Pourquoi Deutsche Bank s'interroge sur une fusion avec UBS

Par Delphine Cuny  |   |  527  mots
A Francfort, le siège de Deutsche Bank est voisin de la tour UBS près de l'Opéra. (Crédits : Deutsche Bank)
Un mariage avec le groupe suisse aurait plus de complémentarités qu'avec Commerzbank pour la première banque allemande. Un tel scénario a été étudié par le conseil de surveillance de Deutsche Bank, selon le Handelsblatt.

[Article mis à jour à 12h]

Si Francfort bruisse de rumeurs de fusion entre les deux plus grandes banques allemandes, Deutsche et Commerzbank, la première réfléchit à des alternatives. Selon le journal Handelsblatt, le scénario d'un rapprochement avec le groupe suisse UBS a été étudié lors d'une réunion de stratégie du conseil de surveillance de Deutsche Bank. Celui d'une fusion avec Commerzbank a également été passé en revue lors de cette réunion selon le journal allemand.

"Au moins du point de vue des actionnaires et sur le papier, l'option suisse serait préférable" indique le Handelsblatt, en citant des sources informées des échanges. "La raison est que Deutsche Bank et UBS se complètent bien avec leurs différents atouts en matière de banque d'investissement et de gestion d'actifs" explique le journal.

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[Les forces complémentaires d'UBS et Deutsche Bank. Crédits : Handelsblatt]

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Complémentarités évidentes

Depuis la crise financière, UBS s'est concentrée sur la gestion d'actifs, qui génère plus de la moitié de ses revenus et près des deux tiers de ses résultats. Inversement, Deutsche Bank réalise encore plus de la moitié de son produit net bancaire dans la banque de financement et d'investissement, même si elle a prévu d'importantes coupes dans cette activité. Le patron de la banque d'investissement d'UBS, Andrea Orcel, va quitter l'établissement de Zurich pour diriger Santander début 2019, a annoncé  mardi la banque espagnole. 

Du fait de ces complémentarités évidentes, il y aurait moins de doublons qu'en cas de fusion avec Commerzbank qui entraînerait d'importants coûts de restructuration.

Par ailleurs, le président d'UBS est allemand : il s'agit de l'économiste Axel Weber, ancien président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, de 2004 à 2011. Il avait préféré rejoindre l'établissement suisse plutôt que la grande banque de Francfort, qui l'avait approché à l'époque.

Toutefois, l'écart de valorisation pose question : la capitalisation de Deutsche Bank a fondu à 22 milliards d'euros quand celle d'UBS dépasse les 53 milliards. Deutsche Bank vient d'ailleurs d'être officiellement sortie de l'indice des valeurs européennes vedettes Euro Stoxx 50, le 24 septembre. En outre, les difficultés persistantes de la banque allemande n'en font pas forcément un partenaire attirant pour le groupe suisse, qui aurait sans doute du mal à justifier une telle opération à ses actionnaires.

Le Handelsblatt reconnaît que le scénario est en réalité improbable mais que son examen témoigne peut-être aussi du manque d'appétit de la direction de Deutsche Bank pour un mariage avec Commerz. Le journal évoque des réticences sur le coût d'une telle opération et des risques, au bilan, en particulier de milliards d'euros d'obligations d'Etat italiennes...

"Je dois dire qu'en ce moment, nous sommes constamment étonnés par ce qui passe à travers les filtres des rédactions et paraît dans la presse" a réagi le directeur financier de Deutsche Bank, James von Moltke, lors d'une conférence à Londres ce mercredi.

L'action Deutsche Bank cède 0,7% ce mercredi matin, tandis que celle d'UBS recule de 1,1%.