Le scandale de la banque Wells Fargo "disparaît" sous Trump

Par Delphine Cuny  |   |  401  mots
L'affaire des comptes fantômes du numéro un américain du crédit immobilier a été effacée du site du ministère du travail. De mauvais augure pour les lanceurs d'alerte et la suite de l'enquête.

C'est sans doute un nouvel exemple de l'ère de la "post-vérité" marquant les débuts de la présidence Trump, où sont martelées les contre-vérités et effacés les sujets gênants, comme le réchauffement climatique, les droits des femmes ou LGBT. Le retentissant scandale Wells Fargo, le numéro un américain du crédit immobilier, dont on a découvert que certains employés avaient ouvert 2 millions de comptes fantômes, à l'insu de leurs clients, pour atteindre leurs objectifs commerciaux, a curieusement disparu du site internet du Département du travail américain.

L'influente et tenace sénatrice démocrate Elizabeth Warren a en effet constaté que depuis le 24 janvier, seulement quatre jours après l'entrée en fonction de Donald Trump, la page dédiée à l'affaire sur le site du Department of Labor n'était tout simplement plus accessible ("page not found"). Or cette page, créée en septembre lorsque le scandale a éclaté, servait à recueillir les plaintes des employés "lanceurs d'alerte" qui avaient été sanctionnés pour avoir refusé de se livrer à ces pratiques frauduleuses.

[La page du Department of Labor qui a disparu]

Amendes, enquêtes et class action

Dans une lettre adressée vendredi au nouveau secrétaire au Travail, la sénatrce du Massachusetts s'emporte :

"Supprimer ce site web permet à Wells Fargo d'échapper à l'entière responsabilité de ses actions frauduleuses et au ministère d'esquiver ses éminentes obligations envers les travailleurs américains".

L'affaire des comptes factices avait contraint à la démission l'ex-directeur général de Wells Fargo, John Stumpf, malmené lors d'une audition au Sénat par la même Elizabeth Warren. La banque, dont le siège se trouve à San Francisco, a écopé d'amendes de 185 millions de dollars et reste sous le coup d'une enquête du département de la Justice et du gendarme de la Bourse, la SEC.

Wells Fargo, qui avait licencié 5.300 personnes après la découverte des malversations, a publié le 13 janvier des résultats en baisse pour le cinquième trimestre consécutif. Elle doit faire à de multiples poursuites, dont une class action à plusieurs milliards de dollars. Mais les clients lésés, qui ont dû payer des frais et commissions sur des comptes qu'ils n'avaient pas consenti à ouvrir, sont fortement incités à accepter des arbitrages, afin d'éviter un long procès en action collective.