Franprix lance une offre de "repas zéro déchet"

Par Giulietta Gamberini  |   |  860  mots
Pour développer cette nouvelle offre, Franprix a conclu partenariat avec une startup spécialiste de la réutilisation de contenants alimentaires, SolZero. (Crédits : DR)
À Paris, dans un magasin pilote, l'enseigne offre à ses clients la possibilité de se servir gratuitement d'emballages en verre, puis de les rapporter pour qu'ils soient lavés et réutilisés. Après un test de trois mois, le concept pourrait être déployé dans d'autres supermarchés.

Cible du mouvement d'origine britannique "Plastic Attack", et critiquée par des pans croissants de l'opinion publique pour le suremballage et le gaspillage de ses produits, la grande distribution a tout dernièrement fini par se pencher sur la problématique de la réduction des déchets. Complexe à mettre en place pour des raisons logistiques comme réglementaires, le réemploi des emballages se fraie très timidement un chemin dans cette réflexion. Jusqu'à présent, les principales initiatives avaient consisté dans le retour d'une offre en vrac de certains produits, ainsi que dans la décision de Carrefour, annoncée en mars, d'accepter désormais les contenants apportés par ses clients dans ses rayons à vente assistée. Vendredi 20 septembre, Franprix a franchi une nouvelle étape, en lançant une offre encore inédite dans les supermarchés français:  un "repas zéro déchet".

Des emballages réutilisables, mais pas de consigne

Dans un magasin complètement rénové au centre de Paris (dénommé "darwin.2019), l'enseigne, filiale du groupe Casino, teste ce nouveau concept en partenariat avec SolZero, une start-up spécialiste de la réutilisation de contenants alimentaires. Les clients qui se serviront au bar traiteur - géré par Fleury Michon -, à la rôtisserie ou à la machine à jus du magasin pourront choisir entre des emballages jetables en plastique et des récipients en verre, s'ils consomment sur place, mais aussi s'ils emportent leur repas. Dans le deuxième cas, ils pourront rapporter la vaisselle par la suite, pour qu'elle soit lavée et puis réutilisée par l'enseigne. Le prix, de surcroît, restera le même: "afin de ne pas mettre un frein au geste citoyen", aucune consigne n'est pour le moment appliquée, explique le directeur marketing et communication de Franprix, François-Xavier Germain.

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"Pendant les prochains trois mois, l'objectif principal est d'engager les clients, de mesurer leur adhésion, de tester et d'ajuster le modèle, afin de perfectionner une solution déployable dans d'autres magasins de l'enseigne. Mais la mise en place d'une consigne se révélera peut-être nécessaire dans un deuxième temps, afin de généraliser l'initiative", précise le directeur marketing.

Une centaine de références en vrac

Dans le nouveau magasin parisien, d'autres dispositifs doivent d'ailleurs contribuer à l'objectif de réduction des emballages. Significativement renforcé par rapport à l'offre d'autres supermarchés Franprix, le rayon "vrac" du magasin pilote parisien comprend une centaine de références, de l'épicerie sucrée et salée à des produits liquides tels que le vin, les huiles et les détergents, en passant par des savons et des déodorants solides. Les clients pourront acheter sur place les flacons et sachets kraft nécessaires, mais également apporter leurs propres contenants.

Cet élargissement de l'offre du vrac est rendu possible grâce au partenariat avec deux startups, bulk&Co et Qualivrac, qui offrent des solutions "low tech" permettant de simplifier la logistique ainsi que l'achat des produits respectivement solides et liquides, explique François-Xavier Germain. Mais les emballages seront également supprimés des rayons des fruits et légumes bio, que la grande distribution propose souvent dans des sachets, barquettes ou filets afin d'éviter tout mélange accidentel avec les végétaux issus de l'agriculture traditionnelle. Un changement lui aussi destiné à être déployé à grande échelle et moins anodin qu'il ne paraît:

"Cela implique non seulement de créer un espace dédié dans nos entrepôts, mais aussi d'imposer de nouvelles pratiques à nos fournisseurs", note François-Xavier Germain.

Une stratégie "urbaine"

Enseigne essentiellement implantée en Île-de-France, Franprix souhaite par ces innovations "zéro déchet" répondre à une demande croissante de sa clientèle à prédominance urbaine. Elle y voit également une nouvelle déclinaison de sa stratégie de "service" autour de l'alimentation.

"Notre fonction est de nourrir les habitants des villes, de leur permettre de trouver chez nous tout ce qu'il peut leur falloir pour leur repas du midi ou du soir", résume François-Xavier Germain.

Dans cette optique, "darwin.2019 est également équipé d'une cuisine pouvant être réservée gratuitement, sans obligation d'achats de produits du magasin. Les bio-déchets produits sur place ou à la maison bénéficieront d'une zone de tri dédiée - opportunité encore plutôt rare à Paris, où la collecte des bio-déchets n'est encore expérimentée que dans deux quartiers. Et une machine "unique au monde" doit même permettre aux utilisateurs des machines à eau gazeuse Sodastream de ramener, en échange d'un bon de réduction, les cylindres de gaz usagés, en vue de leur réutilisation.

Le reste du magasin continue certes d'afficher sur les étales des montagnes d'emballages de toute sorte, y compris pour les sauces du repas "zéro déchets". "Mais si on voulait attendre de tout changer pour agir, il faudrait encore des décennies", observe Emmanuel Auberger, fondateur de SolZero. Or, les urbains engagés dans le "zéro déchet" sont pressés.