps presse. »

« Regrettable et frustrant »

TheCityUK, le lobby de la profession financière, s'est montré également déçu. Il militait en faveur d'un régime plus favorable de « reconnaissance mutuelle », qui aurait eu quasiment les mêmes effets que le passeport européen : Londres et l'UE se seraient reconnu réciproquement leurs règles financières. Une idée fermement écartée à Bruxelles.

« La question primordiale pour les sociétés de services financiers et connexes est la capacité de continuer à servir les clients. La reconnaissance mutuelle aurait été le meilleur moyen d'y parvenir. Il est donc regrettable et frustrant que cette approche ait été abandonnée avant même d'arriver à la table des négociations » a réagi Miles Celic, le patron de TheCityUK.

Si la City n'a pas encore subi de délocalisations massives, les estimations de pertes d'emploi dans la finance varient entre quelques milliers (entre 5 et 10.000) et une centaine de milliers, en particulier si les métiers de la compensation sont touchés. Paris Europlace, l'association de promotion de la place financière de la capitale, estime à plus de 3.500 emplois transférés ou créés dans la finance liés au Brexit, et entre 10 et 30.000 les emplois indirects. Peu de relocalisations effectives ont eu lieu jusqu'ici. L'Autorité bancaire européenne, qui emploie environ 200 personnes, doit déménager de Londres à Paris d'ici à mars 2019.