Volvo sort son moteur à tout faire

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  839  mots
La Volvo S60 diesel émettra moins de 100 grammes de CO2
Le constructeur suédois commercialise ses premières voitures dotées de la toute nouvelle gamme unique de moteurs, annoncés très sobres, allant de 120 à 306 chevaux. Histoire d’abaisser drastiquement les émissions et de réaliser des économies d’échelle.

Une première. Volvo commercialise actuellement ses premiers modèles dotés d'une toute nouvelle gamme de moteurs très sobres, unique à terme pour l'ensemble des véhicules de la marque suédoise et déclinée dans toutes les puissances. Les premières livraisons auront lieu fin novembre-début décembre.

Cette gamme unique remplacera d'ici à 2015 les huit architectures de moteurs actuelles offertes par la marque de Göteborg. Avec de sacrées économies d'échelle à la clé pour un constructeur qui reste un « petit » à l'échelle mondiale, avec des séries forcément limitées.

Des moteurs de 120 à 306 chevaux

C'est la première fois qu'un constructeur automobile fait le pari révolutionnaire de remplir tous ses besoins avec une seule architecture de moteurs. Cette gamme baptisée « Drive-E » couvrira des puissances de 120 à 230 chevaux en diesel, de 140 à 306 en essence ! Au départ, seuls sont disponibles trois moteurs plutôt haut de gamme, dont un diesel de 180 chevaux.

Ces mécaniques ont été développées en interne et sont fabriquées à Skövde, en Suède. Une S60 diesel (l'équivalent d'une BMW 320d) n'émet ainsi que… 99 grammes de CO2 au kilomètre. Des émissions de mini-citadine qui constituent un record pour une voiture de cette catégorie. Cette S60 coûte 34.660 euros en version de base.$

"Les gains de consommation se situent entre 10 et 30%"

Sont concernées dans un premier temps les Volvo « moyennes supérieures » S60 et sa version break V60 ainsi que le dérivé 4x4 compact XC60, des véhicules produits à Gand en Belgique et à Göteborg (Suède). « Les technologies sophistiquées « Drive-E » se traduisent par des performances élevées, des réductions importantes de la consommation et des émissions », explique Derek Crabb, vice-président en charge de l'ingénierie groupes motopropulseurs du groupe suédois.

« Nos 4 cylindres offriront des performances supérieures à celles des 6 cylindres d'aujourd'hui avec des niveaux de consommation inférieurs à ceux des 4 cylindres de la génération actuelle », précise Derek Crabb. « Si l'on met en parallèle le moteur 4 cylindres Drive-E et un bloc 6 cylindres, on s'aperçoit que les différences de poids et de taille sont énormes. Les gains de consommation se situent entre 10 et 30% en fonction du moteur auquel on le compare ».

Hybrides rechargeables prévus

Les moteurs « Drive-E » sont aussi prévus pour devenir hybrides à travers une électrification. Les principaux composants de puissance comme l'alterno-démarreur sont facilement raccordables et, en raison de la compacité des blocs, le moteur électrique pourra être installé aussi bien à l'avant qu'à l'arrière du véhicule, explique la firme.

Les batteries seront pour leur part installées au centre du véhicule. Au dernier salon de Francfort, la marque scandinave exposait un concept de coupé équipé d'un hybride rechargeable de 400 chevaux !

Évidemment, l'agrément de ces moteurs reste à démontrer, par rapport aux très plaisantes motorisations à cinq cylindres traditionnelles de la firme suédoise. Il faudra aussi vérifier la longévité de ces blocs hyper-sophistiqués. Mais, jusqu'ici, les Volvo se sont plutôt distinguées par leur grande fiabilité.

Des pertes enregistrées au premier semestre

Avec ces économies d'échelle, Volvo Car Group (rien à  voir avec les poids-lourds d'AB Volvo), qui a annoncé un programme d'investissements lourds pour onze milliards de dollars (8,5 milliards d'euros), espère devenir plus compétitif. Le célèbre constructeur a affiché un déficit au premier semestre. La perte nette s'est montée à 778 millions de couronnes (89 millions d'euros), tandis que le chiffre d'affaires reculait de 13%. Le résultat d'exploitation est négatif de 66 millions d'euros. Soit une marge opérationnelle de -1%.

Ce ne sont certes que des pertes assez légères. Mais Volvo avait déjà accusé en 2012 une perte nette de 530 millions de couronnes (61 millions d'euros), alors qu'il était encore bénéficiaire en 2011. Le second semestre 2013 devrait toutefois générer des volumes de vente et des marges plus élevées pour le groupe, assurait toutefois Volvo récemment.

Sur neuf mois, Volvo a vendu 310 .717 unités, soit un niveau quasi-stable, avec une baisse de 3,6% en Europe, laquelle génère plus de la moitié des ventes. S'il recule aussi aux Etats-Unis, Volvo affichait en revanche une croissance de 41% en Chine à 43.400 unités.

Objectif: la Chine

Le constructeur suédois cherche  à mieux s'implanter en Chine, patrie de sa maison-mère. Après avoir longtemps appartenu à Ford, le suédois est en eftet aujourd'hui la propriété de Geely. Il a annoncé en août dernier qu'il avait  reçu de Pékin le feu vert pour  ouvrir deux nouvelles usines en Chine. Et ce, alors qu'il procède actuellement au démarrage en série de la production de la S60L dans une première usine de Geely à Chengdu.

La  présence de Volvo est encore bien faible en Chine. Mais il compte sur la légitimité « nationale » de son actionnaire pour y prendre rapidement des parts de marché, notamment auprès de la « Nomenklatura » chinoise qui roule aujourd'hui en Audi.