Galileo : OHB va-t-il rempiler ?

Par Michel Cabirol  |   |  723  mots
Trois constructeurs sont en compétition pour remporter un appel d'offres lancé au printemps par la Commission pour la construction de huit nouveaux satellites.
Quel industriel va être choisi par Bruxelles pour compléter la constellation européenne Galileo? Trois constructeurs sont en compétition : OHB-System, Airbus Space Systems et Thales Alenia Space (TAS) Italie.

La Commission européenne reste pour le moment très indécise... Quel industriel va-t-elle choisir pour compléter la constellation européenne Galileo, le rival du GPS américain? Trois constructeurs sont en compétition pour remporter un appel d'offres lancé au printemps par la Commission pour la construction de huit nouveaux satellites. Il s'agit de la société allemande OHB-System, qui a déjà fourni les 22 premiers satellites en configuration opérationnelle (FOC, Full operational capability), d'Airbus Space Systems, qui a fabriqué les quatre premiers satellites expérimentaux (IOV, in-orbit validation) et, enfin, de Thales Alenia Space (TAS) Italie.

Les trois groupes ont déposé en juillet une offre engageante. La Commission pourrait annoncer son choix après le lancement des quatre nouveaux satellites Galileo par Ariane 5 ES ce jeudi à Kourou. Elle pourrait également lever une autre incertitude portant sur le nombre de satellites en option, qui pourraient figurer dans le contrat : quatre, huit, voire douze selon les différentes sources interrogées par La Tribune. "Toutes les options sont ouvertes, y compris attendre pour développer et lancer la deuxième génération de satellites Galileo", explique-t-on à La Tribune.

Un ou deux fournisseurs?

Pour l'heure, la Commission étudie deux options. La première consisterait à confier à nouveau à OHB, la fabrication des huit nouveaux satellites, la seconde à partager le contrat en deux pour le donner à deux constructeurs, dont OHB. Concrètement, elle doit décider si elle poursuit à se fournir en mono-source avec le groupe installé à Brême ou si pour limiter les risques d'approvisionnement, elle fait appel à un deuxième fournisseur.

En revanche, ce dernier devra développer un type de satellites qu'il ne maîtrise pas encore à l'inverse de l'entreprise allemande, qui, elle, doit gérer les obsolescences du programme. OHB, qui a remporté en 2010 puis en 2012 les deux premiers appels d'offres des satellites FOC (14 et 8), avait été choisi par deux fois à la surprise générale face à Airbus. La question de la double source s'était déjà posée en 2012.

L'ESA en faveur d'OHB

Pour des raisons de coût principalement, l'Agence spatiale européenne (ESA), qui gère le programme spatial pour le compte de Bruxelles, a recommandé en septembre à la Commission de choisir à nouveau OHB, selon nos informations. Au sein de l'ESA, bien noyautée par Berlin, le lobbying allemand reste également très puissant. Pour autant, l'Agence spatiale européenne n'a pas voulu fermer l'option de la double source pour des raisons de fiabilité et de compétition, deux notions chères à la Commission, qui n'est pas tenue de suivre la recommandation de l'ESA.

Pour certains acteurs de la filière spatiale, une seconde source aurait été justifiée au moment du deuxième appel d'offres en 2012 pour limiter les risques. En revanche, ils estiment qu'en fin de programme, cela en rajoute. Pour d'autres, si Bruxelles choisit à nouveau OHB, cela exclut définitivement une deuxième source d'approvisionnement. "Les discussions tournent autour cette problématique", confirme-t-on.

Un programme à plus de 10 milliards d'euros

Sur les quatorze satellites Galileo, huit seulement seraient actuellement opérationnels. Les quatre premiers (IOV) ne le seraient plus tandis que deux autres ont été lancés sur une mauvaise orbite. Heureusement, 2015 aura été pour le programme, qui a connu beaucoup de vicissitudes depuis son lancement en 2003, l'année de son véritable envol : trois tirs de Soyuz réussis, six satellites mis sur la bonne orbite. Ce jeudi, Ariane 5 (dans une configuration ES) devrait mettre en orbite quatre satellites supplémentaires. Ce qui permettra de mettre - enfin - le système Galileo partiellement en service. Enfin, huit autres satellites de la constellation devraient être lancés par deux Ariane 5 ES en 2017 et début 2018.

Le programme Galileo devrait coûter au total 10,2 milliards d'euros, dont la moitié a déjà été dépensée à fin 2013, selon une évaluation rendue publique en janvier par la Cour des comptes. Soit "trois fois le coût initialement prévu", selon les sages de la rue Cambon, en raison "d'une combinaison de déboires techniques, mais aussi d'une conduite de projet peu performante". Lorsque le programme a été approuvé par le Conseil en 1999, Galileo devait être mis en service en 2008. Finalement, seize ans après son lancement, l'exploitation de Galileo avec une constellation complète est repoussée à 2021. Soit avec un retard de 13 ans.