La Soc Gen a demandé au FN de clôturer ses comptes

Par Delphine Cuny  |   |  518  mots
Marine Le Pen doit tenir une conférence de presse mercredi au siège du FN à Nanterre sur le thème "La démocratie française menacée par les oligarchies financières". Le directeur de la communication du parti, David Rachline, a déclaré que l'attitude de la Société Générale était "un véritable scandale."
Banque du parti d'extrême droite depuis plusieurs dizaines d'années, la Société Générale lui aurait fait savoir en juillet qu'il fallait fermer ses comptes, selon France Inter et Mediapart.

Marine Le Pen s'est maintes fois présentée en victime des banques, aucune n'étant semble-t-il prête à la financer, ce qui l'avait obligée à se tourner vers une banque étrangère, la russe First Czech Russian Bank (FCRB) en 2014. La banque historique du parti, puisqu'il y en a bien une, la Société Générale, ne veut plus du Front National : selon des révélations de France Inter et Mediapart, une lettre interne au FN, datée de lundi, indique que la banque a demandé au parti de clôturer l'ensemble de ses comptes, ceux du siège comme ceux de plusieurs fédérations.

La Société Générale s'est refusée à commenter, se réfugiant derrière le secret bancaire.

"La Société générale était la banque du Front national depuis plusieurs dizaines d'années et, au mois de juillet, elle nous a indiqué qu'elle éjectait tous nos comptes et le compte du mandataire financier du Front national. Elle n'a donné aucune raison. J'ai fait tous les recours internes, ils n'ont absolument pas abouti", a déclaré mardi le trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, sur BFMTV.

Le directeur de la communication du parti, David Rachline, s'est exprimé de son côté sur Sud Radio :

"Il semblerait que cette banque ne veuille plus de nous, on se demande pourquoi. C'est un véritable scandale." Il a fustigé "les banques et certains membres de l'oligarchie" qui useraient de "leur pouvoir financier pour faire en sorte que certains partis politiques ne puissent pas faire campagne."

Une activité risquée pour les banques

Marine Le Pen doit tenir une conférence de presse mercredi au siège du FN à Nanterre sur le thème "La démocratie française menacée par les oligarchies financières", une ritournelle de la campagne présidentielle beaucoup utilisée contre Emmanuel Macron, ancien banquier d'affaires de chez Rothschild, entendue également du côté de la France Insoumise.

Le FN se trouve dans une mauvaise posture financière, lourdement endetté après la campagne présidentielle et les résultats décevants aux législatives. En juin dernier, Marine Le Pen avait annoncé le lancement d'un "emprunt patriotique" à 3% pour "demander" aux électeurs de "financer" la campagne législative du parti. La seule présidentielle a représenté une dépense de 12,5 millions d'euros pour le parti. L'État doit lui rembourser intégralement cette somme, mais seulement à l'issue de l'examen et de la validation des comptes de campagne.

Le financement des partis politiques n'est pas du tout du goût des banques, qui ont du mal à évaluer les risques de ces entreprises pas comme les autres, soumises à l'aléa du seuil fatidique des 5% des suffrages exprimés qui donne droit au remboursement partiel des dépenses par l'État. Au printemps dernier, elles avaient émis l'idée, au sein de la fédération qui les regroupe (FBF), la possibilité de déléguer à un acteur public, tel que la Caisse des Dépôts, cette mission d'intérêt général.

(avec agences)