Service national universel de Macron : une folie qui coûterait jusqu'à 30 milliards d'euros

Par Michel Cabirol  |   |  492  mots
Le Sénat considère que le projet de service national universel obligatoire proposé par Emmanuel Macron est "a priori particulièrement coûteux en infrastructures, en ressources humaines et en fonctionnement".
Selon un rapport d'information du Sénat, les coûts initiaux et récurrents estimés du service national universel obligatoire s'élèverait entre "20 et 30 milliards d'euros sur cinq ans".

Selon un rapport d'information du Sénat, les coûts initiaux et récurrents estimés du service national universel obligatoire, proposé par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, s'élèverait entre "20 et 30 milliards d'euros sur cinq ans". Le coût estimé des infrastructures (60 centres de formation de 1.000 personnes) représente, selon ce rapport de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, 10 à 15 milliards d'euros (coût initial) pour accueillir 60.000 jeunes par mois sur dix mois. Et si on y ajoute les acquisitions foncières, la facture s'élève à 2 à 3 milliards de plus.

"Ce projet a bien sûr un coût significatif et je l'assumerai", affirmait, dès sa présentation,  Emmanuel Macron.

S'agissant de l'encadrement des appelés, du quotidien et de l'habillement, il est estimé à 2,5 à 3 milliards d'euros par an. Soit 12,5 à 15 milliards sur une période de cinq ans. Juste pour l'habillement, l'addition atteint 400 millions d'euros en coût initial, puis 80 millions d'euros par an. Enfin, le Sénat n'a pas estimé le coût du transport, des équipements  (fusils?) et de la rémunération des appelés. Les deux rapporteurs Jean-Pierre Raffarin (les Républicains) et Daniel Reiner (PS) considèrent que ce projet est "a priori particulièrement coûteux en infrastructures, en ressources humaines et en fonctionnement". Ce projet-gadget arrive au moment même où la France doit se serrer la ceinture pour atteindre les 3% de déficit public et où le budget de la défense doit être renforcé pour faire face à un nouveau contexte géopolitique.

16.000 à 18.000 encadrants

En conservant une hypothèse de 60.000 appelés par mois, le service national en projet mobiliserait "quelque 16.000 à 18.000 encadrants - auxquels il faudrait ajouter les personnels de direction et de sélection, soit environ 1 600 ETP", souligne le Sénat. La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées estime qu'il est nécessaire de disposer d'un taux d'encadrement de l'ordre de 30 %, qui correspond à celui actuellement en vigueur pour les classes d'incorporation. Un taux d'encadrement "légitime s'agissant d'un dispositif qui ne viserait pas spécifiquement des jeunes en difficulté", explique-t-elle.

"Il s'agirait d'un effort colossal en termes de ressources humaines, dont on peut craindre qu'elle absorbe l'énergie des armées" a pointé le rapport du Sénat.

Si ce projet devait être concrétisé, "il ne devrait pas affecter la trajectoire financière prévue pour la défense", estiment les deux rapporteurs. Ce qui devrait être le cas puisque le candidat Macron avait d'emblée indiqué que "son financement comme les effectifs d'encadrement nécessaires s'inscriront au-delà de l'enveloppe de 2 % du PIB de la programmation militaire, la mise en œuvre du service national universel étant indépendante du renforcement planifié de notre outil de défense". Les rapporteurs souhaiteraient "pouvoir se tenir pour certains de cette étanchéité des enveloppes budgétaires, et appellent à la plus grande vigilance à cet égard".