"Je ne suis pas soumis aux banques" martèle Macron

Par Delphine Cuny  |   |  558  mots
"Si j'étais soumis aux banques, je n'aurais pas en tant que ministre porté une loi qui a cassé le monopole bancaire en permettant le prêt entre entreprises, en permettant de développer d'autres formes de financement de l'économie, hors des banques", a argumenté Emmanuel Macron ce mardi, interviewé sur BFM TV.
L'ancien ministre de l'Economie s'est défendu d'être "le candidat des banques" comme le présentent ses opposants.

"Macron le banquier" : c'est ainsi que Marine Le Pen ne cesse d'appeler son adversaire, reprenant au passage de vieux clichés antisémites sur le "banquier d'affaires insensible". Emmanuel Macron a tenté de se défaire de cette étiquette négative qui lui colle à la peau ce mardi, lors d'une interview sur RMC et BFM TV.

"Je ne suis pas soumis aux banques. Si j'étais soumis aux banques j'aurais continué à travailler pour elles. Si j'étais soumis aux banques, je n'aurais pas, en tant que ministre, porté une loi qui a cassé le monopole bancaire en permettant le prêt entre entreprises, en permettant de développer d'autres formes de financement de l'économie, hors des banques [en référence notamment à la finance participative, crowdfunding et crowdllending, des startups de la Fintech, ndlr].

Si j'étais soumis aux banques, je n'aurais pas constamment, comme ministre, essayé de développer tout ce qui permet de financer les PME ou les TPE qui en ont tant besoin. Si j'étais soumis aux banques je ne porterais pas un projet qui est aussi celui des classes moyennes et des classes populaires.

Donc ces insultes à tout va, qui de l'extrême droite à l'extrême gauche, m'ont sali depuis des mois, je les regarderai droit dans les yeux en disant que je n'ai aucune leçon à recevoir d'eux" a-t-il déclaré dans l'émission Bourdin Direct.

[Le démographe et historien Emmanuel Todd a déclaré « Il n'y a pas de hiérarchie dans l'inacceptable entre Le Pen et Macron. Entre la xénophobie et la soumission aux banques » dans l'émission Arrêt sur Images]

"Les banques, on les déteste jusqu'au jour où on a besoin d'elles"

Interrogé sur la fameuse déclaration du candidat Hollande en 2012 "mon véritable adversaire, c'est la finance", le candidat d'En marche! a répondu :

"Je me rappelle. J'étais peut-être ce visage de la finance tant et tant dénoncé, comme l'a dit madame Le Pen".

"Il ne faut jamais être caricatural. Parce que les banques, on les déteste jusqu'au jour où on a besoin d'elles pour se financer, pour acheter sa voiture, son appartement ou autre. La finance, on peut lui cracher dessus, en attendant, à partir du mois d'octobre, on se finance en totalité sur les marchés".

Dans l'entourage de Marine Le Pen, le député Gilbert Collard est même allé jusqu'à traiter de "putes" les banquiers, provoquant l'indignation de la profession jusque chez les syndicats (FO, SNB/CFE-CGC) du secteur. Au point que la Fédération bancaire française a réagi vendredi dans un communiqué co-signé par les organisations syndicales CFDT, CFTC et SNB :

"La profession bancaire et ses 370.000 salariés se sentent profondément blessés par ces propos injurieux qui portent atteinte à leur dignité tant professionnelle que personnelle.

Nous pensons tout particulièrement aux effets de tels propos sur les salariés des banques, qui œuvrent quotidiennement au cœur de la vie des Français.

Pour ce qui nous concerne, nous sommes fiers de travailler au sein de nos établissements et fiers de notre engagement au service des Français et de l'économie de notre pays."