Pendant que Boeing coule, Airbus vole très haut : plus de 1000 commandes en 2019

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  747  mots
"Nous venons de dépasser la barre symbolique des 20.000 avions vendus depuis la création d'Airbus", s'est félicité Christian Scherer, le directeur commercial d'Airbus. (Crédits : Reuters)
Pendant que Boeing est englué dans la crise du 737 MAX, Airbus va dépasser en 2019 la barre des 1.000 prises de commandes d'avions.

Pendant que Boeing continue sa descente aux enfers avec l'annonce, lundi, de la suspension de la production du 737 MAX, Airbus engrange les commandes. Si l'année 2019 a été marquée par l'annonce de l'arrêt de la production de l'A380, elle restera également pour Airbus celle d'un très grand millésime sur le plan commercial. L'avionneur européen entend en effet dépasser cette année la barre des 1.000 prises de commandes d'avions civils (hors annulations). Une performance qu'Airbus n'a réalisée que cinq fois dans son histoire, en 2011, 2013, 2014, 2015, et 2017, et qui lui permettra d'être sans surprise le numéro un mondial du secteur, tant en livraisons d'avions qu'en prises de commandes.

"Nous venons de dépasser la barre symbolique des 20.000 avions vendus depuis la création d'Airbus. Pour l'année 2019, nous sommes à 940 commandes à fin novembre. Il n'est donc pas interdit d'imaginer que nous puissions franchir une autre barre symbolique cette année", a déclaré ce matin, Christian Scherer, le directeur commercial d'Airbus en poste depuis plus d'un an seulement, lors d'une conférence de presse téléphonique avec les membres de l'Association des journalistes de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE).

Quatre heures plus tard, les 1.000 avions étaient atteints avec la confirmation par Air France de l'intention de commande portant sur 60 A220 signée en juillet dernier.

 Book-to-bill supérieur à 1 sur tous les programmes

"Sur chacun de nos programmes, le book-to-bill (ratio entre les commandes et les livraisons) est supérieur à 1", a-t-il ajouté, en rappelant que l'année avait été "mouvementée" par plusieurs éléments "exceptionnels" comme, bien entendu, les problèmes rencontrés par son concurrent Boeing, ou encore la taxe de 10% à l'importation sur les avions européens imposée par les États-Unis, dont Christian Scherer estime qu'elle est "directement corrélée" aux problèmes de Boeing.

 "Nous voyons les empreintes digitales de notre concurrent sur cette taxe", a-t-il déclaré.

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"Que Boeing prenne ses responsabilités"

En revanche, Christian Scherer l'assure : Airbus ne profite pas de la crise du B737 MAX.

"Nous sommes dans une industrie de croissance, largement duopolistique. Par conséquent, lorsque l'un des deux acteurs ne joue pas son rôle, c'est extrêmement disruptif pour l'ensemble de l'industrie, en particulier pour les clients de Boeing. Le carnet de commandes de la famille A320 est très fourni. Si des clients du 737 MAX nous appellent, nous ne pourrons malheureusement pas faire grand chose pour eux à court terme. Sur le plan commercial, Airbus ne profite donc pas de manière opportuniste des problèmes rencontrés par notre concurrent. Et la perception négative du public à l'égard du 737 n'est pas bonne pour l'ensemble de l'industrie, ni pour les clients, ni pour l'ensemble de l'écosystème de l'aviation commerciale", a-t-il expliqué, en espérant que "Boeing prenne ses responsabilités".

"Cet avion est au sol depuis un an [plus de 9 mois, Ndlr]. Un an, ce n'est pas rien, ce n'est pas un bidouillage de softwares. Il y a des responsabilités à prendre et il faut avancer", a-t-il ajouté.

Prié de préciser sa pensée, Christian Scherer a seulement ajouté :

"Je les encourage à faire ce qu'ils ont à faire et le plus rapidement possible."

Les problèmes de production de l'A321 résolus d'ici à 2021

Avec plus de 6.000 appareils, le carnet de commandes de la famille A320 est effectivement bien rempli. Il ne reste plus beaucoup de créneaux de livraisons disponibles jusqu'en 2024. Par ailleurs, Airbus peine à augmenter les cadences de production. L'avionneur est en effet confronté, lui aussi, à des soucis sur l'A321 ACF (du nom de la cabine plus large, et plus flexible), qui entraînent des retards de livraisons.

"Nous avons un léger dérapage des dates de livraisons. Nous avons eu un tel succès sur cet avion que nous avons trébuché dans l'industrialisation de la montée en cadence. Nous travaillons pour résorber ces retards pour mettre cela derrière nous dans les deux ans", a expliqué Christian Scherer.

"Nous stabilisons notre retard en dépit de la montée en cadence et d'ici à 2021 nous serons on track", avait en effet déclaré en novembre Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus, au salon aéronautique de Dubaï.

Interrogé sur le projet de nouvelle chaîne d'assemblage de la famille A320, Christian Scherer a expliqué "que la décision n'était pas prise".