La saga du Boeing 787 : les atermoiements d'Airbus (4/7)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  376  mots
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La médiatisation des problèmes du B787 est à la hauteur des attentes autour de cet avion en rupture complète avec ses prédécesseurs tant sur le plan technologique que sur le modèle industriel qu'il a entraîné. Conçu à l'époque pour faire redécoller Boeing et reprendre un coup d'avance sur son rival Airbus, cette bête curieuse est certes un énorme succès commercial mais n'a cessé de multiplier les dérapages sur le plan industriel. Aujourd'hui en service depuis plus d'un an, le 787 est cloué au sol en raison d'une série de problèmes rencontrés ces quinze derniers jours. C'est la première fois depuis 34 ans que les Etats-Unis suspendent toute la flotte d'un modèle d'avion. La Tribune rappelle l'histoire mouvementée du Dreamliner. En sept chapitres.

Airbus a eu aussi sa part de responsabilité dans le succès commercial de son rival. A l'époque, l'européen a complètement sous-estimé le retour de Boeing en général et l'efficacité du 787 en particulier qui l'attaquait sur son très rentable A330 au moment où il se focalisait sur l'A380. Résultat. À l'issue d'une guerre des chefs entre Philippe Camus et Noël Forgeard pour la coprésidence française d'EADS - qui n'a pas aidé à prendre la mesure de l'attaque de Boeing - le lancement commercial de l'A350 est voté en décembre 2004. Puis, onze mois plus tard, après de longs atermoiements, le lancement industriel. Simple dérivé de l'A330, l'A350 ne fait pas le poids.

Airbus contraint de revoir sa copie

Il est publiquement critiqué au printemps 2006 par des poids lourds du secteur, comme Singapore Airlines ou le loueur d'avions américain ILFC. « Quand le 787 a été lancé, nous avons apparemment sous-estimé l'animal », reconnaissait à l'époque Gustav Humbert, alors PDG d'Airbus.?Deux mois plus tard, alors que la crise liée aux retards de l'A380 mobilise l'attention, l'européen annonce qu'il revoie sa copie. En décembre 2006, il lance une nouvelle version de l'A350 (XWB), au moins aussi performante que le 787. Mais avec un doublement de la facture (plus de 10 milliards d'euros à l'époque, bien plus aujourd'hui) et une mise en ligne en 2013 (2014 aujourd'hui) cinq ans après les prévisions Boeing, qui tablait alors sur une première livraison en mai 2008. Ce dernier découvre enfin la concurrence. D'autant plus qu'en ayant vendu toute sa production jusqu'à fin 2013, il ne peut plus faire valoir l'argument d'une livraison plus rapide qu'avec l'A350 pour rafler de nouveaux contrats. Néanmoins, pour l'heure, le pari commercial du 787 est gagné. Reste à remporter le défi de son industrialisation. Celui qui a fait trébucher Airbus avec l'A380.

lire ici le chapitre 1 de la saga du B787 : un lancement dans la douleur

lire le chapitre 2 de la saga du B787: pourquoi cet avion est révolutionnaire

lire le chapitre 3  : une stratégie opposée à celle d'Airbus

lire le chapitre 5 : un nouveau modèle industriel risqué

lire le chapitre 6 : des déboires industriels hors normes

lire le chapitre 7 : le chemin laborieux pour certifier l'avion