Mobilité bancaire : pas encore d’effet loi Macron

Par Delphine Cuny  |   |  639  mots
Depuis le 6 février, le client n'a plus qu'à signer un mandat de mobilité à la nouvelle banque qui s'occupe de toutes les démarches. Boursorama en a reçu 16.000 en moins de trois semaines.
Trois semaines après l’entrée en vigueur du service d’aide à la mobilité bancaire, on ne constate pas de ruée mais un réel intérêt de la part des consommateurs. Ni de couacs à ce stade mais il est un peu tôt.

Les banques en ligne, de Boursorama à Fortuneo en passant par BforBank, comptent beaucoup sur la loi Macron facilitant la mobilité bancaire entrée en vigueur le 6 février pour grignoter des parts de marché. Le nouveau système permet en effet au client de signer simplement un mandat de mobilité à sa nouvelle banque qui se charge de toutes les démarches auprès de l'ancienne et des principaux organismes concernés par des virements ou prélèvements.

La banque LCL, filiale de Crédit Agricole, aurait même conçu un argumentaire anti-Boursorama, s'inquiétant d'un afflux important de mandats de clients prêts à partir pour la banque en ligne, selon Le Monde. Les banques, en ligne surtout, rivalisent de primes pour attirer le client : 80 euros en général, jusqu'à 130 euros chez BforBank, la filiale du Crédit Agricole, et même 250 euros chez Axa Banque pour ceux qui domicilient leurs comptes.

Pourtant, près de trois semaines après l'entrée en vigueur, il n'y a pas eu encore de ruée, d'effet « loi Macron », ou si peu, au vu des quelques chiffres commençant à circuler. Et ce malgré les campagnes de communication à la télévision et sur les réseaux sociaux, tant des challengers que de certaines banques installées comme BNP Paribas.

Hausse de 20% chez Fortuneo

« Nous n'avons pas vu de mouvements très importants, et ils ne nous sont pas défavorables » a indiqué Nicolas Théry, le président du Crédit Mutuel CM11 ce jeudi. « Pour l'instant, nous prenons les chiffres avec des pincettes. Nous ne sommes pas convaincus qu'ils soient très supérieurs à une autre année » confie le porte-parole d'une grande banque de la place. La directrice générale de Boursorama, Marie Cheval, a été la seule à communiquer de manière précise jeudi en dressant un bilan de l'activité de l'année : la filiale de la Société Générale a indiqué avoir reçu 16.000 mandats entrants et moins de 200 sortants. Pas vraiment époustouflant.

Rapporté sur un mois aux plus de 250.000 clients acquis (en brut) en 2016, c'est finalement un score assez habituel pour le pionnier de la banque en ligne, qui vient de franchir le cap du million de clients le 31 janvier. La présidente du leader français s'est défendu de se livrer à un démarchage « agressif ».

Grégory Guermonprez, le directeur France de Fortuneo, la banque en ligne du Crédit Mutuel Arkéa, qui revendique plus 600.000 clients en France, en Belgique et au Luxembourg (dans les 400.000 estimés dans l'Hexagone), nous confie :

« Fortuneo reçoit aujourd'hui 20 fois plus de mandats "entrants" que "sortants". Les mandants proviennent principalement des banques traditionnelles. Nous constatons une hausse de 20% des ouvertures de comptes en 2017 par rapport à 2016 ».

Frein des prêts et de l'épargne non concernés

A la Fédération bancaire française (FBF), pas de couacs constatés à ce stade, mais on observe que le processus n'est pas encore arrivé à son terme pour juger du bon fonctionnement : le changement de domiciliation bancaire intégral doit être effectif au bout de 22 jours ouvrés.

« S'il y avait eu des mouvements massifs, on en aurait eu des échos » confie une porte-parole.

En revanche, le guide pratique réalisé par cette l'association de la profession, téléchargeable en ligne, a connu un grand succès, reflétant une vraie curiosité de la part des consommateurs.

François Pérol, le président du directoire de BPCE (Banques Populaires Caisses d'Epargne) relevait mardi en présentant le plan de transformation de la banque de proximité que :

« La banque est un métier de stock. Les parts de marché évoluent lentement »

Et le fait que ni les produits d'épargne ni les emprunts (notamment immobiliers) ne soient concernés demeure un frein élevé à cette mobilité.