Eurodrone : "la souveraineté a un coût, mais pas n'importe lequel" (Florence Parly)

Par Michel Cabirol  |   |  391  mots
L'Europe prête à commander 63 Eurodrone, le futur drone MALE européen (Crédits : Dassault Aviation)
La ministre des Armées a demandé aux industriels de respecter l'enveloppe budgétaire. "Nous ne transigerons pas", a-t-elle martelé.

la ministre des Armées Florence Parly a été claire et nette. Pour l'Eurodrone, le drone de moyenne altitude-longue endurance (MALE) européen, "il revient aux industriels de faire une offre respectant l'enveloppe budgétaire", a-t-elle estimé lundi au Sénat. Soit un peu plus de 7 milliards d'euros selon nos informations. "Nous ne transigerons pas. La souveraineté a un coût, mais pas n'importe lequel", a asséné la ministre des Armées. A Airbus, qui est le leader du projet pour environ 50 % (Dassault Aviation environ 35 % et l'italien Leonardo les 15 % restants), de trouver des solutions pour ce programme emblématique de la coopération européenne. Airbus Defence and Space.

Une facture à plus de 7 milliards

La France, via la DGA, est "en désaccord sur les prix proposés" par les industriels, comme l'avait souligné fin septembre Joël Barre, lors de son audition au Sénat. Le litige repose sur les écarts en matière de coût de développement. Résultat, selon le sénateur Cédric Perrin, rapporteur pour avis du programme 146 (Équipement des forces), l'Eurodrone devrait coûter à l'unité environ 200 millions d'euros. Soit le double d'un Reaper actuel. "Je suis inquiet", a d'ailleurs reconnu à la mi-octobre devant les sénateurs le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre. Depuis ce constat, les négociations sont dures et le chemin pour converger est encore long.

"Il semble en particulier qu'il y ait une difficulté majeure sur le prix. Il semble qu'il existe un écart de près de 30 % entre le prix attendu par les Etats clients, au vu des spécifications définies en 2017, et le prix proposé par les industriels", ont affirmé dans un rapport pour avis Cédric Perrin et Hélène Conway-Mouret, au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

Pour 21 systèmes et 63 drones, la France a fait ses calculs : la facture ne doit pas dépasser 7,1 milliards d'euros, développement compris, selon des sources concordantes. La France a prévu de commander en 2020 quatre systèmes de drones MALE, sous réserve que la négociation avec l'industrie soit bouclée d'ici la fin de l'année 2019. Or, les industriels n'y sont pas encore après avoir quand même frôlé les 10 milliards d'euros.