Tom Enders veut révolutionner le secteur de la production d'Airbus (2/2)

Par Michel Cabirol  |   |  693  mots
(Crédits : Hannah Mckay)
Le président exécutif du groupe aéronautique européen va piloter "personnellement" le projet de digitalisation du groupe Quantum, lancé en 2016. Un projet qui n'avance pas aussi vite qu'il le souhaite.

Plus de quinze mois avant son départ, Tom Enders continue à concentrer tous les pouvoirs au sein d'Airbus. Lors de ses vœux aux 136.000 salariés, le président exécutif du groupe aéronautique européen a annoncé qu'il "piloterait personnellement" Quantum, le projet de digitalisation d'Airbus lancé en 2016 qu'il a sévèrement critiqué. Un projet, "là où c'est nécessaire", qui sera "réorienté dès février". Tom Enders a estimé que Quantum, confié auparavant à Marc Fontaine, a progressé en 2017 "mais pas suffisamment".

Ce projet, a-t-il expliqué, est constitué "d'un patchwork de différentes initiatives, beaucoup portant sur la réduction de coûts, et n'est pas suffisamment orientée vers la création d'une infrastructure digitale cohérente, allant de la conception à la fabrication, dans l'ensemble de notre entreprise. Nous devons changer cela rapidement".

Selon Tom Enders, le secteur qui doit évoluer "le plus rapidement est celui de la production". "Nous avons tenté pendant trop longtemps d'optimiser le système industriel actuel (qui est ancien), en essayant d'en tirer le maximum - de presser le citron, comme le disent certains d'entre vous". Le président exécutif d'Airbus a donc estimé qu'il fallait "rompre avec cet état de fait et tirer parti des nouvelles technologies et capacités digitales". Et de citer "le succès" de la coopération avec la controversée société américaine Palantir. Ce succès est un "exemple de la voie à suivre", a-t-il assuré. Enfin, Tom Enders s'est dit convaincu que "Guillaume (Faury, ndlr) amènera lui aussi des idées nouvelles".

Les satisfecit de Tom Enders

Au-delà, Tom Enders a estimé que l'intégration d'Airbus "One Airbus" a permis de "créer une entreprise plus unie et plus résiliente". Pour la petite histoire, interrogé par les plus hauts cadres de l'entreprise réunis en début d'année sur la décision du groupe qu'il avait validé mais qu'il regrettait le plus, Fabrice Brégier a cité "One Airbus" sous forme de blague...Tout en haut de la hiérarchie du groupe, l'entreprise n'a jamais vraiment été unie, les conditions du départ de Fabrice Brégier en sont la meilleure démonstration. Par ailleurs, le groupe européen a toujours été très résilient en dépit de ses très nombreuses crises de gouvernance et la multiplication des affaires depuis près de 20 ans (guerres franco-allemandes, guerre franco-françaises, délit d'initiés, enquêtes du SFO...).

Tom Enders a félicité les équipes des succès opérationnels incroyables d'Airbus. Le record de livraison des avions civils est "d'autant plus remarquable" que le groupe a "dû affronter à nouveau les problèmes des moteurs" du programme A320neo, "qui ont pour conséquence moins de livraison de NEO que prévu". Il s'est également enthousiasmé pour le "niveau extraordinaire de prises de commandes pour les avions civils l'an dernier". Cela démontre, selon lui, que "nous pouvons réussir sur le amrché sans faire appel à des tiers ou des agents !".

A350 : 10 appareils par mois

Le président exécutif s'est également félicité de la progression de la montée en cadence de l'A350. "Nous avons atteint une baisse record des travaux restants sur la FAL (chaîne d'assemblage, ndlr), ainsi qu'une remarquable régularité technique en exploitation de 99%, a-t-il souligné. Il est clair à présent que la cadence de 10 appareils par mois est à notre portée". Par ailleurs, Tom Enders a affirmé que Airbus Helicopters et Airbus Defence & Space avaient "aussi globalement atteint leurs objectifs de livraisons et de prises de commandes".

Enfin, Tom Enders n'a pas résisté non plus à mettre l'accent sur un "indicateur clé de notre succès", la capitalisation boursière du groupe entre janvier 2017 et janvier 2018. "Nous avons gagné près de 16 milliards !", s'est-il réjoui. "Ce résultat est certainement dû à la tenue de nos objectifs de livraisons mais confirme également que nos actionnaires ont confiance dans notre capacité à livrer, dans notre mode de gouvernance, et n'ont pas été trop affectés par les turbulences déclenchées par les médias et leurs mauvais présages", a-t-il expliqué.