Alors que Renault annonce sa future usine, le marché chinois est en plein boom

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  819  mots
Le Renault Koleos produit en Corée est aujourd'hui exporté vers la Chine
Le premier marché mondial a encore progressé de 13,5% sur dix mois. Il est dix fois supérieur à celui de la France. Chaque mois, de nouvelles usines ouvrent !

Après le feu vert donné par Pékin à Renault, tous les constructeurs mondiaux seront désormais présents industriellement en Chine, le premier marché automobile mondial. La co-entreprise du groupe tricolore avec le groupe local Dongfeng - également partenaire de Nissan et de PSA  - doit investir 7,76 milliards de yuans (930 millions d'euros) pour produire 150.000 véhicules par an. Il est vrai que, si l'Europe est en pleine marasme, les chiffres du marché chinois font rêver.

Un énorme marché, dix fois supérieur à celui de la France

Les ventes de véhicules neufs y ont encore augmenté de 20,3 % en octobre et de 13,5 % sur dix mois (par rapport à la même période de 2012) à 17,8 millions d'unités, selon les chiffres de la CAAM (Association chinoise des constructeurs automobiles). Sur  ce total, 14,5 millions étaient des voitures particulières.

Le gâteau local se révèle donc dix fois plus gros que le marché français. Il est même supérieur d'un tiers au marché de l'Union européenne ! Si les ventes sont en plein boom après un début d'année moins porteur, la production suit. Les usines automobiles chinoises ont fabriqué 13,6% de véhicules supplémentaires, sur la période du 1er janvier au 31 octobre 2013, à près de 18 millions d'exemplaires.

Investissements capacitaires à rythme soutenu

Un véritable eldorado, où les constructeurs investissent dans toujours plus de capacités de production. Le groupe Volkswagen vient ainsi d'ouvrir en l'espace d'un mois deux nouveaux sites de production, ajoutant un potentiel complémentaire de 600.000 unités.  Il en détient seize désormais.  "Nous allons investir 9,8 milliards d'euros entre 2013 et 2015 en Chine ", annonçait le consortium allemand en avril dernier, au salon de Shanghai.

PSA a inauguré quant à lui fin septembre le site de Shenzhen avec un deuxième partenaire (Changan), dédié à sa ligne "DS", d'un potentiel de  200.000 unités annuelles. Dans sa première co-entreprise avec Dongfeng, à Wuhan, PSA Peugeot Citroën dispose déjà d'une capacité de production de 600.000 véhicules par an, qu'il espère porter à 750.000 en 2015.

Le suédois Volvo (détenu par le chinois Geely) démarre la production en série à Chengdu, avec une production escomptée initialement de 120.000 véhicules par an. L'allemand Mercedes a ouvert dernièrement un site à Pékin, pour  fabriquer 300.000 moteurs annuels et Honda vient de débuter les activités d'un centre de recherche et de développement à Guangzhou. Le tout depuis le début de l'automne ! Et ce, alors même que PSA ferme Aulnay en France, Ford a annoncé l'arrêt de deux sites en Grande-Bretagne et d'un en Belgique, Opel (GM) d'une usine en Allemagne!

PSA reste un "petit" acteur

Vu la taille, tous les constructeurs ont leur part du gâteau. Mais la moitié du marché des voitures particulières et utilitaires légers n'est détenue que par... sept constructeurs étrangers seulement. Le groupe Volkswagen en détient un peu plus de 15% (sur les neuf premiers mois), GM plus de 14%, le coréen Hyundai-Kia presque 8%. Toyota et Nissan sont autour de 4%.

Selon les statistiques chinoises incluant les petits véhicules commerciaux, PSA ne détient en revanche que 2,6% du gâteau. Le groupe tricolore revendique toutefois une pénétration de 3,8% sur le segment des seules voitures particulières.

Les modèles les plus populaires sont le monospace Hongguang de Wuling, une co-entreprise d'utilitaires avec GM, suivi de la berline compacte Buick Excelle (également GM) et de sa rivale Volkswagen Lavida.

Le ministère chinois du Commerce a fait savoir récemment que le gouvernement envisageait d'assouplir la législation, afin de faciliter davantage encore les investissements des constructeurs étrangers. La participation des groupes non chinois dans les co-entreprises est effectivement encore plafonné à 50 %.

Mais la CAAM a fait connaître son opposition. L'Association des constructeurs craint qu'une telle mesure n'affaiblisse encore davantage la position des firmes locales, qui n'ont toujours pas percé. Car, paradoxalement, les constructeurs chinois n'ont tous ensemble qu'une pénétration de 30%  à peine sur le marché. Les client privilégient en effet l'image, la qualité et la réputation technologique des marques étrangères.

Mesures anti-voitures encore timides

Le boom de l'automobile dans l'ex-Empire du milieu semble ne jamais devoir s'arrêter. Les autorités veulent certes freiner (un peu) l'expansion de l'automobile, pour lutter contre la pollution, dramatique dans les grandes villes. La municipalité de la capitale chinoise a ainsi encore réduit son quota d'immatriculations de voitures neuves. Elle ne délivrera désormais que 150.000 plaques d'immatriculation par an, contre 250 000 jusqu'à présent.

Le gouvernement a aussi relevé récemment le prix des carburants. Et les pouvoirs publics comptent rendre également plus strictes les législations concernant l'allocation de voitures aux fonctionnaires. Mais tous les experts n'en restent pas moins largement optimistes sur la poursuite de la croissance. Il devrait donc y avoir de la place pour tout le monde, y compris le dernier venu, Renault.