Versement de dividendes : la France enregistre un nouveau record

Par Estelle Nguyen  |   |  916  mots
D'avril à juin 2018, les sociétés cotées ont versé au total 497,4 milliards de dollars de dividendes (environ 434 milliards d'euros), soit une progression de 12,9% par rapport à la même période en 2017. (Crédits : BENOIT TESSIER)
Selon l’indice Janus Henderson, les dividendes mondiaux ont progressé de près de 13% à l’échelle internationale au deuxième trimestre, atteignant le montant record de 497,4 milliards de dollars, en hausse de 12,9% par rapport à la même période de l'année dernière. Dans l’Hexagone, ils ont même bondi de 23,6%, à 50,9 milliards de dollars.

Tout semble aller pour les entreprises françaises. Selon la 19ème édition du Janus Henderson Global Dividend Index (JHGDI), publiée ce lundi 20 août, la France a distribué 50,9 milliards de dollars de dividendes (environ 44 milliards d'euros) au cours du deuxième trimestre, un montant en progression de 23,6% sur un an. C'est du jamais vu sur le sol français. Une hausse quasiment deux fois plus importante que celle observée au niveau mondial (12,9%). La France se situe au deuxième rang derrière les Etats-Unis et devant le Japon dont les entreprises ont reversé respectivement 127,3 milliards de dollars de dividendes et 35,9 milliards de dollars.

Le gestionnaire d'actifs Janus Henderson a établi un classement des entreprises les plus généreuses avec ses actionnaires. Le géant pharmaceutique Sanofi et BNP Paribas se placent respectivement à la quatrième et cinquième position. L'entreprise pétrolière et gazière Total est, quant à elle, à la dixième place, sachant que le top 10 représente 9% du total des dividendes mondiaux.

« Total a, à plusieurs reprises, modifié la date de paiement de ses dividendes au cours des dernières années, entrainant une certaine volatilité des dividendes français et ceci a également eu un impact au cours du deuxième trimestre. Ce facteur, ainsi que la hausse de l'Euro et des dividendes extraordinaires, a gonflé le taux de croissance des dividendes totaux. », expliquent les analystes de Janus Henderson.

LVMH et Axa font également partie des sociétés qui ont le plus contribué à la croissance des dividendes versés en France. D'avril à juin, l'assureur français parvient même à décrocher la 14ème position dans le classement des principaux payeurs de dividendes au monde.

Les exceptions Engie et EDF

Seules deux entreprises françaises ne sont pas parvenues à gonfler leur taux de croissance des dividendes au deuxième trimestre. Il s'agit des sociétés de services publics Engie et EDF, chacune d'entre elles ayant été affectées par des restructurations pour réduire les coûts. Janus Henderson rappelle aussi que le dividende d'EDF est en repli depuis 2014. Engie se montre de son côté optimiste prévoyant une hausse pour l'année à venir.

En mai dernier déjà, un rapport publié par Oxfam et Basir, intitulé « Des profits sans partage » désignait la France comme étant championne des distributions des dividendes. Selon les données des ONG, les groupes du CAC40, qui ont réalisé un bénéfice de 93 milliards d'euros et un chiffre d'affaires de plus de 1.300 milliards d'euros en 2017, auraient redistribué les deux tiers de leurs bénéfices à leurs actionnaires, au détriment des investissements et des salariés.

« Cela risque de fragiliser à terme la santé économique des entreprises françaises », avait alors prévenu les auteurs du rapport publié le 14 mai 2018.

Lire aussi : CAC 40 : Oxfam et Basic dénoncent « des profits sans partage »

Des records au niveau mondial également

Alors que le deuxième trimestre a marqué un point culminant pour la France, le taux de croissance des dividendes a augmenté dans quasiment toutes les régions du monde. D'avril à juin, les sociétés cotées ont versé au total 497,4 milliards de dollars de dividendes (environ 434 milliards d'euros), soit une progression de 12,9% par rapport à la même période en 2017. L'indice JHGDI, qui prend 2009 comme année de référence (valeur de l'indice 100), a atteint le nouveau sommet de 182 à la fin du trimestre. Les dividendes mondiaux ont ainsi crû de plus de quatre cinquième depuis neuf ans.

Parmi les croissances notables, on retrouve le Japon qui a distribué 35,9 milliards de dollars de dividendes (+14,2% sur un an) et les États-Unis qui en ont reversé 127,3 milliards de dollars (+5,1%).

« Le deuxième trimestre a dépassé nos attentes dans toutes les régions du monde, avec des paiements records et une solide croissance, et il est fort possible que cette tendance se poursuive. Même dans les régions moins favorisées, telles que l'Europe, les dividendes continuent d'augmenter, stimulés par la poursuite de la croissance économique et des bénéfices. », a commenté Ben Lofthouse, directeur de la gestion actions internationales à haut dividende chez Janus Henderson.

Les deux-tiers des dividendes mondiaux ont été payés par des sociétés européennes. En Europe, 176,5 milliards de dollars ont été distribués (+18,7% par rapport au deuxième trimestre 2017), ce qui atteste le relèvement des profits des entreprises plus importants après plusieurs années difficiles, selon Janus Henderson. La multinationale suisse, Nestlé, se positionne comme étant l'entreprise la plus généreuse avec ses actionnaires, comme c'est d'ailleurs le cas depuis 2012 à cette période de l'année. Sur les autres marches du podium : le constructeur automobile allemand Daimler AG et le Coréen Samsung Electronics.

L'étude souligne également que le secteur financier représente à lui seul un quart des dividendes versés d'avril à juin. Ils ont connu une croissance sous-jacente (c'est-à-dire hors fluctuations de change) de 9,6%, qui a évolué de manière similaire dans toutes les régions du monde.

Même si le gestionnaire d'actifs note que la hausse récente du dollar pourrait avoir un impact sur la conversion des dividendes émis en monnaies locales, Janus Henderson maintient ainsi sa prévision de 1.358 milliards de dollars pour cette année, alors qu'elle était de 1.250 milliards en 2017. L'optimisme est aussi de mise pour l'exercice 2019, bien que la guerre commerciale enclenchée par les États-Unis vis-à-vis de ses principaux partenaires internationaux risque d'avoir des effets négatifs.