Sintermat accueille Safran à son capital pour accélérer dans la métallurgie de pointe

Installée à Montbard, au cœur de la Métal’Valley en Bourgogne, Sintermat a obtenu 6 millions d’euros pour accélérer son industrialisation. Avec son procédé technologique de frittage, la startup apporte une solution à la hausse du prix des matières premières et aux difficultés d’approvisionnement des terres rares.
Cette machine de frittage rapide - Spark plasma sintering (SPS) - peut produire des pièces denses en partant de poudres de différentes natures (métalliques, céramiques, composites, carbures, biosourcées...).
Cette machine de frittage rapide - Spark plasma sintering (SPS) - peut produire des pièces denses en partant de poudres de différentes natures (métalliques, céramiques, composites, carbures, biosourcées...). (Crédits : Sintermat)

Un matériau plus résistant que le saphir ? C'est ce que Sintermat a proposé à un de ses clients dans l'horlogerie. La startup devenue scale-up se développe sur une technologie innovante et peu répandue en Europe : la métallurgie des poudres. Grâce à une machine de frittage rapide "Spark plasma sintering (SPS)" - un procédé qui se veut plus économe en énergie tout en produisant plus rapidement - elle peut produire des pièces denses en partant de poudres de différentes natures (métalliques, céramiques, composites, carbures, biosourcées...).

Safran est entré au capital de Sintermat

Parmi ses clients de la première heure, Sintermat compte notamment Safran. Ce dernier lui a commandé des pièces pour ses turbines à eau. La startup lui confectionne des produits sur-mesure en matériaux à performances augmentées lui permettant par exemple, d'allonger leur durée de vie et d'obtenir une meilleure résistance aux variations de températures. Convaincu par cette innovation, le géant de l'aéronautique est entré au capital il y a un mois lors de la deuxième levée de fonds.

« Il s'agit d'une technologie de compaction à chaud. Nous mettons la poudre dans un moule à la forme souhaitée puis nous la montons à la température de frittage du matériau qui peut atteindre 2.400 degrés et lui imposons des contraintes pouvant atteindre 320 tonnes », résume Foad Naimi, fondateur de la startup.

A l'issue de ce processus, la poudre devient une pièce dense avec des propriétés accrues : haute résistance, haute densité, allègement, dureté, ténacité ou encore durée de vie allongée. « C'est une technologie de rupture, qui permet de chauffer uniquement l'outillage en contact avec la pièce en faisant passer un courant électrique. Ce dernier va générer une chauffe et si la poudre est conductrice, elle va se chauffer par son propre effet joule. » Cette technologie de pointe peut atteindre 1.000 degrés en une minute quand d'autres, plus traditionnelles, ont des cycles de plusieurs heures.

Sintermat s'adresse aux acteurs du luxe (horlogerie, joaillerie, cosmétique), aux industriels de l'outillage, aux secteurs de l'aéronautique et de la défense. Son innovation est issue de 25 ans de recherche à l'université de Bourgogne et est également accompagnée par Sayens, la Satt qui rassemble plusieurs universités de tout le grand est.

Accélérer l'industrialisation

L'entreprise est capable de produire à l'échelle industrielle, à la fois de nouveaux matériaux innovants aux propriétés augmentées et de nouveaux procédés maitrisés pour les dupliquer sur tous types de matériaux.

Cette levée de fonds de 6 millions d'euros auprès notamment de UI Investissement, de Safran Corporate Ventures, de DEF'INVEST (fond du ministère des armées géré par BPI) et du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne marque un tournant dans le développement de Sintermat. L'enveloppe permettra à la jeune entreprise, fondée en 2016, de déménager de Montbard à Venarey-les-Laumes (Côte-d'Or) au cours de l'été, dans une halle industrielle de 3.500 mètres carrés délaissée par Vallourec Umbilicals.

« Nous allons également acheter une nouvelle machine complémentaire de frittage SPS pour faire de la série pour les fabrications de petite dimension et de la R&D », explique Foad Naimi, co-fondateur de Sintermat, qui attend l'équipement en début d'année 2023. La startup va également installer 1.000 mètres carrés de bureaux pour accueillir une équipe commerciale étoffée et créer un laboratoire de contrôle qualité renforcé d'ici à l'automne.

Valoriser les matériaux

La deeptech est capable de valoriser à la fois des déchets en fonction des demandes des clients - et lorsque cela est possible - mais également de concevoir de nouveaux matériaux à partir de poudres industrielles selon les applications. « Le point de départ est la source d'approvisionnement, ensuite nous reconsolidons par frittage », précise Foad Naimi.

Dès lors, tout le potentiel de cette innovation, couplé à sa capacité de produire en grande série, se révèle aux industriels dans cette période de crise des matières premières et d'approvisionnement en terres rares. « Notre objectif est d'aller chercher des matériaux pour lesquels il y a des difficultés d'approvisionnement ou des coûts trop élevés afin de les valoriser, en les broyant puis en les recyclant, pour les remettre dans le circuit et qu'ils puissent effectuer une deuxième boucle, voire une troisième », explique le co-fondateur. De quoi alimenter l'économie circulaire.

L'équipe compte actuellement une vingtaine de personnes. D'ici à trois ans, son co-fondateur souhaite doubler ses effectifs : « pour faire de Sintermat un acteur incontournable des matériaux augmentés en France et en Europe. »

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