Bitcoin, Ethereum... : près d'un Français sur douze détient des cryptomonnaies

Par latribune.fr  |   |  846  mots
Les levées de fonds dans l'industrie "crypto" française cumulent 1,2 milliard d'euros au total. (Crédits : Dado Ruvic)
En plein contexte inflationniste, la curiosité pour les cryptomonnaies, ces actifs qui s'échangent de manière décentralisée en dehors du système monétaire classique, grandit. Parmi les enseignements d'une enquête présentée au ministère de l'Economie, 1,2 milliard d'euros ont déjà été levés par 29 entreprises tricolores du secteur. Pour autant, si l'engouement sur les nouvelles plateformes d'échanges se vérifie, le secteur ne concerne encore qu'un peu plus d'un millier d'emplois dans l'Hexagone.

Ce n'est pas encore le placement préféré des Français, dont le leadership est traditionnellement détenu par le Livret A, avec 55 millions de propriétaires, selon la Banque de France. Mais alors qu'elles sont nées il y a un peu plus de dix ans seulement, avec la naissance du bitcoin au lendemain de la crise financière de 2008, ils sont déjà 8% (soit environ 5,56 millions de Français en valeur brute) à avoir déjà investi dans les cryptomonnaies, d'après une étude parue lundi et réalisée par le cabinet KPMG sur commande de l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan). Soit près d'un Français sur douze détient des cryptos en janvier 2022, selon l'Adan.

Au regard des dernières données mondiales disponibles, cette part des Français est une goutte d'eau dans l'océan des investisseurs qui parient sur les fluctuations des cours de ces actifs reposant sur la technologie décentralisée de la blockchain. À la fin du premier semestre 2021, 221 millions de personnes dans le monde détenaient en effet des cryptomonnaies, un nombre qui a plus que doublé par rapport à janvier (106 millions), selon une étude de la Bourse spécialisée crypto.com. Le marché a, lui, dépassé les 2.000 milliards d'euros de capitalisation en 2021.

Mais l'intérêt est toutefois palpable dans l'Hexagone. D'après le sondage effectué par Ipsos pour l'Adan en janvier, 30% des Français envisagent d'acquérir de la cryptomonnaie. Et pour l'heure, ils ont l'embarras du choix. Outre les deux valorisations leaders (Bitcoin, Ethereum), ce sont 12.000 cryptomonnaies qui ont été recensées par le site CoinGecko. « Le triptyque des cryptomonnaies privilégiés par les investisseurs actuels est le suivant : le bitcoin avec 49%, l'ether avec 29% puis le bitcoin cash avec 82% », commente l'Adan.

Avant de rentrer dans les usages de masse, notamment celui du paiement, leur rôle principal est d'incarner un placement alternatif, en pleine poussée inflationniste qui déprécie ou rend plus cher des actifs plus traditionnels.

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Des revenus (déclarés) inférieurs à 18.000 euros

Côté profil, cet investissement attire particulièrement les moins de 35 ans, qui seraient près d'un sur huit (12%) à en posséder. Et les hommes sont majoritaires (60%) parmi les acheteurs de "cryptos". Aussi, 4 Français sur 10 seraient intéressés par des placements en cryptos si leur banque les leur proposait, note l'Adan.

Les personnes aux revenus inférieurs à 18.000 euros par an seraient aussi plus nombreux à détenir des cryptomonnaies (37% des investisseurs) que celles aux revenus les plus élevés. A tempérer toutefois par le fait que le patrimoine des détenteurs de cryptomonnaies est difficile à évaluer. Ces actifs sont en effet stockés sur des plateformes d'échanges de crypto ou sur des clés numériques physiques.

Enfin, 2% des Français auraient choisi d'investir dans un type particulier de cryptomonnaie : les NFT, ces jetons non fongibles qui permettent de donner une identité unique et infalsifiable à un objet numérique. Pour l'heure, ils sont particulièrement prisés dans le monde de l'art et des enchères qui y voient une opportunité de vendre de nouveaux biens et de nouvelles preuves de propriété. Début février à Paris, une vente aux enchères inédite d'œuvres d'art numériques certifiées a ainsi eu lieu dans l'univers virtuel interactif du métavers, en plus d'un espace physique réel.

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Un secteur en pleine croissance, un enjeu pour la présidentielle

D'après les entretiens menés auprès de 29 entreprises du secteur les plus importantes en France, les levées de fonds dans l'industrie "crypto" française cumulent 1,2 milliard d'euros au total. Là aussi, c'est encore bien inférieur aux performances tous secteurs confondus de la French Tech qui a engrangé 11,6 milliards de levées de fonds en 2021.

Le secteur français des cryptos employait plus de 1.100 personnes en janvier, dont 85% en France, avec une croissance de près de 60% sur un an. Autrement dit, dans ce secteur d'échanges sans frontières reliés par la blockchain et par une communauté, tous ne travaillent pas sur le territoire français. Les emplois atteindraient 2.400 postes l'an prochain.

Pour mobiliser sur ces enjeux nationaux, l'Adan avait publié fin janvier une liste de recommandations concernant la "crypto" à destination des candidats à la présidentielle. De plus, cette enquête, menée en janvier, a été présentée à Bercy en présence du secrétaire d'État chargé du Numérique, Cédric O.

De son côté, Pascal Gauthier, le PDG de Ledger, licorne française et membre fondateur de l'Adan, avait convié fin janvier l'ensemble des candidats à visiter sa startup spécialisée dans les portefeuilles de cryptomonnaies physiques. Eric Zemmour a été lundi le premier à s'y rendre.

(Avec AFP)

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