Zone euro : la croissance du crédit toujours au plus haut depuis 2009

Par Estelle Nguyen  |   |  543  mots
Le léger repli de l'indice au mois de juillet de l’indicateur s’expliquerait uniquement par le net ralentissement des prêts ajustés aux entreprises du secteur financier. (Crédits : Kai Pfaffenbach)
Le rythme des distributions de crédit est resté soutenu le mois dernier, selon les chiffres de la Banque centrale européenne, alors que la croissance de l'agrégat monétaire M3, souvent un bon indicateur avancé de l'activité économique, a ralenti plus fortement qu'attendu.

Le crédit bancaire se porte toujours aussi bien en zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) a, en effet, indiqué dans un rapport publié le 28 août, que les crédits aux entreprises non financières et aux ménages de la zone euro, ajustés de certaines opérations strictement financières, ont progressé de 3,4% en juillet, après 3,5% en juin et 3,3% en mai, évoluant alors à un rythme de croissance le plus soutenu depuis 2009. En données non ajustées, moins représentatives des crédits véritablement accordés, les prêts aux ménages ont vu leur croissance accélérer à 3,3%, contre 3,0% en juin et 3,1% en mai.

Le léger repli serait dû uniquement au net ralentissement des prêts ajustés aux entreprises du secteur financier (hors assurances et fonds de pension) à +1,9% en juillet, contre +4% en juin.

Dans le détail, les prêts aux entreprises industrielles et commerciales ont progressé de 4,1%, de manière stable par rapport au mois de juin. Concernant l'évolution des crédits à la consommation, la BCE fait état d'une hausse de +7,3% sur un an, contre +7,2% le mois précédent, tandis que les prêts immobiliers ont augmenté de 3,4%, faisant mieux qu'au mois de juin.

Décélération de la croissance de la masse monétaire M3

Dans les 19 pays de la zone euro, le rythme de croissance de la masse monétaire M3, agrégat choisi par la BCE comme un indicateur avancé de l'inflation et pour régulariser sa politique monétaire, a de son côté marqué le pas, s'établissant alors à +4% en juillet, alors que le consensus Reuters était de +4,3%. En juin, sa croissance était de +4,5% et en mai, +4%.

Pour soutenir l'octroi des banques en matière de prêts, l'institution a décidé de maintenir ses taux d'intérêt à leur plus bas niveau, et ce, « au moins jusqu'à l'été 2019 », comme elle l'avait déjà rappelé fin juillet. Elle souhaite également relancer l'inflation et la croissance dans la zone euro, qui ont d'ailleurs accéléré au mois de juillet, respectivement à 2,1% et à 1,1% (hors énergie et produits alimentaires, dont les sont prix particulièrement volatils).

« Une politique monétaire patiente, prudente et persévérante demeure nécessaire [...] En même temps, et en particulier à ce stade du cycle de politique monétaire, la transmission des risques de notre politique doit être étroitement surveillée », a déclaré Peter Praet, chef économiste de la BCE cité par Reuters.

Dans ce contexte, une confirmation des décisions prises en juin dernier par la BCE est attendue, lors de sa prochaine réunion qui se tiendra à la mi-septembre. Pour rappel, il y a quelques mois, la Banque centrale européenne avait annoncé qu'elle arrêtera à la fin de l'année son vaste programme de rachats de dettes publiques et privées, plus connu sous le nom de "QE" ("quantative easing", en anglais), pour que les mois à venir puissent confirmer la progression de l'inflation en zone euro. Cette sortie du QE se fera de manière progressive, diminuant les rachats d'actifs de 30 milliards d'euros mensuels en juin à 15 milliards d'euros entre octobre et décembre.

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