Poutine réorganise l'espace russe

Par Michel Cabirol  |   |  597  mots
Le dernier crash du lanceur russe Proton est à l'origine du remaniement à la tête de l'agence spatiale russe Rsokosmos
Le crash du lanceur Proton en juillet dernier est à l'origine d'une vaste réorganisation de la filière spatiale russe. Vladimir Poutine a installé des proches à la tête de l'agence spatiale Roskosmos .

Vladimir Poutine n'aime pas l'échec. Surtout dans des activités comme l'espace, l'une de ses priorités. Un an après avoir déjà limogé des hauts responsables de l'Agence spatiale Roskosmos après une série d'échecs, le président russe a de nouveau réorganisé la filière spatiale russe. Le patron du premier constructeur automobile russe Avtovaz, Igor Komarov, a été nommé ce mercredi numéro deux de cette agence, qui est au centre d'une vaste réforme du secteur spatial.

Sa nomination, annoncée dans un communiqué du gouvernement cité par les agences russes, intervient après celle, le 10 octobre, du vice-ministre de la Défense Oleg Ostapenko à la tête de Roskomos à la place de Vladimir Popovkine. Selon la presse russe, Igor Komarov, considéré comme un proche de Vladimir Poutine, doit à terme prendre la direction d'une nouvelle holding publique qui sera créée pour regrouper les différentes entreprises présentes dans le secteur spatial.

Vers une perte d'influence de Roskosmos

L'objectif de cette réforme, qui verra Roskosmos perdre une grande partie de ses pouvoirs opérationnels au profit de cette nouvelle entreprise, est de redresser un secteur très stratégique plus que jamais affaiblie depuis le crash du lanceur Proton cet été.

Le départ d'Igor Komarov, 49 ans, de son poste à la tête du constructeur des Lada a été officialisé la semaine dernière. Il occupait depuis août 2009 cette fonction, où il s'est illustré en redressant Avtovaz après la crise puis en modernisant la société. Il a orchestré la prise de contrôle totale du constructeur par l'alliance Renault-Nissan, qui doit être finalisée l'année prochaine.

Proton, huit échecs en huit ans

Ce vaste remaniement intervient après le nouvel échec de la fusée Proton-M qui a explosé début juillet juste après son lancement du cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan. Le lanceur devait mettre sur orbite trois satellites du système de navigation Glonass (concurrent du GPS américain et de Galileo), l'une des fiertés russes mais également un système stratégique pour le pays.

La fusée Proton, dont le lancement avait été retransmis en direct par Roskosmos et la chaîne de télévision publique Rossia 24, a changé de trajectoire 16 secondes après son décollage car "ses moteurs ont cessé de fonctionner", selon un communiqué de Roskosmos. La fusée a presque aussitôt explosé, retombant à environ 2,5 km du lieu du lancement.

Pourtant avec quatre succès pour autant de lancements, Proton était à nouveau redevenu fiable et, surtout, le concurrent le plus dangereux pour Ariane 5. Les difficultés de ces dernières années - Proton a connu sept échecs en sept ans - semblaient derrière le lanceur russe. Car depuis la reprise des tirs le 27 mars (avec le lancement de SATMEX 8, puis le 16 avril d'ANIK G1 et enfin le 14 mai, Eutelsat 3D), il avait réussi son quatrième lancement d'affilée. Le lanceur est exploité par la société ILS (International Launch Services), une compagnie américaine, majoritairement détenue par la société russe, Khrunichev depuis mai 2008.

Une erreur humaine à l'origine du dernier crash de Proton

C'est une erreur humaine qui a provoqué le dernier crash du lanceur Proton. "La cause de l'accident est une erreur dans l'assemblage de trois gyromètres", avait écrit Roskosmos dans un communiqué, précisant qu'ils avaient été installés à l'envers. Ces capteurs mesurent la vitesse de rotation et sont utilisés par le système de guidage des fusées.