Mis en cause dans une affaire de pots-de-vin en Chine, Safran va payer 17,2 millions de dollars aux Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  654  mots
Safran vient d'éviter un procès avec la justice américaine en déboursant 17,2 millions de dollars (Crédits : GONZALO FUENTES)
D’après une lettre du ministère de la Justice américain, le géant industriel français spécialisé dans l'aéronautique, le spatial et la défense vient de débourser 17,2 millions de dollars pour mettre fin à une enquête judiciaire. Deux filiales de Safran sont accusées d’avoir versé des pots-de-vin au gouvernement chinois pour remporter un contrat dans l’équipement de trains chinois.

Safran n'ira pas sur le banc des accusés. Le groupe français de moteurs d'avions et d'équipements spatiaux et de défense a mis fin à une enquête de la justice américaine en acceptant de lui verser 17,2 millions de dollars, d'après un article du Wall Street Journal qui a consulté une lettre du ministère de la Justice américain.

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Des procureurs d'outre-Atlantique ont enquêté sur une affaire de corruption entre l'entreprise française et le gouvernement chinois. En 1999 et 2015, deux filiales de Safran, Monogram Systems, et son unité allemande, Evac GmbH auraient versé des pots-de-vin à la Chine avec la complicité d'un consultant basé dans le pays et étroitement lié à un haut responsable du gouvernement de l'époque. Des dessous-de-table qui auraient permis à ces deux entreprises de remporter un contrat de toilettes de train, et ce, avant qu'elles ne soient rachetées par Safran. Depuis, Evac a été revendue, en juin 2021, à Knorr-Bremse, un fabricant allemand de freins et autres pièces ferroviaires.

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Finalement, le groupe français ne sera pas poursuivi pour les agissements de ces deux filiales, mais devra payer 17,2 millions de dollars d'après le ministère américain, soit l'équivalent des bénéfices des contrats « obtenus par corruption ». Interrogé par l'AFP, Safran n'a pas encore répondu.

Une nouvelle usine en Belgique

Safran n'en reste pas moins en très grande forme en 2022. Au troisième trimestre, le groupe a affiché un chiffre d'affaires en progression de 29,9 % par rapport à la même période de 2021, pour s'établir à 4.849 millions d'euros, bénéficiant de la reprise du trafic aérien et de la baisse de l'euro face au dollar ce qui a favorisé les exportations du groupe. Le groupe indique dans un communiqué que « l'effet de change s'élève à 442 millions d'euros, reflétant un effet de conversion positif du chiffre d'affaires en USD ». Rien que sur les huit premiers mois de l'année, Safran avait engrangé 8,56 milliards d'euros de commandes au premier semestre, soit un bond de 24,5%. Mieux, le groupe d'aéronautique et de défense a enregistré un bénéfice net à 536 millions d'euros pendant le semestre, soit le double de l'an dernier sur la même période. Safran a fait état d'un résultat opérationnel courant de 1,05 milliard d'euros, en hausse de 59%. Pour le directeur général Olivier Andriès, il s'agit de « solides résultats ». Le groupe prévoit même un chiffre d'affaires autour de 19 milliards d'euros en 2023 et un cash-flow libre (trésorerie) supérieur à 2,4 milliards d'euros.

De bons résultats qui poussent le motoriste à investir. Le 21 décembre, Safran a annoncé la construction d'une nouvelle usine qui devrait voir le jour en territoire belge, à Marchin, près de Liège. Cette nouvelle entité, baptisée Safran Blades, sera bâtie sur l'emplacement d'un ancien site d'ArcelorMittal réhabilité et respectera les meilleures normes en termes de développement durable (consommation d'eau, énergie...). Il coûtera 50 millions d'euros et emploiera une centaine de personnes. Détenue en partenariat avec les pouvoirs publics belges et wallons (à 44%) et par Safran (à 56%), cette usine fabriquera chaque jour plus de 2.000 aubes de compresseur en titane, entre autres pour des moteurs aéronautiques dernier cri comme le Leap qui équipe déjà la totalité des Boeing 737 MAX et plus de la moitié des Airbus A320.

« Les aubes sont les ailettes présentes par centaines dans le compresseur (...) C'est un composant clé dans notre chaîne d'approvisionnement. Maîtriser leur production aussi bien en termes techniques que logistiques permettra de garantir notre performance », explique François Lepot, directeur général de Safran Aero Boosters, dans un communiqué.

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 (Avec AFP)