Le bonus "écologique" est (quasiment) aboli pour la voiture de Monsieur tout le monde

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  627  mots
Une Twingo diesel a encore droit à un bonus
C'est officiel. Hors pour quelques micro-citadines diesel (!), le bonus est supprimé pour toutes les voitures classiques. Il est réduit pour les hybrides et électriques. En revanche, le malus frappe les familiales à essence "made in France".

Ca y est, voilà le barème officiel du nouveau bonus automobile prétendument écologique applicable au 1er novembre... Si le malus a été fortement gonflé, le bonus se réduit et ne s'applique plus qu'à une poignée de voitures, soit des hybrides généralement onéreux, des électriques inutilisables par la plupart des automobilistes ou des micro-citadines officiant souvent comme deuxième ou troisième voiture d'un ménage aisé.

 Il reste quelques mini-citadines diesel!

Les voitures à essence ou diesel n'auront plus droit qu'à 150 euros pour les modèles émettant moins de 90 grammes de C02 au kilomètre, contre 550 euros jusqu'ici. On trouve dans cette catégorie une Renault Twingo diesel - tiens on croyait qu'il fallait surtaxer le gazole car les diesels étaient censément cancérigènes! -, une Peugeot 208 également diesel à boîte robotisée - très désagréable à conduire - et puis pas grand chose d'autre. C'est sûr, ça ne touchera quasiment plus aucune voiture thermique.

Les hybrides thermiques-électriques verront le bonus descendu à 3.300 euros (4.000 jusqu'ici) et les hybrides rechargeables - très chers et vendus au compte-gouttes - auront droit à 4.000 euros de prime d'Etat, contre 4.500 ou 5.000 antérieurement selon les catégories. Les électriques quasiment réservés aux flottes publiques ou para-publiques voient leur super-bonus réduit à 6.300 euros, contre 7.0000 précédemment.

Un brave Renault Scénic taxé

Le bonus-malus se transforme in fine en quasi-taxation pure et simple des voitures classiques, pour peu qu'elles soient familiales... Voilà qui ne va pas relancer le marché automobile français en plein marasme! Et qui va encore plus affecter les voitures compactes et familiales produites en France!

Les berlines compactes, familiales, les monospaces compacts à essence et les grands monospaces diesel sont donc lourdement taxés. Mauvaise nouvelle pour les sites de production de Douai et Sandouville (Renault), Rennes et Sochaux mais aussi Sevelnord à Hordain (PSA).

Alors que la production automobile a baissé de moitié en dix ans en France et que les équipementiers poussent un cri d'alarme, ce tour de vis fiscal ne va pas arranger les affaires des usines tricolores. Drôle de façon de défendre le "made in France"!

Car, au-dessus de 130 grammes au kilomètre, ça taxe ! Un  monospace compact de base Renault Scénic TCE 115, (le modèle le moins cher de cette gamme produite à Douai)  se voit frappé de 150 euros de malus. Et hop, une  Peugeot 508 1,6  VTi (modèle le plus abordable des 508 produites à Rennes) s'en prend pour 500 euros!

Quant au Renault Espace, il passe... à 1.600 euros, quelle que soit la version. Voilà qui va achever ce modèle produit à Sandouville. Ce  sont essentiellement les véhicules à essence qui morflent, alors qu'on stigmatise les diesels dans le même temps au nom de la même écologie... Contradiction?

Super malus de 8.000 euros

Les seuils de déclenchement de malus sont abaissés et les montants quasiment  doublés. Avec, au-dessus de 200 grammes, un maxi-malus de 8.000 euros! Tiens, au fait, la Citroën C6 utilisée par le président François Hollande, en lieu et place de la DS5 hybride de parade remise au garage pour cause de bricolage hâtif, serait fortement malussée!

Déficits cumulés

Le gouvernement socialiste rappelle que le bonus-malus, institué par la précédente majorité, a accumulé entre 2008 et 2012 un déficit de 1,45 milliard d'euros, les conducteurs s'étant détourné des modèles malussés, contrairement aux calculs du gouvernement Fillon. On table désormais sur un déficit de 100 millions cette année.

Pourquoi ne pas supprimer alors tout simplement ce système et laisser jouer le marché? Ce serait trop simple. Personne n'y songe. Car les "Verts" râleraient. Or, la majorité actuelle a besoin de leur appoint  pour gouverner...