Pourquoi le 4x4 Duster de Renault se vend et rapporte tant

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Marseille  |   |  789  mots
Le Dacia Duster vient d'être sérieusement renouvelé.
Le constructeur espère produire 370.000 4x4 Duster à bas coûts cette année, contre 300.000 Clio IV. Et, à terme, il espère rejoindre le club très fermé des voitures fabriquées à plus d'un-demi million d'exemplaires chaque année. Le véhicule, vendu en France sous le label Dacia, réalise de très fortes marges.

Intégrer le club très fermé des quelques voitures produites à plus d'un demi-million d'unités annuelles ? C'est jouable pour le « Best seller » de Renault, le fameux 4x4 Duster à prix d'attaque. C'est en tous cas ce qu'affirme officieusement le constructeur au losange. Restylé, le fameux « SUV » devrait « être produit cette année à 370.000 exemplaires (contre 297.600 en 2012 », affirme Arnaud Deboeuf, patron de cette gamme « Entry » de Renault, à l'occasion des essais du véhicule près de Marseille. Ce sera, et de loin, le véhicule le plus fabriqué de la firme française cette année, devant la Clio IV prévue autour de 300.000.

Il s'est déjà vendu « plus de 823.000 Duster depuis les débuts en 2010 ». Plus de la moitié des véhicules ont été écoulés sous le label roumain Dacia (en Europe et sur le pourtour méditerranéen) et le reste sous la marque Renault elle-même (en Russie, Inde, Amérique latine…). La nouvelle mouture, nettement améliorée (en finition, insonorisation, sécurité et économies de carburant) sera livrée aux premiers clients (en France) le 21 novembre prochain.

 

Un 4x4 produit dans cinq usines

 Le déjà célèbre 4x4 à bas coûts est produit dans cinq usines, à Pitesti (Roumanie) pour le marché européen, à Moscou (Russie), Curitiba (Brésil), Medellin (Colombie) et Chennai (Inde). Il va également démarrer en Indonésie. Un modèle « très rentable », selon Arnaud Deboeuf. On évoque in petto des marges très supérieures à 10%... Et ce, malgré un prix de base de 11.900 euros seulement. Certes, à ce tarif, la voiture est ultra-spartiate.

Mais, pour un tarif encore très abordable de 15.200 euros, on a droit au nouveau moteur à essence très moderne 1,2 TCe de 125 chevaux et un équipement décent, avec notamment la climatisation. Le Duster culmine à 19.300 en diesel et quatre roues motrices qui en font un vrai 4x4. Avec GPS tactile inclus. Même le cuir arrive sur ce Duster, en option à 600 euros - mais son aspect bas de gamme laisse à désirer !

 Coûts salariaux : un rapport de 1 à 7

Concurrence ? Il n'y en a pas. Comptez 6.000 euros de plus au bas mot pour un 4x4 nippon de même taille. Comment Renault arrive-t-il à proposer des tarifs aussi bas, tout en gagnant de l'argent ? Tout d'abord le Duster repose sur la plate-forme éprouvée de la Logan. Plus de cinq millions de véhicules ont été produits à ce jour sur cette base. De quoi réaliser de sacrées économies d'échelle… Seuls « 25 à 30% » de pièces sont spécifiques au Duster. Le reste est partagé avec d'autres véhicules. Ca aussi, ça génère des synergies.

Un modèle simple, avec bien moins de pièces qu'un concurrent de même taille, léger (1,2 tonne seulement, quand un 4x4 rival affiche facilement 300 kilos de plus) et comportant peu de variantes. Ici, tout est pensé au plus juste, sans superflu. Enfin, ce Duster est produit dans des pays à bas coût de main d'œuvre. « Le différentiel de coût horaire  entre la Roumanie et la France est de 1 à 7 », rappelle Arnaud Deboeuf. Au Maroc, où sont produits les « frères » Sandero, Lodgy et Dokker sur la même plate-forme, le « différentiel de coûts avec la France est de 1 à 10 ». Carrément.

 Il faut aussi noter que le Duster se vend surtout dans ses versions les... plus chères. Le prix de vente moyen en France est de 16.500 euros avec notamment 30% de modèles à transmission 4x4 plus onéreuse. En Russie, c'est carrément 80% des transactions qui se font avec des véhicules dotés de quatre roues motrices. Et des versions plus luxueuses qu'en Europe avec boîte automatique sont proposées en Russie et en Inde, où elles sont appréciées. C'est aussi bon pour les marges.

 Des ventes en forte croissance

 Sur les neuf premiers mois, Renault a accru ses ventes de véhicules « Entry » de 13% à près de 800.000 unités dans le monde, avec notamment un bond de 21% en Europe, malgré la chuté du marché. La part des Logan, Sandero ou autres Duster sur le Vieux continent y est de 2% du marché. « Cette année, nous visons plus d'un million de ventes dans le monde (953.500 en 2012) et nous escomptons une croissance de 10% ou plus l'an prochain », précise Arnaud Deboeuf.

Au prochain salon de Delhi en Inde, début 2014, Renault dévoilera le concept d'une petite voiture encore moins chère (5.000 euros), en dessous des Logan-Sandero. Ce modèle sera industrialisé en Inde, puis au Brésil. Et il devrait finir par arriver en Europe occidentale. L'aventure de la voiture à bas coûts de Renault, lancée par le précédent PDG Louis Schweitzer, est loin d'être terminée.