Crédit Mutuel Arkéa : l'écosystème de la tech apporte son soutien

Par Delphine Cuny  |   |  704  mots
Quelques unes des personnalités signataires de la pétition de soutien en faveur d'Arkéa, qui est prêt à prendre son indépendance et à renoncer à la marque Crédit Mutuel. (Crédits : DR)
Olivier Mathiot, Frédéric Mazzella, Pierre Kosciusko-Morizet, Fleur Pellerin : entrepreneurs et personnalités, pas tous bretons, sont montés au créneau en faveur des fédérations de l'ouest en conflit avec l'organe central du groupe bancaire mutualiste.

Crédit Mutuel Arkéa est loin de s'avouer vaincu dans le bras de fer qui l'oppose à l'organe central du groupe bancaire mutualiste, même si son projet de séparation en vue de créer une banque distincte est plutôt mal vu des pouvoirs publics. L'ensemble regroupant les fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest (le Massif central étant lui-même en sécession d'Arkéa) vient de recevoir l'appui de plus d'une centaine d'entrepreneurs, pas seulement issus de la région bretonne mais pour beaucoup de l'écosystème des startups, dans une pétition baptisée "Avis de tempête".

« Je suis choqué par le Crédit Mutuel qui lance un processus de sanction contre les dirigeants d'Arkéa : Arkéa et Ronan Le Moal [le directeur général, Ndlr] sont des piliers de l'innovation numérique, investissant dans le futur et ouvrant des voies » a réagi mercredi Olivier Mathiot, le Pdg de PriceMinister, sur son compte Twitter.

Plusieurs noms bien connus du milieu de la French Tech font partie, comme lui, des signataires : Pierre Kosciusko-Morizet, le cofondateur de PriceMinister devenu business angel ; Frédéric Mazzella, le cofondateur de BlaBlaCar ; Fleur Pellerin, l'ex-ministre reconvertie dans le capital-risque ; Marie Ekeland, cofondatrice du fonds Daphni et ex-éphémère présidente du Conseil national du numérique ; Jean-David Chamboredon, président du fonds ISAI, etc.

« Arkéa est un acteur agile, moderne et innovant très utile à l'écosystème 'digital' français - sa taille moyenne et son indépendance sont certainement à la base de ce positionnement et de cette efficacité », déclare ce dernier, qui fut l'initiateur du mouvement des Pigeons.

« OPA hostile »

De nombreux entrepreneurs et personnalités de la région, tels que Christian Guillemot, le cofondateur d'Ubisoft, Jean-Guy Le Floch, le président d'Armor Lux, ou Patrick Le Lay, ex-patron de TF1, soutiennent aussi les dirigeants d'Arkéa.

« Le maintien de l'indépendance d'Arkéa est vital pour la Bretagne et pour l'économie numérique française ! », martèle la pétition, qui affirme : « Le CM11-CIC [l'ensemble de 11 fédérations du Crédit Mutuel, présidé par Nicolas Théry, également à la tête de l'organe central du groupe mutualiste, Ndlr] tente une véritable "OPA hostile" sur les actifs de cette banque prospère et innovante. »

Le texte détaille l'action du groupe brestois, qui a la cote chez les startups.

« Grâce à la dynamique engagée par Ronan Le Moal, son directeur général, le groupe est devenu un grand champion européen du digital. Il est le premier investisseur français du monde des Fintech (Fortuneo, Leetchi, Younited Credit, Pumpkin...) avec plus de 100 millions d'euros investis en direct ces dernières années. Dans le paiement, Arkéa est même un leader européen respecté : tous les paiements d'Amazon arrivent à Brest ! »

La pétition évoque aussi la menace pour l'emploi (9.000 à Arkéa dont 1.800 au siège près de Brest) que représenterait le projet « centralisateur » de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, et demande à l'Etat français d'appuyer la démarche d'Arkéa dans son projet d'indépendance. Or, le gouvernement a clairement fait savoir qu'il ne voulait pas modifier la loi afin de permettre la création d'une nouvelle banque mutualiste.

Suspension de la procédure de sanction

Crédit Mutuel Arkéa a reçu un autre soutien : à sa demande, le Conseil d'Etat a décidé mercredi de suspendre en référé la procédure de sanction engagée en janvier par la Confédération nationale du Crédit Mutuel, à l'encontre du Pdg d'Arkéa, Jean-Pierre Denis, de Ronan Le Moal, le directeur général, et d'Anne Le Goff, la directrice générale déléguée, sanction pouvant aller jusqu'à une révocation.

Le Conseil d'Etat indique dans sa décision que l'article invoqué par la Confédération pour mettre en oeuvre la procédure « méconnaît le principe de l'impartialité ». La procédure est suspendue jusqu'au jugement sur le fond des demandes d'Arkéa sur la légalité même de certains articles des statuts de la Confédération.