Covid-19 : Safran annule le versement du dividende 2019 (1 milliard d'euros)

Par Michel Cabirol  |   |  722  mots
Safran dispose de liquidités suffisantes pour financer la poursuite de son activité. (Crédits : Regis Duvignau)
Face à la crise brutale et violente provoquée par le Covid-19, Safran renonce à ses objectifs 2020. L'équipementier aéronautique annule le versement du dividende 2019 pour un montant d’1 milliard d'euros. Enfin, il renforce son plan d’adaptation mis en place pour répondre à la crise du 737MAX.

Comme la plupart des groupes européens, Safran s'adapte pour faire face à la tempête provoquée par le Coronavirus. Le conseil d'administration de l'équipementier aéronautique et de défense a approuvé ce jeudi un plan d'action en réponse à l'impact de la pandémie du Covid-19. Il a notamment décidé de ne plus proposer lors de son Assemblée générale annuelle le paiement en 2020 du dividende au titre de l'exercice 2019, soit 2,38 euros par action. Le versement du dividende aurait représenté "un décaissement de l'ordre de 1 milliard d'euros en juin 2020",a précisé le groupe.

"Dans un souci de responsabilité vis-à-vis de l'ensemble des parties prenantes de Safran, cette décision préserve les ressources du groupe pour assurer la protection de ses collaborateurs, maintenir la continuité des opérations notamment pour ses fournisseurs, accompagner ses clients et assurer la liquidité dans un contexte incertain", a expliqué le Safran dans un communiqué publié jeudi soir.

En raison du caractère inédit de la situation et de l'impact à venir encore incertain pour ses clients des mesures mondiales adoptées pour endiguer la pandémie, Safran retire les objectifs pour 2020 qui avait été annoncés lors de la présentation de ses résultats. Le groupe tablait sur une hausse de 5% du résultat opérationnel courant, malgré un chiffre d'affaires qui pourrait soit stagner soit baisser de 5% maximum, portant la marge opérationnelle à 17%. "Quand les impacts sur l'activité et les mesures d'ajustement pourront être évalués avec suffisamment de précision, Safran les partagera avec la communauté financière", a précisé l'équipementier.

Pause dans les investissements

"Nous nous préparons à rétablir et à renforcer nos opérations pour être prêt dès que la situation sera restaurée", a assuré le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin. Le groupe peut déjà compter sur la reprise de ses usines chinoises, qui sont "totalement opérationnelles". Les sites européens redémarrent par ailleurs progressivement en mettant en place une organisation du travail adaptée afin de protéger les salariés. En dépit de ces informations satisfaisantes, les actions mises en place depuis décembre en réponse à la décision de Boeing d'arrêter la chaîne d'assemblage du Boeing 737MAX sont amplifiées. Safran utilisera également les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics notamment le recours à l'activité à temps partiel.

"D'importantes mesures sont actuellement mises en œuvre comme une pause dans les investissements, la définition de nouveaux objectifs pour la R&D et la baisse des coûts directs et indirects", a expliqué le groupe.

Préservation de la trésorerie

L'une de ses priorités de Philippe Petitcolin est de préserver "la trésorerie à très court terme". La trésorerie et les équivalents de trésorerie du groupe s'élèvent aujourd'hui à 3,1 milliards d'euros, dont 2,8 milliards (chiffres non audités) qui sont disponibles immédiatement ou à moins de 90 jours. "La gestion de la trésorerie et de la liquidité du groupe dont le faible endettement constitue un atout", a rappelé Safran. Pour renforcer sa trésorerie, il a pris la décision de mettre en place une nouvelle ligne de crédit de trois milliards d'euros d'une durée pouvant aller jusqu'à deux ans qui vient s'ajouter à sa ligne de crédit actuelle de 2,52 milliards d'euros non tirée à ce jour et arrivant à échéance en décembre 2022.

"Sur la base de ces éléments et en tenant compte de l'annulation du dividende 2019, le groupe dispose de liquidités suffisantes pour financer la poursuite de son activité. Au regard de l'évolution du cours de bourse actuel de Safran, le conseil d'administration de Safran se réserve la possibilité d'engager un nouveau programme de rachat d'actions quand les conditions le permettront", a expliqué le groupe.

Safran garde comme autres priorités de répondre aux demandes des clients notamment en termes de calendrier de livraisons et de s'assurer de la résilience et de la flexibilité de la chaîne d'approvisionnement. "Comme nous l'avons démontré dans les crises précédentes, notre agilité et notre résilience permettront à Safran de surmonter ces défis et de consolider sa position dans le futur, j'en suis convaincu", a assuré Philippe Petitcolin.