Spatial : le jour de gloire pour l'Europe ?

Par Michel Cabirol, à Kourou  |   |  812  mots
Depuis 2003, Ariane 5 a réussi 74 lancements consécutifs, égalant le record d'Ariane 4. Va-t-elle le battre ce jeudi?
Le spationaute français Thomas Pesquet s'envole ce jeudi vers la station spatiale internationale tandis qu'Ariane 5 met pour la première fois des satellites Galileo en orbite. Et en cas de succès, Ariane 5 battra le record de vols réussis consécutifs d'Ariane 4.

Pour l'Europe, cette journée de jeudi est extrêmement importante. Le lanceur européen Ariane 5 ES doit lancer de Kourou quatre nouveaux satellites de la constellation Galileo, le rival du GPS américain. Puis quelques heures plus tard, le spationaute Thomas Pesquet décollera du cosmodrome de Baïkonour à bord d'un lanceur russe Soyuz pour rallier la station spatiale internationale (ISS). Et en cas de succès d'Ariane 5, le lanceur européen battra le record de vols réussis consécutifs d'Ariane 4, qui avait lancé 74 fois sans échec. Toute la filière spatiale européenne croise les doigts pour réussir une journée historique.

En dépit de la panne préoccupante de deux horloges atomiques au rubidium embarquées à bord de deux satellite de la constellation Galileo (les 204 et 205 de la série FOC ), l'Agence spatiale européenne n'a pas reporté le lancement prévu jeudi de quatre satellites Galileo, a-t-elle indiqué mercredi à quelques journalistes en marge de la présentation du vol d'Ariane 5 ES. "Nous sommes confiants dans les huit horloges atomiques des quatre satellites qui seront lancés jeudi", précise-t-elle. Sur les 32 horloges atomiques au rubidium en orbite, deux seulement sont en panne. "Le ratio est faible", estime-t-elle. pour autant, elle ne serait pas capable pour le moment d'expliquer le pourquoi de la défaillance qui toucherait un type d'horloges embarquées, confirme-t-elle.

14 satellites Galileo déjà lancés

Sur les quatorze satellites Galileo, huit seulement seraient pleinement opérationnels pour la constellation. Les quatre premiers (IOV) ne le seraient plus, selon des sources concordantes. Ce que dément l'ESA, qui estime que seulement un des quatre satellites IOV est partiellement en panne. Enfin, deux autres de la série FOC, qui ont été lancés sur une mauvaise orbite, seraient opérationnels pour la constellation.

En 2015, le programme, qui a connu beaucoup de vicissitudes depuis son lancement en 2003, a fêté son véritable envol : trois tirs de Soyuz réussis, six satellites mis sur la bonne orbite. Ce jeudi, Ariane 5 (dans une configuration ES) devrait mettre en orbite quatre satellites supplémentaires. Ce qui permettra de mettre - enfin - le système Galileo partiellement en service. Enfin, huit autres satellites de la constellation devraient être lancés par deux Ariane 5 ES en 2017 et début 2018.

Record pour Ariane 5?

Depuis 2003, Ariane 5 a réussi 74 lancements consécutifs. Début octobre, le lanceur lourd a égalé le record d'Ariane 4. Va-t-elle le battre ce jeudi? C'est "une mission très longue", a expliqué le PDG d'Arianespace Stéphane Israël. Elle dure près de quatre heures (contre 30 minutes environ pour les satellites de télécoms). Le décollage est prévu à 10h06 et 48 secondes (heure Guyane, soit 14H06 à Paris). Ariane 5 ES effectuera une première séparation au bout de 3h36, puis la seconde 20 minutes plus tard.

A travers ses 74 lancements réussis d'affilé, Ariane 5 a lancé 145 charges utiles, pour une masse dépassant 623 tonnes, incluant 133 charges utiles principales pour une masse de 618 tonnes et 12 charges utiles secondaires pour une masse de 5 tonnes. Au total, Ariane 5 a réussi 88 lancements, dont 58 grâce au lanceur Ariane 5 ECA. C'est également le 62e tir consécutif d'un lanceur équipé du moteur Vulcain 2. Tout au long de ces 74 tirs sans échec, Ariane 5 a mis sur orbite 24 satellites de plus qu'Ariane 4 pour un même nombre de tirs réussis d'affilée, avec un accroissement de masse totale de 348 tonnes. Cette série de succès démontre une fois de plus la fiabilité et la disponibilité exceptionnelles du lanceur lourd d'Arianespace.

Thomas Pesquet, le 10e Français dans l'espace

Thomas Pesquet, qui doit décoller du cosmodrome de Baïkonour ce jeudi pour la Station spatiale internationale (ISS), est le dixième Français à voler dans l'espace, depuis le premier vol de Jean-Loup Chrétien il y a 34 ans. Sa mission, baptisée Proxima en hommage à l'étoile la plus proche de notre Soleil (Proxima du Centaure), doit durer six mois. Avant lui, neuf astronautes français ont participé à des vols habités dans l'espace : Jean-Loup Chrétien, Patrick Baudry, Michel Tognini, Jean-Pierre Haigneré, Jean-François Clervoy, Jean-Jacques Favier, Claudie Haigneré, Léopold Eyharts, Philippe Perrin.

Thomas Pesquet sera accompagné du cosmonaute russe Oleg Novitsky et de l'astronaute américaine Peggy Whitson. Une mission de six mois aux visées avant tout scientifiques. Expériences sur l'impact de l'apesanteur sur la musculature, dont les résultats pourraient aider à soigner les myopathies, essai de technologies susceptibles de révolutionner la purification de l'eau ou de matières autonettoyantes utilisables à terme dans les hôpitaux: ce ne sont là que quelques unes des dizaines d'expériences que Thomas Pesquet mènera sur l'immense vaisseau orbital, 400 km au-dessus de la Terre.

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[ REPLAY 3 min ] Lancement de 4 satellites Galileo
Revoyez le décollage d'Ariane 5, ce 17.11.2016 à 10H06 à Kourou