DCNS propose trois sous-marins Scorpène supplémentaires à l'Inde

Par Michel Cabirol  |   |  789  mots
Le ministre de la Défense indien Manohar Parrikkar a estimé que l'Inde devait revoir son plan d'acquisition de 24 sous-marins. New Delhi devrait en acheter plus.
Le partenaire indien de DCNS, Mazagon Docks Limited, a adressé une proposition non sollicitée à New Delhi portant sur la vente de trois sous-marins Scorpène supplémentaires.

Selon des sources concordantes, le partenaire indien du groupe naval DCNS, Mazagon Docks Limited (MDL), a adressé il y a trois semaines environ une proposition non sollicitée à New Delhi portant sur la vente de trois sous-marins Scorpène supplémentaires. A l'image des six premiers Scorpène, ces trois sous-marins seraient également fabriqués par le chantier public MDL sur le site de Mumbai. Du "Make in India" cher au Premier ministre indien, Narendra Modi.

Cette commande permettrait au chantier naval indien de maintenir le savoir-faire et les compétences qu'il a acquis à travers la fabrication des premiers Scorpène dans le cadre d'un transfert de technologie entre DCNS et MDL prévu par le contrat signé en 2005. DCNS a par exemple appris aux Indiens à fabriquer les coques des Scorpène en soudant de l'acier élastique de plusieurs centimètres d'épaisseur. A ce jour, les six coques ont été toutes fabriquées par MDL mais il reste encore des travaux d'intégration. D'où la relative urgence à relancer la production de nouvelles coques.

«DCNS n'a pas de responsabilité d'emploi puisqu'aucun marin français ne sera à bord mais elle garantit les performances des deux premiers Scorpène notamment la vitesse, la profondeur de plongée ou encore le niveau de bruit. La France garantit également que les sous-marins ont été construits en respectant le processus de production et les normes de sécurité de plongée», avait expliqué en septembre au Figaro le directeur général de DCNS India, Bernard Buisson.

Trois sous-marins identiques

MDL et DCNS proposent à l'Indian Navy, très en retard sur la marine chinoise dans ce domaine, trois sous-marins identiques aux six premiers dans le cadre d'un "repeat order", une clause équivalente à des options dans le cadre du programme P75. Le contrat d'achat de six Scorpène avait été signé en 2005 (3,5 milliards de dollars). Ces trois sous-marins supplémentaires seraient équipés d'un nouveau système de propulsion anaérobie (AIP) développé actuellement par l'Inde (DRDO).

La proposition française tombe au bon moment, la première campagne d'essais à la mer du premier sous-marin fabriqué, le Kalvari. Une première qui s'est bien passée et a laissé une très bonne impression aux sous-mariniers indiens, selon nos informations. Mais le Kalvari n'a pas encore effectué une plongée en eau profonde (celle du point P, la plongée maximale), une des étapes clés de la campagne d'essais. Le Kalvari, qui devait être livré fin 2016 à l'Indian Navy, ne le sera finalement qu'au début du deuxième trimestre, selon les dernières prévisions. Il devait être initialement livré en décembre 2012 lors de la signature du contrat. Par ailleurs, le deuxième sous-marin va être mis à l'eau fin 2016 et commencé dans la foulée sa campagne d'essais.

L'Inde rassurée sur l'affaire des fuites

Enfin, l'Inde, inquiète dans un premier temps de voir la furtivité de sa future flotte sous-marine remise en cause, s'est rassurée et a été rassurée par DCNS à la suite de l'affaire de la fausse fuite de données massives sur les sous-marins Scorpène. L'Inde et la France ont géré ce dossier "en partenariat", avait expliqué Hervé Guillou avant le salon Euronaval en octobre.

"Je suis allé voir les autorités indiennes pour les rassurer. Nous avons constitué un groupe de travail sur le sujet avec eux", avait-il souligné. Et de préciser que les fuites couvrent "essentiellement des informations commerciales, ou liées à la formation, les documents techniques ayant au maximum la classification 'diffusion restreinte'".

De son côté, l'Inde a mis en place un comité par le ministère de la Défense pour enquêter sur la fuite de documents.

L'Inde veut acheter plus de 24 sous-marins

Le ministre de la Défense Manohar Parrikkar a rappelé mardi lors d'un forum international que 24 sous-marins devaient être achetés par la marine indienne dans le cadre d'un plan de construction à 30 ans, dont six ont déjà été commandés à MDL et son partenaire DCNS. Toutefois, compte tenu des programmes de construction de sous-marins dans d'autres pays, le ministre a estimé que l'Inde devrait repenser son programme et renforcer sa flotte au-delà des 24 sous-marins prévus.

Il a rappelé l'appel d'offres (RFP) en cours dans le cadre du programme P75 (I) qui concerne l'acquisition de six nouveaux sous-marins. Ces bâtiments doivent être construits avec l'aide du secteur privé sous l'égide d'un partenariat stratégique. Manohar Parrikar a rapidement expliqué que ce partenariat stratégique est "en cours d'élaboration et sera prochainement finalisé". Après la validation du partenariat, le programme P75 (I) sera rapidement mis en œuvre après un retard dû à la finalisation de ce nouveau modèle d'acquisition.