En attendant le H160, l'armée va louer des Dauphin pour remplacer ses antiques Alouette

Par Michel Cabirol  |   |  549  mots
"Fantômas, sous les traits de Jean Marais, volait déjà en Alouette, un hélicoptère toujours en service dans la marine !" (chef d'état-major de la marine Christophe Prazuck) (Crédits : Ministère des Armées)
Alors qu'elles volaient déjà dans les années 1960, les Alouette III vont être prochainement retirées du service. En attendant les premières livraisons du H160 en 2028, les Alouette seront remplacées par des Dauphin loués à une compagnie privée.

C'était dans l'air, c'est acté. Les hélicoptères de liaisons Alouette III, les dernières au monde encore en service dans la marine sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, vont être retirés du service pour être remplacé par des Dauphins loués à une compagnie privée. D'autant que l'armée ne recevra ses premiers H160 dans le cadre du programme HIL (Hélicoptères interarmées légers) qu'en 2028. Pas sûr effectivement que l'Alouette III 316B, conçue et fabriquée par Sud-Aviation puis mise en service en 1962, sera encore en état de voler à cette date-là pour leur remplacement complet par le HIL, dont le programme doit être décalé... après avoir été avancé.

L'ancien ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait décidé que le premier HIL devait être livré en 2024 au lieu de 2028. "Il a été décidé d'accélérer la procédure avec une première livraison avancée de quatre ans minimum", avait annoncé en mars 2013 Jean-Yves Le Drian. La réalité a rattrapé les armées. La future Loi de programmation militaire (2019-2025) prévoit les premières livraisons du H160, censé remplacer plusieurs versions d'hélicoptères dans les trois armées (Panther, Dauphin, Fennec, Alouette III et Gazelle), en 2028. Une commande est programmée en 2022/2023. Développé par Airbus Helicopters, le H160 remplacera les Alouette III, Dauphin et Panther en service dans la marine.

Un coût de maintenance exponentiel

Pour les armées, notamment la Marine, le coût d'une heure de vol d'une Alouette III revenait de plus en plus cher avec les besoins accrus de MCO en raison de leur grand âge (18,54 millions en 2016 pour 20 appareils et pour un taux de disponibilité de 33,90%). "Le coût d'une heure de vol d'une Alouette III était d'environ 5.000 euros en 2010, contre bientôt près de 13.000 euros", avait précisé le chef d'état-major de la Marine (CEM), l'amiral Christophe Prazuck, à la commission de la défense de l'Assemblée en octobre dernier. Il faut dire que l'âge moyen de la flotte d'Alouette III s'élevait à 42,3 ans au 31 décembre 2016.

"Fantômas, sous les traits de Jean Marais, volait déjà en Alouette, un hélicoptère toujours en service dans la marine !", ironise souvent l'amiral Christophe Prazuck à propos des Alouette III, qui "tombent en poussière".

L'amiral Christophe Prazuck plaidait depuis quelques mois en faveur d'un retrait rapide des Alouette III et de leur remplacement temporaire par des hélicoptères de location. "Une telle manœuvre serait d'autant moins compliquée (et moins coûteuse) qu'actuellement, les sociétés du secteur pétrolier se défont de bon nombre d'appareils, nourrissant une offre relativement abondante d'hélicoptères d'occasion, avait expliqué le député LREM, Jean-Charles Larsonneur dans un rapport sur le projet de loi de finances pour 2018 publié en octobre dernier  En outre, ces hélicoptères ne sont pas exposés au feu : il s'agit de matériels standardisés, entretenus dans le secteur civil. Ce scénario permettrait de substantielles économies de MCO d'Alouette et éviterait une réduction temporaire de capacités majeure et soudaine". Au sein des armées, on confirme que ce scénario coûtera moins cher que l'entretien des vénérables Alouette III.