Le Gripen suédois vole le Brésil au Rafale

Par Michel Cabirol  |   |  642  mots
Brasilia est entré en négociations exclusives avec Saab pour acquérir l'avion de combat suédois le Gripen NG
Brasilia est entré en négociations exclusives avec Saab pour acquérir son avion de combat suédois le Gripen NG. Un revers pour l'avion de combat français qui espérait encore ces dernières semaines.

Décidément, les derniers résultats des appels d'offre en matière de choix d'avions de combat sont pour le moins surprenants. Après la Suisse, c'est donc au tour du Brésil de sélectionner le Gripen NG de Saab. Pourtant quand on se réfère à deux rapports confidentiels de l'armée de l'air suisse, qui ont évalué le Rafale et le Gripen NG entre fin juillet et début décembre en 2008, le Gripen arrivait bon dernier des deux évaluations : l'un sur les essais en vol et l'autre sur le standard de l'avion de combat livré en 2015 à l'armée de l'air suisse. Pire, "le Gripen a été le seul appareil à ne pas atteindre le seuil minimal (6 points, ndlr) des capacités attendues", avait estimé les auteurs des deux rapports.

Il n'en demeure pas moins que Brasilia est entré en négociations exclusives avec Saab pour finaliser un contrat dans quelques mois, voire quelques années. La négociation du contrat entre l'armée de l'Air brésilienne (FAB) et l'avionneur suédois prendra du temps, "de 10 à 12 mois" et le premier appareil devrait être livré au Brésil en 2018, a précisé lors d'une conférence de presse le ministre brésilien de la Défense, Celso Amorim.

Le groupe suédois peut remercier Edward Snowden, ce ancien consultant de l'Agence américaine de la sécurité nationale (NSA) à l'origine des fuites sur le programme de surveillance du renseignement américain, qui a mis sur écoute des communications personnelles de la présidente Dima Rousseff. Des révélations qui ont aussitôt éliminé le F-18 de Boeing, pourtant le favori de la présidente brésilienne jusqu'à il y a très peu.

Sarkozy y avait pourtant cru

Le Brésil va acquérir 36 Gripen NG pour un montant estimé à plus de cinq milliards de dollars. Après plus de dix ans de discussions et de reports en raison de coupes budgétaires, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a finalement opté pour l'appareil de Saab, considéré comme le moins cher, face au Rafale et au F/A-18 Super Hornet de Boeing.

Paris n'avait pourtant eu de cesse depuis 2007 de vanter les mérites du Rafale, espérant même conclure une vente que Nicolas Sarkozy avait cru acquise en 2009. Une ébauche d'accord avait alors été trouvée entre Nicolas Sarkozy et le président brésilien de l'époque, Luiz Inacio Lula da Silva, et Paris avait bien cru emporter la mise. Mais, à son arrivée au pouvoir, Dilma Rousseff a souhaité reconsidérer les options. François Hollande, qui était en visite officielle la semaine dernière, n'a pu changer la tendance.

Déception de Dassault Aviation

"Nous regrettons que le choix se porte sur le Gripen, doté de nombreux équipements d'origine tierce, notamment américaine", a souligné Dassault Aviation dans un communiqué publié mercredi soir. Et poursuivre : le Gripen "n'appartient pas à la même catégorie que le Rafale : monomoteur et plus léger, le Gripen n'est pas équivalent en termes de performances et donc de prix. Cette logique financière ne prend en compte ni le ratio coût-efficacité favorable au Rafale, ni le niveau de la technologie offerte".

Depuis 15 ans, au Brésil, Dassault Aviation et ses partenaires Snecma (groupe Safran) et Thales, regroupés dans le GIE Rafale International, ont fait la promotion du Mirage 2000 pour l'appel d'offres FX, puis du Rafale pour FX2, "animés par la volonté de coopérer sur le long terme avec l'industrie brésilienne, en particulier avec Embraer", a rappelé l'avionneur tricolore. "Les transferts de technologies sans restriction et les partenariats scientifiques, techniques et industriels demandés par le Brésil comptaient parmi les points forts de l'offre du GIE Rafale International, avec le soutien des autorités françaises", a rappelé Dassault Aviation.