En trois jours, la France frappe trois fois Daech en Syrie

Par Michel Cabirol  |   |  879  mots
En 48 heures, la France a procédé à trois raids aériens qui ont permis de détruire "six objectifs d'importance contrôlés par Daech", selon le ministère de la Défense
En 48 heures, la France a procédé à trois raids aériens qui ont permis de détruire "six objectifs d'importance contrôlés par Daech", selon le ministère de la Défense.

C'est la réaction de la France à la suite des attaques terroristes de vendredi à Paris. En 48 heures, la France a procédé à trois raids aériens qui ont permis de détruire "six objectifs d'importance contrôlés par Daech", selon un communiqué publié mardi soir par le ministère de la Défense. Ces raids interviennent alors que la France a prévenu ce weekend qu'elle serait "impitoyable" dans la "guerre" contre Daech, qui a revendiqué les attentats sanglants ayant frappé Paris vendredi.

"Nous allons mener le combat, il sera impitoyable", avait déclaré vendredi soir François Hollande près du Bataclan, la salle de concert où 89 personnes ont été tuées. "Parce que quand des terroristes sont capables de faire de telles atrocités, ils doivent être certains qu'il y aura en face d'eux une France déterminée, une France unie, une France rassemblée et une France qui ne se laissera pas impressionner même si aujourd'hui elle exprime une émotion infinie."

Troisième frappe en 48 heures

En début de soirée à partir de 19h30 (heure française), l'armée de l'air française a de nouveau frappé Daech à Raqqah, le fief de l'organisation terroriste en Syrie située dans le nord de la Syrie à moins de 400 km de Damas. La force Chammal a successivement bombardé deux centres de commandement de Daech. Le raid était constitué de 10 avions de chasse (Rafale et Mirage 2000), qui ont été engagés à partir des Emirats arabes unis et de la Jordanie.

S'exprimant mardi soir sur TF1, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a souligné que les secteurs de Raqqah mais aussi de Daïr az Zour, à 150 km au sud-est le long de l'Euphrate, constituaient les cibles principales de ces frappes. Il s'agit, a-t-il ajouté, des "sites principaux de la formation des combattants étrangers".

Des frappes aériennes avaient déjà touché Raqqah

Dimanche entre 19H50 et 20H25, la force Chammal avait déjà frappé des infrastructures opérationnelles tenues par Daech à Raqqah. Les deux objectifs visés par les frappes avaient été détruits. Le premier objectif détruit était utilisé par Daech comme poste de commandement, centre de recrutement djihadistes et dépôt d'armes et de munitions. Le deuxième objectif abritait un camp d'entraînement terroriste.

Ce premier raid était constitué de 12 aéronefs français, dont 10 avions de chasse, qui ont été engagés simultanément à partir des Emirats arabes unis et de la Jordanie. 20 bombes ont été délivrées. Il s'agissait d'un raid d'une ampleur sans précédent en raison du nombre d'appareils engagés, depuis le début des frappes françaises en Syrie fin septembre. Planifiée sur des sites préalablement identifiés lors des missions de reconnaissance réalisées par la France, cette opération a été conduite en coordination avec les forces américaines.

L'aviation française avait de nouveau bombardé Raqqah dans la nuit de lundi à mardi, détruisant un centre de commandement et un centre d'entraînement, selon le ministère français de la Défense. "L'armée française a conduit pour la seconde fois en l'espace de 24 heures un raid aérien contre Daech (acronyme de l'Etat Islamique en arabe) à Raqqah en Syrie", a indiqué le ministère dans un communiqué.

Les Russes ont bombardé Raqqah

Deux semaines après l'attentat contre un avion commercial qui a explosé au-dessus du Sinaï et qui a fait 224 morts, Moscou a procédé à d'intenses frappes contre Rakka. La Russie a lancé un "nombre significatif de frappes sur Raqqah", qui "pourraient" avoir impliqué des missiles tirés depuis des navires en mer et des bombardiers à long rayon d'action, a affirmé mardi un responsable américain sous couvert de l'anonymat. Les forces russes ont prévenu les États-Unis avant le lancement de ces frappes dans le cadre d'un accord pour assurer la sécurité des appareils des deux armées opérant au-dessus du territoire syrien.

De son côté, le commandement de l'armée américaine a annoncé de son côté que les avions de la coalition avaient aussi frappé la ville ces derniers jours. Pour organiser la riposte militaire, François Hollande rencontrera Barack Obama à Washington mardi prochain et Vladimir Poutine deux jours plus tard à Moscou, dans l'espoir d'une coalition unique visant à "détruire" l'Etat Iislamique (EI). Le président russe a ordonné à sa marine de "coopérer" avec la France.

33 morts parmi les djihadistes

Les frappes menées depuis trois jours par des chasseurs de l'armée française et d'autres nations ont fait au moins 33 morts dans les rangs de l'organisation Etat islamique (EI) à Raqqah, rapporte mercredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'Observatoire, qui s'appuie sur un réseau de sources en Syrie, fait également mention du départ de djihadistes et de dizaines de membres des familles des cadres du mouvement vers Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak que contrôle l'EI depuis juin 2014.

A l'instar de Mossoul pour l'Irak, la ville de Raqqah est devenue le quartier-général et le centre politique des opérations du groupe djihadiste en Syrie. Les combattants de l'EI et leurs familles représentent désormais une partie importante de la population.