Défense : la rigueur touche sévèrement l'armée de l'air

Par Michel Cabirol  |   |  667  mots
Le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier
En 2013, l'armée de l'air a dû limiter l'activité des équipages, a reconnu le chef d'état-major de l'armée de l'air. Du coup, elle restera insuffisante et sera en déficit de 20 % par rapport aux normes d'entraînement. Le général Mercier se dit inquiet.

Dur, dur actuellement dans l'armée de l'air. L'heure est à la rigueur. Et le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier, n'a pas le choix : il doit faire avec. En 2013, l'armée de l'air a ainsi dû limiter l'activité des équipages et prendre des mesures affectant le niveau de formation et d'entraînement telles que l'annulation de la participation à des exercices majeurs comme "Red Flag" aux Etats-Unis, par exemple, et à retirer de façon anticipée des équipages des unités de combat, a-t-il révélé aux sénateurs de la commission des affaires étrangères et des forces armées.

Et l'avenir à court terme n'est pas non plus réjouissant. Selon lui, "les perspectives 2014-2015 conduisent à maintenir le niveau d'activité de 2013, grâce à l'effort financier important consenti sur l'EPM (entretien programmé des matériels, ndlr) par la loi de programmation militaire (LPM) mais cette activité restera insuffisante (environ - 20 % par rapport aux normes d'entraînement)".

Le chef d'état-major de l'armée de l'air inquiet

Du coup, le général Mercier s'est dit inquiet.

L'activité "ne pourrait être maintenue à ce niveau dans le temps sans dégradation considérable du niveau opérationnel. C'est pour moi une préoccupation majeure car le maintien de certaines compétences est dès à présent fragilisé".

Il compte faire "remonter l'activité aérienne au niveau requis après 2016" grâce notamment à la mise en place de l'entrainement différencié et un plan d'optimisation du Maintien en condition opérationnelle (MCO) élaboré par la SIMMAD (Structure Intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense) et la DGA (direction générale de l'armement). 

Il manque plus de 1 milliard d'euros pour l'entretien des avions

Au rang des inquiétudes majeures du chef d'état-major, le MCO aéronautique, qui nécessite de disposer d'une dotation suffisante pour l'entretien programmé du matériel (EPM).

"Cela n'a pas été le cas lors de la précédente LPM puisque la sous dotation de l'EPM a conduit à un déficit, sur la période 2009-2014, de plus de 1 milliard d'euros de crédits d'activité par rapport au besoin. La capacité opérationnelle repose sur le maintien en conditions de nos matériels aéronautiques qui nécessite un pilotage au plus près des forces et de leur activité réelle et une dotation suffisante en entretien programmé du matériel"

De nouvelles façons de travailler

Pour améliorer le MCO, l'armée de l'air, avec la SIMMAD, a réorganisé ses structures. Le chef d'état-major de l'armée de l'air a expliqué que "la SIMMAD, aux côtés des unités de soutien aéronautique et en lien avec les industriels et la DGA, a ainsi fait évoluer les marchés d'une logique de disponibilité vers une logique d'activité, en préservant la flexibilité exigée par les surprises opérationnelles et avec un souci constant de maitrise et de réduction des coûts. Le plus important est de disposer du nombre suffisant d'aéronefs disponibles lorsque nous en avons vraiment besoin".

Comment ? Grâce notamment à la mise en place de plateaux techniques. Cette "dynamique" a très rapidement porté ses fruits. L'identification des difficultés technico-logistiques et la définition en commun de solutions appropriées ont permis "d'aboutir à des résultats significatifs", selon le général Mercier. A Saint-Dizier, la qualité de l'activité des Rafale a été considérablement augmentée alors que la disponibilité en opération extérieure reste exceptionnelle.

"Ces résultats démontrent la pertinence et la cohérence des choix qui ont été faits dans le domaine de la gouvernance du MCO, tant au niveau de la SIMMAD qu'à celui du soutien opérationnel sur les bases aériennes. Ces succès nous encouragent à poursuivre dans cette voie, mais il ne s'agit que d'une première étape, de nombreux efforts restent à faire".