"Nabilla, le bitcoin c'est très risqué" interpelle le gendarme des marchés

Par Delphine Cuny  |   |  705  mots
Nabilla conseillait d'acheter du bitcoin "la nouvelle monnaie, genre la monnaie du futur" sur une plateforme, l'Autorité des marchés financiers a mis en garde sur les risques : "pas de placement miracle." (Crédits : DR)
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a renouvelé sa mise en garde sur les achats de bitcoin après l'ex-vedette de téléréalité Nabilla Benatia ait fait la publicité d'une plateforme de trading sur Snapchat.

[Article mis à jour à 16h45]

Auréolée d'une couronne de cœurs numériques envoyés par ses fans, l'ex-vedette de télé-réalité Nabilla (rendue célèbre par son fameux "allo quoi ?") conseille à ses abonnés, dans une vidéo publiée sur son compte Snapchat, d'aller acheter du bitcoin, « la nouvelle monnaie, genre la monnaie du futur », sur une plateforme tenue par des traders « qui font ça depuis des années.»

« Même si vous n'y connaissez rien, ça vous permet de gagner de l'argent sans investir beaucoup. Moi j'ai dû mettre 1.000 euros et j'ai déjà gagné 800 euros. Mais vous pouvez faire beaucoup moins », ajoute la jeune femme qui fait apparaître un lien vers la page Facebook de ladite plateforme,Traderlebitcoin, établie en Andorre.

« C'est vraiment sûr c'est vraiment cool. Vous pouvez y aller les yeux fermés » assure-t-elle. Vous pouvez toujours récupérer l'argent [...] Y a rien à perdre, c'est gratuit. »

Il n'y a effectivement pas de frais de courtage sur la plateforme qui se dit sponsorisée par eToro, courtier sur le marché des changes converti aux cryptomonnaies, établi à Chypre, qui se présente comme « le plus grand réseau de trading social et d'investissement.»

Postée lundi soir sur Youtube par un certain Trader Cryptos, la vidéo, sorte de publicité à peine déguisée, a fait réagir sur les réseaux sociaux, notamment dans les milieux de la Fintech, en ironisant sur le mode "non, mais allo, l'AMF?".

L'Autorité des marchés financiers (AMF), dont les missions consistent à "réguler, informer, protéger", a réagi le lendemain sur Twitter sans s'adresser directement à la célébrité mais en mentionnant son nom :

Nulle velléité de sanctionner de la part de l'AMF mais la volonté d'adresser un message de prévention et de prudence à l'attention de son public, a priori peu familier du site de l'autorité et plutôt novice en investissement, sachant que les Français en général ont la culture financière la moins avancée en Europe. Le gendarme des marchés n'a pas le pouvoir de réguler le bitcoin ni d'empêcher les épargnants de parier, comme au casino, mais il veut s'assurer que ces derniers ont bien conscience des risques encourus.

"Risques de perte très élevés"

Début décembre, « compte tenu de l'appréciation du bitcoin ces dernières semaines et de sa volatilité », l'AMF avait émis une sérieuse mise en garde à l'attention des épargnants sur les achats de bitcoins, à laquelle s'est jointe l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR, adossée à la Banque de France).

« Le Bitcoin est l'un des actifs spéculatifs, parfois qualifiés à tort de "monnaies" virtuelles ou "crypto-monnaies", qui existent actuellement dans le monde. Il s'échange en ligne et n'est matérialisé par aucune pièce ou billet », rappellent l'AMF et l'ACPR dans ce communiqué.

« Depuis plusieurs semaines, le Bitcoin a vu sa valorisation croître brutalement. Cette valorisation peut aussi bien s'effondrer de la même manière. L'achat/vente et l'investissement en Bitcoins s'effectuent à ce jour en dehors de tout marché réglementé. Les investisseurs s'exposent par conséquent à des risques de perte très élevés en cas de correction à la baisse et ne bénéficient d'aucune garantie ni protection du capital investi », soulignent les deux autorités qui disent être « de plus en plus sollicitées à travers leurs centres d'appels par des épargnants à ce sujet.»

La cryptomonnaie a vu son cours multiplié par 13 en 2017, passant de moins de 1.000 dollars en janvier à près de 20.000 mi-décembre.

Si les deux autorités affirment leur bonne disposition à l'égard de la technologie qui se cache derrière le bitcoin, la Blockchain, « susceptible d'offrir de nombreuses possibilités en termes d'usages par les entreprises », l'AMF et l'ACPR « recommandent aux épargnants la plus grande vigilance avant d'envisager d'y investir une partie de leur épargne

L'AMF a créé sur son site une page pédagogique consacrée au bitcoin où elle délivre une série de conseils.