Missiles : MBDA reste toujours en course au Qatar

Par Michel Cabirol  |   |  607  mots
Le système de missiles de défense antiaérienne Aster reste en course au Qatar
Dans un entretien accordé à La Tribune, le PDG de MBDA Antoine Bouvier assure que son groupe reste toujours en course pour fournir à Doha un système de missiles de défense antiaérienne de courte et moyenne portée. Et ce en dépit de l'acquisition par le Qatar de missiles américains Patriot.

Au Qatar, le PDG de MBDA Antoine Bouvier reste confiant dans les chances de son groupe de placer des systèmes de missiles de défense antiaérienne Aster 30, équipé des radars de l'italien Selex, en dépit du récent accord de vente des Patriot américains de Rayheon à Doha. "Notre offre est compatible d'un achat de Patriot, assurait-il à La Tribune lors du salon aéronautique de Farnborough. A Raytheon la couche haute, à MBDA la couche basse. Ce n'est donc pas la fin de notre affaire". Dans ce cadre, MBDA propose "une combinaison de missiles VL Mica et d'Aster" pour couvrir la couche basse.

Au Moyen Orient, le missilier européen se positionne donc en complémentarité avec Raytheon dans la courte et moyenne portée de la défense aérienne. "Il n'y a pas au Qatar de compétition entre ces deux systèmes", insistait-il. Ce qui n'est pas du tout le cas dans les appels d'offre en Turquie et surtout en Pologne où Raytheon et de MBDA s'affrontent. Seule petite inquiétude, le déroulement de la séquence. Antoine Bouvier aurait préféré que le Qatar choisisse d'abord la courte et moyenne portée. Car, avions ravitailleurs, hélicoptères, chasseurs, blindés, frégates... les dossiers en cours de traitement sont nombreux et, selon des experts, les ressources financières et humaines (pour les négociations) ne sont pas illimitées.

Doha achète pour plus de 7 milliards de dollars de Patriot

L'émirat du Qatar va acquérir pour plus de 7 milliards de dollars de missiles Patriot (Raytheon) auprès des Etats-Unis. Le ministre de la Défense du Qatar, Hamid ben Ali Al-Attiyah, a signé le contrat à l'issue d'entretiens avec son homologue américain Chuck Hagel à Washington le 14 juillet. Selon des responsables du Pentagone, le Qatar entend ainsi s'équiper pour contenir la menace qu'il voit dans l'Iran voisin.

Dans le détail, l'émirat acquiert une dizaine de radars et 34 lanceurs de missiles Patriot, fabriqués par le groupe de défense américain Raytheon, et destinés à la défense anti-missile. C'est la première fois que le Qatar se dote de missiles Patriot, tandis que d'autres pays du Golfe comme le Koweït, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis en ont déjà acheté par le passé. Et Doha abrite le Centre des opérations aériennes combinées (CAOC), capital pour l'armée américaine car les hauts responsables militaires y supervisent leurs avions de combat en Afghanistan et surveillent le trafic aérien à travers le Moyen Orient.

Un réseau coordonné

Les responsables américains pressent depuis longtemps leurs partenaires du Golfe de mettre en place un réseau coordonné de défense anti-missile pour faire face à la menace de l'Iran, mais une telle coopération a mis du temps à s'installer. Cette décision, si elle était prise, mettrait les six pays du GCC totalement dans les mains des Américains. Ce que ne veulent absolument pas les Européens qui tentent de convaincre le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (GCC) de prendre un système flexible avec une architecture ouverte. Un tel système permettrait aux industriels concurrents de glisser des propositions spécifiques adaptables aux systèmes américains. Soit des capacités différentes pour chaque pays.

La vente de ces armes va améliorer les relations diplomatiques et de sécurité des États-Unis avec le Qatar, a estimé le Pentagone, malgré des différends qui persistent sur le dossier syrien et notamment l'aide de Doha à certains groupes rebelles jugés trop radicaux par Washington.