Sous-marins : pourquoi les Pays-Bas hésitent

Par Michel Cabirol  |   |  572  mots
Naval Group propose aux Pays-Bas une version à propulsion conventionnelle du Barracuda, (Crédits : DCNS)
Amsterdam aurait dû annoncer une short-list depuis plusieurs semaines mais le choix fait débat au sein du gouvernement et de l'administration néerlandais.

Aux Pays-Bas, il y a actuellement un débat national mais plutôt en coulisse. Un débat qui fait rage au sein du gouvernement et de l'Organisation néerlandaise des matériels de défense (DMO) entre ceux qui veulent un choix en faveur du consortium emmené par le champion local le chantier naval Damen, associé au suédois SAAB pour la fabrication de quatre nouveaux sous-marins et ceux, qui préconisent une short-list avec deux industriels (Damen/SAAB et Naval Group), voire trois (Damen/SAAB, Naval Group et l'allemand ThyssenKrupp Marine Systems). Et puis il y a ceux très minoritaires, qui ne souhaitent pas d'un nouveau programme de sous-marins pour remplacer les quatre sous-marins de la marine royale néerlandaise du type Walrus. Une "bagarre" qui a déjà fait glisser l'annonce d'une décision de mars à juin, voire juillet.

"Une super offre" de Paris

C'est dans ce contexte que la ministre des Armées Florence Parly débarque ce lundi aux Pays-Bas, pour appuyer entre autre l'offre de Naval Group, qui s'est associé depuis février dernier au groupe néerlandais Royal IHC. "On est convaincu que l'on a une super offre pour la marine néerlandaise", explique-t-on à Paris. Le groupe naval propose aux Pays-Bas une version à propulsion conventionnelle du Barracuda, qui a déjà séduit l'Australie. "Nous avons à la fois un très bon produit et nous pouvons développer une vraie coopération dans le naval ainsi que dans d'autres domaines avec les Pays-Bas", précise-t-on dans l'entourage de la ministre.

Les sous-marins océaniques proposés seront capables de répondre aux besoins spécifiques de l'OTAN mais également des Etats-Unis avec qui les Pays-Bas font régulièrement des exercices pour tester les défenses américaines. Paris croit beaucoup en ses chances et se donne les moyens de gagner. Tous les mois, le ministère des Armées fait le point avec le PDG de Naval Group, Hervé Guillou, l'ambassadeur de France aux Pays-Bas et les parlementaires français associés à cette campagne. "On fait vraiment le max" pour remporter cette compétition, explique-t-on à La Tribune.

Des sous-marins fabriqués aux Pays-Bas

Si la France estime qu'elle est "très, très bien positionnée" dans cette campagne, la partie n'est pas jouée. Loin de là. Car Damen, qui pousse pour être le seul candidat retenu dans la fameuse short-list, est logiquement soutenu aux Pays-Bas. Il est en effet difficile à Amsterdam de ne pas conserver son champion local dans la short-list. Mais, le partenariat entre Naval Group et le groupe néerlandais Royal IHC a coupé les effets de manche de la campagne mené par Damen sur le thème, les Français vont tout faire en France.

Si Naval Group définira bien la conception des sous-marins avec les Pays-Bas, Royal IHC sera quant à lui chargé de la construction et de l'aménagement des bâtiments avec l'aide du secteur maritime néerlandais. D'où le débat qui fait rage aux Pays-Bas encore en pleine hésitation. Enfin, TKMS, en retrait, pousse à un report d'une décision pour prendre le temps de convaincre les Néerlandais du bien-fondé de leur offre, basée sur une coopération trilatérale (Pays-Bas, Allemagne, Norvège), voire quadrilatérale (Pologne), à condition pour TKMS de fournir des sous-marins à la marine polonaise. "La balle est dans le camp" des autorités néerlandaises, souligne-t-on à Paris.