Défense aérienne : la Turquie met KO Américains et Européens

Par Michel Cabirol  |   |  317  mots
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan
Pourtant membre de l'OTAN, la Turquie a choisi un groupe chinois, CPMIEC, pour la fourniture d'un système de défense aérienne stratégique pour Ankara. Un contrat évalué à 4 milliards de dollars. C'est une énorme gifle pour les américains Raytheon et Lockheed Martin ainsi que les français MBDA et Thales.

C'est une énorme surprise... et un choix totalement incompréhensible au regard des alliances internationales. La Chine a remporté jeudi un appel d'offres lancé par la Turquie portant sur l'acquisition de systèmes de missiles anti-aériens et de missiles de longue portée. Le sous-secrétariat de l'Industrie de la Défense (SSM) a "décidé d'entamer les pourparlers avec la compagnie CPMIEC (China Precision Machinery Import-Export Corp.) de la République populaire de Chine pour la production conjointe des systèmes et de leurs missiles en Turquie sur le prix négocié", selon un communiqué. Le système chinois HQ-9/FD 2000, une copie du S-300 PMU1 russe qui équipe l'Armée Populaire de Libération, a été développé par la China Academy of Defence Technology.

C'est aussi un énorme claque pour le consortium américain formé par Raytheon et Lockheed Martin (PAC-3) mais aussi pour le groupe franco-italien Eurosam (MBDA et Thales), qui proposait le SAMP/T Aster 30, et à un degré moindre le russe Rosoboronexport (S-300PMU2 d'Almaz-Antey). Cela risque de tanguer les jours prochains entre Ankara et Washington. Pourquoi un tel choix ? Selon le magazine "Defence News", les Chinois auraient proposé à Ankara trois milliards de dollars, un prix défiant toute concurrence pour un contrat estimé pourtant à 4 milliards de dollars

La Turquie pays membre de l'OTAN

Pourtant, en janvier, l'Otan avait commencé à déployer des missiles sol-air Patriot pour protéger la Turquie d'un éventuel débordement du conflit syrien. Les batteries de missiles Patriot, destinées à assurer la défense du territoire turc contre les avions et les missiles à courte portée, ont été fournies par les Etats-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas.

Thales et MBDA espéraient beaucoup en Turquie. D'autant qu'il existait de nombreux contacts à haut niveau entre les deux pays. François Hollande avait d'ailleurs récemment rencontré son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, pour lui proposer une visite d'Etat.