Pourquoi Airbus Helicopters retrouve enfin un peu d'air

Pour Airbus Helicopters, la roue est en train de tourner. Un optimisme puisé dans au moins dix raisons même si le marché international reste encore très maussade.
Michel Cabirol

Chez Airbus Helicopters, ça turbine toujours... en dépit d'un marché international encore très, très compliqué, notamment celui de l'offshore (oil & gaz), qui reste bien déprimé. La filiale hélicoptériste d'Airbus fait mieux que résister depuis le début de l'année. Bien sûr, la reprise du marché n'est pas attendue "avant un ou deux ans" comme l'a confirmé à La Tribune lors du salon du Bourget, le PDG de Safran Helicopter Engines Bruno Even. Mais le premier semestre 2017 d'Airbus Helicopters, qui a été plutôt satisfaisant sur le volet commercial, est porteur d'espoirs pour le constructeur de Marignane et la filière hélicoptériste française. D'autant que la nouvelle usine ultramoderne de Dugny (région parisienne) monte en cadence.

"Je ne vois pas de reprise en 2017, a expliqué Bruno Even en juin dernier. Nous sommes actuellement dans un bas de cycle et je ne vois pas le marché continuer à se dégrader. Toutefois, la reprise n'interviendra pas avant un ou deux ans. Nous avons des fondamentaux solides pour attendre la reprise".

Airbus Helicopters à la relance

Pourquoi un tel optimisme ? Airbus Helicopters baigne dans un climat beaucoup plus positif que lors des deux dernières années qui ont été décevantes. Plusieurs décisions ont enfin tourné en faveur du constructeur comme l'autorisation de la reprise des vols du H225 en Norvège et Grande-Bretagne (1). C'est également le cas de l'intention de Paris, annoncée en mars dernier, de commander au constructeur franco-allemand "de 160 à 190" H160 militarisés (2). Un appareil encore en développement, qui semble d'ores et déjà beaucoup séduire le marché, estime-t-on en interne (3). La mise en service du H160, un programme sur lequel compte beaucoup Airbus Helicopters pour se relancer, est attendue en 2019.

En outre, Bruxelles a donné en juin son autorisation pour le financement du X6, le futur hélicoptère lourd de nouvelle génération et successeur du Super Puma (4). Au salon du Bourget en juin dernier, le constructeur a dévoilé la conception d'un démonstrateur pour un hélicoptère "50% plus rapide qu'un hélicoptère conventionnel" appelé "Racer" (5). Mi-juillet, le Qatar a de son côté confirmé son souhait d'acheter le NH90, pourtant ensablé depuis plus de trois ans, selon nos informations (6). Enfin, la France et l'Allemagne ont convenu de coopérer sur le prochain standard du Tigre (7).

Du mieux sur le plan commercial

Ce n'est peut-être que conjoncturel mais c'est toujours bon à prendre. Dans un marché déprimé, le constructeur continue semble-t-il de gagner des parts de marché. Et le mix hélicoptères lourds et légers est très satisfaisant avec plus d'une quarantaine d'appareils vendus de la famille Super Puma lors du premiers semestre 2017 (8). L'hélicoptériste profite notamment de la mise en vigueur au deuxième trimestre d'un très gros contrat militaire au Koweït, qui a signé en août 2016 une commande de 30 appareils tactiques de type Caracal (H225M) pour 1,1 milliard d'euros. C'est également le cas de la Serbie, qui a commandé fin décembre neuf H145M et a mis en vigueur le contrat au premier trimestre.

En outre, Airbus Helicopters a obtenu au salon Heli-Expo à Dallas une soixantaine de commandes et d'intentions de commandes. A cette occasion, la société de leasing Milestone Aviation (groupe GE Capital Aviation Services) a annoncé une commande ferme de 200 millions d'euros portant sur une vingtaine d'appareils de la gamme (H135, H145 et H175). "Le salon HAI été moins morose que celui de 2016", a rappelé Bruno Even. Enfin, le constructeur a également reçu en juin une commande de trois H225 supplémentaires de la part du Japan Coast Guard (JCG). Au premier trimestre, Airbus Helicopters a enregistré 60 commandes en 2017, dont 10 exemplaires de la famille Super Puma et 14 H145.

Des commandes à concrétiser

En dehors de la commande française de H160 attendue à moyen terme, le constructeur pourrait engranger deux importants contrats dans les prochains mois. Le Qatar, dont le comité d'évaluation a confirmé la semaine du 10 juillet le projet d'achat de 22 NH90, pourrait accélérer ou pas la conclusion de cette commande sous l'impulsion du ministre de la Défense Khaled ben Mohamed al-Attiya. L'affaire est à suivre avec attention... d'autant que le Qatar a été mis au ban de six états de la région.

Enfin, Airbus Helicopters compte également sur une belle commande en Inde pour 2017 (avec un peu de chance), mais plus surement pour 2018 (9). En 2015, le constructeur avait été sélectionné pour entrer en négociations exclusives avec New Delhi dans le cadre d'un appel d'offres portant sur la fourniture de 14 appareils destinés aux gardes-côtes indiens. Soit un contrat estimé à plus de 400 millions d'euros. Il propose le Caracal (H225M).

Des nouveaux programmes qui avancent

Fin du développement du H160, développement du X6 et du démonstrateur Racer, modernisation du Tigre... Airbus Helicopters, qui ne manque pas de projets pour renouveler sa gamme, mise beaucoup sur l'innovation pour distancer la concurrence. C'est le cas du Racer, capable d'atteindre une vitesse de croisière de plus de 400 km/h. Le premier vol est prévu pour 2020. C'est également le cas du futur hélicoptère bimoteurs X6 qui devrait avoir un très long rayon d'action pour atteindre les plateformes pétrolières de plus en plus éloignées, conjugué à une consommation moindre de carburant, par rapport à la génération actuelle d'hélicoptères. Le but est de simplifier l'accès aux plateformes en haute mer et de faciliter également les opérations de recherche et de sauvetage, ainsi que les missions humanitaires.

Cela avait déjà été le cas avec le H160 avec sa cellule en composite. "Cet hélicoptère marque une véritable rupture technologique dans sa conception et ses systèmes, depuis le nez jusqu'au rotor arrière", avait expliqué le constructeur de Marignane lors de sa présentation. Ainsi, le H160 devrait être 50 % moins bruyant que les Dauphin actuels, grâce au design innovant des pales Blue Edge développées en coopération avec l'ONERA. Ces dernières permettent également au H160 d'emporter 100 kg de charge utile supplémentaire en comparaison des hélicoptères équipés de pales classiques, en fonction des conditions de vol.

Enfin, l'Allemagne, qui était jusqu'ici très hésitante, a enfin rejoint la France en vue de moderniser l'hélicoptère d'attaque Tigre, un programme européen (Allemagne, France et Espagne). La France et l'Allemagne ont convenu de mettre en place une coopération pour le prochain standard de l'hélicoptère Tigre, ainsi que pour son armement, un missile tactique air-sol, développé à partir de briques technologiques des missiles de MBDA MMP (français) et PARS 3 (allemand). Et si en plus Airbus Helicopters profite du climat positif entre la France et l'Allemagne (10), les turbulences ne seront bientôt plus qu'un lointain souvenir.

Michel Cabirol

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