Pourquoi Naval Group passe son tour en Colombie

Le groupe naval tricolore semble avoir perdu la compétition PES, des frégates légères. Naval Group n'a pas voulu présenter une offre en dollars.
Michel Cabirol
La corvette Gowind n'accostera pas en Colombie
La corvette Gowind n'accostera pas en Colombie (Crédits : Naval Group)

Contre toute attente, Naval Group ne serait plus en course en Colombie sur le projet PES (Plataforma Estratégica de Superficie ou Strategic Surface Platform), un programme de frégates légères (2500/3000 tonnes). C'est pourtant l'un des projets d'armement les plus importants de la Colombie par son impact en termes économiques et technologiques. C'est également l'un des prospects qui intéressait depuis très longtemps le groupe naval français qui le suit depuis 2015. Il avait même ouvert un bureau de représentation à Bogotá en mars 2017. A l'époque, Naval Group souhaitait s'inscrire dans un partenariat stratégique avec la Colombie et son industrie locale. Il laisse donc la voie libre à la concurrence.

Naval Group, qui faisait jusqu'ici la promotion des corvettes Gowind, qu'il a déjà vendu à l'exportation en Argentine, en Malaisie, aux Émirats Arabes Unis et à l'Égypte, aurait refusé il y a un mois environ de présenter une offre en dollars, selon des sources concordantes. Pourquoi ? Pour des risques liés aux couvertures de changes et à la problématique d'extraterritorialité, explique-t-on à La Tribune. Contacté par La Tribune, Naval Group n'a pas souhaité faire de commentaire. Les Colombiens semblaient pourtant très intéressés par le transfert de technologies que Naval Group leur promettait avec la fabrication des corvettes lance-missiles Gowind 2500 dans le chantier local, Cotecmar.

Modernisation des frégates Padilla

L'acquisition des frégates légères polyvalentes avec des capacités de lutte anti-sous-marine s'inscrit dans le cadre du plan "Force Planning 2030" de la Marine colombienne. Ce programme vise à renforcer la surveillance des côtes colombiennes. Les nouvelles frégates (jusqu'à huit au total mais quatre dans un premier temps pour des raisons budgétaires) vont remplacer les FS 1500 Almirante de la classe Padilla, dont le retrait est prévu en 2024/2025.

Entre 2009 et 2014, Naval Group et Thales avaient réalisé dans le chantier naval Cotecmar la maintenance et la modernisation de quatre frégates Almirante. Mais d'une manière générale, les relations commerciales entre Paris et Bogotá sont à peu près nulle dans le domaine de l'armement. La Colombie, qui s'intéresse au Rafale, n'a acheté à la France, pourtant dans le top cinq des pays exportateurs d'armement mondiaux, que pour 19,4 millions d'euros d'armes entre 2011 et 2020 (1,9 million par an en moyenne). Bref que des miettes... En outre, tous les projets (satellite espion, Caesar, et maintenant les frégates) sont tombés à l'eau. En tout, Paris a accepté 117 licences d'exportation entre 2015 et 2020 vers la Colombie. Sous influence de Washington, Bogotá achète en revanche à tour de bras des équipements américains, notamment dans le secteur aéronautique (ravitailleur B767, avion de transport Cessna 208 Caravan, avion d'entraînement Cessna T-37B, drones ScanEagle et RQ-11B Raven, hélicoptères Bell 205 et UH-60A ainsi que radar AN/TPS-784).

Michel Cabirol

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