Le groupe naval allemand TKMS gagne la bataille navale du Brésil

Par Michel Cabirol  |   |  495  mots
La livraison des corvettes brésiliennes par ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) est prévue entre 2024 et 2028. (Crédits : TKMS)
ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), associé à Embraer, a remporté l'appel d'offres de la marine brésilienne portant sur l'achat de quatre corvettes d'escorte. Un programme estimé à 1,6 milliard de dollars environ.

Le groupe naval allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), associé à Embraer au sein du consortium Águas Azuis, a remporté l'appel d'offres de la marine brésilienne portant sur l'achat de quatre corvettes d'escorte dans le cadre du programme Tamandaré (CCT). Estimé à 1,6 milliard de dollars environ, ce programme prévoit la construction d'un premier lot de quatre corvettes afin de remplacer les frégates vieillissantes des classes Niteroi et Broadsword. La marine brésilienne a choisi les navires les plus lourds (3.455 tonnes) et l'un des modèles les plus chers sinon le plus cher. La livraison des corvettes est prévue entre 2024 et 2028.

Le contrat et les avenants (transfert de technologie, soutien...) devra été signé "d'ici à la fin de cette année", a averti la marine brésilienne, qui a choisi le plus gros navire et l'un des plus chers. Ce programme, dont 40% seront fabriqués au niveau local, devrait générer environ 2.000 emplois directs et 6.000 emplois indirects, a-t-elle par ailleurs précisé. En revanche, le consortium Águas Azuis prévoit quant à lui la création de plus de 1.000 emplois directs et environ 4.000 emplois indirects tout au long du programme.  Quant aux industriels français, ils auront une part très modeste dans le programme. Les corvettes Tamandaré seront notamment armées par des missiles de MBDA (Exocet MM40 B1/B3 et Sea Ceptor). En tant qu'équipementiers, Safran (optronique Paseo XLR) et Thales (systèmes de conduite de tir Stir) obtiennent en outre quelques miettes.

Premier échec de Naval Group en 2019

Le consortium Águas Azuis a gagné la compétition face à trois autres consortiums : Damen et Saab Tamandaré, FLV (Fincantieri et Vard), et, enfin, Villegagnon (Naval Group et Enseada). C'est une claque pour le néerlandais Damen, qui était considéré comme le favori. Tout comme le partenaire italien de Naval Group, Fincantieri, qui échoue une nouvelle fois dans un appel d'offres international. Naval Group, qui avait été repêché in extremis au deuxième tour, est quant à lui parti certainement trop tardivement dans cette compétition. Après un début d'année tonitruant sur le plan commercial, Naval Group perd sa première compétition.

Il est vrai que le groupe naval tricolore ne croyait pas vraiment en ses chances au Brésil, ignoré par ailleurs par le pouvoir politique français depuis l'élection de Jair Bolsonaro. En dépit d'un très gros effort dans la dernière ligne droite de son PDG, Hervé Guillou, et d'un soutien tout aussi tardif de la France (lettre de soutien de Florence Parly), Naval Group a finalement logiquement échoué. Mais le Brésil joue également avec le feu avec son nouveau chantier naval ultra moderne d'Itaguai, appartenant aux chantier naval brésilien Itaguaí Construções Navais (ICN), où sont construits les sous-marins brésiliens gagnés par Naval Group. Si le groupe français avait gagné, les corvettes auraient été logiquement fabriquées à Itaguai. Mais la marine brésilienne en a décidé autrement...