Rafale : l'Inde passe son tour en 2018

Par Michel Cabirol  |   |  559  mots
Le Rafale, victime collatérale de la campagne préélectorale, ne devrait pas faire l'objet d'une nouvelle commande en 2018 en Inde. (Crédits : Dassault Aviation)
L'Inde ne devrait pas signer une nouvelle commande de Rafale en 2018 compte tenu d'une polémique sur la vente des 36 exemplaires vendus en 2016 dans un contexte préélectoral.

Selon des sources concordantes indiennes et françaises, l'Inde ne devrait pas signer une nouvelle commande de Rafale en 2018. A près d'un an des élections générales prévues en avril ou mai 2019, le Premier ministre Narendra Modi, leader du Bharatiya Janata Party (BJP), ne souhaite pas alimenter la polémique, qui a fait suite à la commande des 36 Rafale signée en septembre 2016. La principale force d'opposition au gouvernement Modi, le Parti du congrès, se déchaîne effectivement contre cette acquisition. "Il ne se passera rien sur ce dossier compte tenu d'une polémique très forte qui existe en ce moment dans un contexte préélectoral", explique-t-on à La Tribune.

Poursuite des négociations

En conséquence, la France en général, et Dassault Aviation, en particulier, poursuivront cette année les discussions avec New Delhi. "Ce ne sera pas inutile de ce point de vue mais il n'y aura probablement aucune annonce en 2018 sur le Rafale", précise-t-on. Ainsi, la visite d'Emmanuel Macron en Inde (9 au 12 mars) n'a pas été l'occasion pour Dassault Aviation de signer un nouveau contrat. Pourtant, depuis plusieurs mois, le constructeur du Rafale discute avec l'Inde d'une nouvelle commande d'appareils supplémentaires. Et comme toujours en Inde, les industriels français devront se montrer  très, très patients.

En tout cas, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) fait parfaitement le job pour mettre l'équipe Rafale sur les rails du succès en jouant le jeu du "Make in India". Ainsi, il va conduire du 16 au 19 avril en Inde (New-Delhi, Bangalore, Mumbai et Hyderabad) une importante délégation industrielle réunissant les six grands maîtres d'oeuvre (Airbus, ArianeGroup, Dassault Aviation, MBDA, Safran et Thales) et 54 sous-traitants, fournisseurs, PME et équipementiers.

D'autres commandes en attente

Outre le Rafale (entre 100 et 200 de plus), les industriels de l'armement français espérent des commandes pour des hélicoptères Panther d'Airbus (111 appareils) dans le cadre du programme NUH et de très nombreuses pièces d'artillerie (Nexter), ainsi qu'un nouveau contrat pour trois sous-marins Scorpène. Safran a également l'ambition de motoriser avec le  M88 (moteur du Rafale), l'avion de combat léger indien, le Tejas. La ministre des Armées Florence Parly a confirmé dans une interview accordée à La Tribune, l'intérêt des Indiens pour le M88.

Il y a également un autre sujet qui intéresse beaucoup les Indiens et qui pourrait avancer en 2018. C'est le programme Kaveri destiné à motoriser l'avion de chasse indien, le Tejas. Ce projet pourrait avancer et nous allons continuer à travailler très activement sur ce sujet avec Safran.

Nexter est également présent dans deux appels d'offres gigantesques en Inde. Le premier, qui pourrait être le contrat du siècle en matière d'artillerie porterait sur une commande de 1.400 canons de 155 millimètres tractés, pour lequel le groupe français propose le Trajan. Ce contrat s'élèverait à 1 milliard d'euros, soit un montant jamais atteint dans le domaine de l'artillerie. Le groupe français fait partie des deux derniers candidats avant la décision finale. Le Trajan est actuellement en train d'effectuer une nouvelle campagne de tests en Inde, a expliqué le PDG de Nexter. La deuxième compétition porte sur 800 canons montés sur camion, pour lequel le groupe propose le Caesar.