Rafale à l'export : le pari gagné de Jean-Yves Le Drian

Par Michel Cabirol  |   |  622  mots
La vente du Rafale à l'export était surtout le pari fou de Jean-Yves Le Drian dans la construction de la loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM)
Entre 2014 et 2019, Jean-Yves Le Drian prévoyait de ne livrer que 26 Rafale à l'armée de l'air française pour dégager des marges de manœuvre budgétaire pour financer d'autres programmes prioritaires. Avec le contrat signé vendredi en Inde, le pari du ministre est aujourd'hui définitivement gagné.

L'Égypte, le Qatar et maintenant l'Inde. En moins de cinq ans, François Hollande et son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont réussi là où jusqu'ici tous les présidents et gouvernements précédents ont échoué plus ou moins piteusement : vendre le Rafale à l'export. Soit à ce jour 84 avions de combat tricolores (24 pour Le Caire, 24 pour Doha et 36 pour New Delhi).

La vente du Rafale à l'export était surtout le pari fou de Jean-Yves Le Drian dans la construction de la loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM). Il était très clairement indiqué que l'exportation de l'avion de combat français devait prendre le relais de la commande française. Un pari pas aussi insensé que cela car un contrat n'était pas inaccessible, contrairement à ce que pensaient certains observateurs. Mais la question était de savoir quand le ou les contrat(s) serai(en)t signé(s) pour libérer des marges de manœuvre pour le budget de la défense.

"La LPM repose sur certains paris. Ce qui veut dire que nous allons être extrêmement vigilants. Cette LPM est exigeante mais équilibrée à condition que tous les crédits affectés à cette programmation soient exécutés. Si une brique est absente, à ce moment-là, c'est l'ensemble de l'édifice qui tombe", avait expliqué en novembre 2013 Jean-Yves Le Drian à La Tribune.

Le pari fou de la LPM : 26 Rafale France livrés entre 2014 et 2019

Avec le contrat signé vendredi en Inde, le pari du ministre est aujourd'hui définitivement gagné. Les succès du Rafale à l'export ont permis "de lever l'hypothèque principale qui pesait sur la LPM - nous devions prendre 26 Rafale dans le cadre de cette loi et en exporter au moins 40. Cet objectif est pratiquement atteint et le sera à coup sûr si nous formalisons le contrat indien dans des délais raisonnables", avait estimé en octobre 2015 le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon.

Entre 2014 et 2019, le ministre prévoyait de ne livrer que 26 Rafale à l'armée de l'air française pour dégager des marges de manœuvre budgétaire pour financer d'autres programmes prioritaires. Sachant que la chaîne Rafale doit livrer un minimum 11 appareils par an pour tenir la route.

"Le contrat stipule la livraison annuelle de onze Rafale, avait expliqué en 2012 Laurent Collet-Billon. C'est la cadence minimale fixée au regard de la continuité industrielle et de la capacité des fournisseurs de Dassault à produire les équipements nécessaires".

Six Rafale France encore à livrer

Depuis 2014, Dassault Aviation a livré à fin juin 2016 à l'armée de l'air française 20 Rafale (onze en 2014, cinq en 2015 et quatre en 2016), compte tenu du prélèvement sur la chaîne de production de six avions biplaces initialement promis à l'armée de l'air française au profit de l'Égypte. L'une des exigences du Caire était de disposer très rapidement du Rafale, et ce dès 2015 (trois avions livrés en 2015 et trois autres en 2016). Ainsi, les six derniers Rafale seront livrés à l'armée de l'air française en 2016 (2 appareils), en 2017 (un) et en 2018 (trois). Ce qui lui permettra de constituer le deuxième escadron nucléaire de Rafale biplace à l'été 2018, conformément à la programmation de l'état-major des armées.

Bref, le projet de la LPM faisait un sacré pari en inscrivant la livraison de seulement 26 Rafale sur la période de six ans au lieu de 66 appareils. Car le pari de l'export avait déjà été tenté par la précédente majorité pour les mêmes raisons. Avec l'échec que l'on sait. D'ailleurs, si les prévisions d'exportation du Rafale n'étaient pas au rendez-vous, le ministère avait prévu fin 2015 de les réactualiser.