Budget de la défense en baisse : le gouvernement Philippe ne tient pas ses promesses

Par Michel Cabirol  |   |  970  mots
Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics qui veut réduire le budget de la Défense alors que la France est en guerre...
Paroles, paroles, paroles... Comme le chantait Dalida, le gouvernement Philippe ne tient pas ses promesses au moment de passer aux actes. Alors que la France est en guerre, il réduit de 850 millions d'euros le budget de la défense en 2017.

Plus de caramels, ni de bonbons, ni de chocolats. Pour le ministère des Armées, la fête semble finie. Comme dans la célèbre chanson de Dalida, le gouvernement d'Edouard Philippe n'a pas tenu parole ("paroles, paroles, paroles", chantait Dalida). Alors que la France est en guerre sur plusieurs fronts, l'Hôtel de Brienne devra tenir le budget voté par le Parlement, ce qui signifie de facto une réduction de dépenses de 850 millions d'euros en 2017.

Aux armées de payer le surcoût des OPEX

"Il faudra assurer le financement des opérations extérieures en trouvant des économies ailleurs", souligne tranquillement dans un interview accordée au Parisien le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin pour qui finalement le pacte de stabilité est donc plus important que le pacte de sécurité. Les militaires, qui jouent leur vie sur les théâtres d'opération, apprécieront. Dans le flou des propos du ministre des Comptes Publics, il est possible que le ministère des Armées doive payer le surcoût des opérations extérieures (OPEX), dont 450 millions sont seulement provisionnés en loi de finances initiale depuis cinq ans. Ces trois dernières années, le surcoût des OPEX a largement dépassé le milliard d'euros.

"Nous avons demandé au ministère de la Défense de tenir le budget qui a été voté en 2017 par le Parlement, ce qui entraîne une réduction des dépenses de 850 millions d'euros, a expliqué Gérald Darmanin dans une interview au Parisien. Le budget ne diminue pas, mais l'enveloppe votée devra être respectée. Il faudra assurer le financement des opérations extérieures en trouvant des économies ailleurs".

Comme d'habitude, le ministère de la Défense (ou des Armées) paie le plus lourd tribut au coup de rabot du gouvernement (850 millions sur un total de 4,5 milliards d'euros). Soit près de 20% du total de la somme économisée. Finalement rien ne change après une parenthèse de cinq ans, le ministère de la Défense reste bel et bien la variable d'ajustement préférée des responsables du gouvernement. Ils ont déjà oublié les morts et les blessés de la longue liste des attentats de ces dernières années et négligent de protéger les militaires sur les théâtres et les Français sur le sol national. Face au terrorisme et ses conséquences, que valent les critères de Maastricht ? La guerre a un prix, le sang n'en a pas...

Quelle crédibilité?

Comment croire désormais à une promesse d'un effort de défense à 2% du PIB en 2025 (50 milliards d'euros, hors pensions, surcoûts des OPEX et service national), deux ans après la fin du quinquennat. Comment croire à la crédibilité d'une trajectoire allant vers ses fameux 2%? D'autant que Gerald Darmanin promet déjà que le gouvernement va faire encore plus d'économies en 2018 et réfléchit dès maintenant aux réformes structurelles à mener pour y parvenir. Le gouvernement doit présenter ce mardi une "trajectoire" budgétaire pluriannuelle aux parlementaires pour assurer que le déficit ne dépassera pas 3% du PIB ni en 2017, ni en 2018, malgré des baisses d'impôt.

Pourtant, la ministre des Armées Florence Parly a été à la fois authentique et honnête lundi pour sa première conférence de presse. Elle a réaffirmé à cette occasion qu'elle ferait tout son possible pour obtenir "des moyens suffisants" pour la défense, tout en laissant planer un doute sur sa marge de manœuvre dans un contexte budgétaire contraint. "Je veux réaffirmer ma détermination complète à faire en sorte que ce ministère ait les moyens de notre politique, celle qui est définie par le chef de l'État", a-t-elle expliqué lors d'un point de presse au ministère à Balard.

"Ce que j'espère c'est que nous arriverons à dégager des moyens suffisants. Satisfaisants, c'est une question de qualificatif, mais suffisants, c'est l'objectif", a-t-elle précisé.

Parly a perdu une bataille

Florence Parly a rappelé l'objectif du président Emmanuel Macron de porter l'effort de défense à 2% du PIB d'ici à 2025, ce qui représentera un budget de 50 milliards d'euros à cet horizon contre 32,7 milliards en 2017. "La question c'est de savoir quels succès je remporterai. Il n'y a aucun doute sur ma volonté", a relevé la ministre, en soulignant que la situation budgétaire de la France n'était "pas forcément simple" mais celle de "nos unités non plus". La ministre des Armées a laissé entendre dès lundi que ces négociations étaient compliquées en raison de la situation budgétaire difficile de la France.

Elle vient de perdre sa première bataille budgétaire. Et ça fait mal visiblement. Elle a annulé mardi un déplacement sur la base aérienne de Mont-de-Marsan (Landes) pour poursuivre de délicates négociations budgétaires, a-t-on indiqué dans son entourage. Florence Parly doit notamment rencontrer le Premier ministre Edouard Philippe dans la matinée.

"En raison de négociations budgétaires en cours, elle reste à Paris pour préparer au mieux les prochaines échéances", a-t-on déclaré.

Des pistes de réduction des dépenses sont aussi à l'étude, avait elle déjà esquissé lundi. "Nous allons veiller à gérer le mieux possible le train de vie du ministère pour réduire intelligemment ce qui peut l'être", a-t-elle indiqué. Sauf que le ministère de la Défense se restructure depuis plus de 20 ans déjà contrairement à beaucoup d'autres ministères. Et dire que le ministère des Armées a encore 2,7 milliards de crédits gelés. Bercy est aussi gourmand que glouton surtout quand le feu est au vert.