PSA vend 20% de voitures en moins par rapport à 2010

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  974  mots
Carlos Tavares devrait être nommmé très prochainement à la tête de PSA
Les ventes de PSA ont baissé de 4,9% l'an dernier à 2,82 millions d'unités. On est loin des 3,6 millions de 2010. Le groupe refuse tout pronostic pour 2014

Tournant les phrases dans tous les sens pour rester positifs, Frédéric Banzet, directeur général de Ctroën,  et Maxime Picat, son homologue de Peugeot, n'ont pu toutefois dissimuler... la baisse des ventes de PSA. Les volumes mondiaux du groupe auto tricolore ont en effet reculé de 4,9% l'an dernier à 2.819.000 unités. Et ce, alors que l'action Peugeot chutait lourdement à la Bourse de Paris lundi matin, après la validation par le constructeur français en crise d'un renflouement par l'Etat et le chinois Dongfeng. C'est la troisième année consécutive de baisse. On est loin des  3,6 millions de 2010, voire des 3,26 millions d'unités en 2008. Peugeot recule de 8,7% à 1,55 million. Citroën demeure stable pour sa part.

Plongeon européen

Le groupe a beaucoup souffert en Europe, avec un  plongeon de 7,3% à 1,63 million de véhicules écoulés, dans un marché en baisse de 1,6% seulement. Sa part de marché a reculé  de 12,7% à 11,94%, alors que Philippe Varin, le président sortant de PSA, affirmait il y a un an que le constructeur tricolore y remonterait à 13%. Certes, comme toujours en pareil cas, le groupe justifie le recul en affirmant qu'il privilégie la rentabilité aux volumes.... Mais l'explication demeure un peu courte. La mauvaise tenue du gâteau français lui-même nuit évidemment à PSA, mais les modèles  ne recueillent pas non plus le succès espéré.

L'internationalisation progresse certes, même si la part des ventes hors d'Europe n'est pas un critère. Puisque les ventes du groupe reculent sur le Vieux continent, il est logique que, mécaniquement, le pourcentage soit supérieur en dehors... (42% l'an passé). La Chine est le deuxième débouché de PSA, voire le premier pour Citroën seul. 

Percée en Chine

PSA a en effet accru ses volumes dans l'ex-Empire du milieu de 26% à 557.000 exemplaires, soit une croissance plus forte que celle du marché total. PSA a notamment bénéficié des lancements des Peugeot 3008 et Citroën C4L, puis des Peugeot 301 et Citroën Elysée d'entrée de gamme. Cocorico, même si la pénétration demeure au-dessous des 4%. PSA annonce  également  des améliorations en Algérie et en Turquie. En Amérique latine, PSA a accru ses ventes de 7% à à 303.000 unités, grâce notamment à une forte poussée en Argentine (+25% à 140.100 immatriculations).

Malheureusement, au Brésil, ce n'est pas terrible. Ses scores y ont dégringolé. PSA se débrouille d'ailleurs pour ne pas communiquer les chiffres très défavorables de ses ventes dans ce pays crucial.  En Russie, ce n'est pas fameux non plus, avec une chute de 22%. Ses deux nouveaux modèles-clé, Peugeot 408 et Citron C4L,¨ne sont pas très appréciés. Le problème, c'est que, parmi les grands marchés, il n'y a guère qu'en Chine que PSA  apparaît en pleine offensive. Alors que la stratégie au Brésil et en Russie semble erronée.

Excellents produits

Pourtant, PSA dispose dans sa gamme de quelques excellents produits, comme les Peugeot 301 et Citroën C-Elysée, deux modèles d'entrée de gamme pour pays émergents extrapolés de la Peugeot 208 mais allongés et dotés d'une carrosserie à quatre portes goûtée dans certains pays. Malheureusement, ce duo de modèles quasi-identiques pâtit d'un prix de revient en fabrication trop élevé par rapport aux Dacia Logan de Renault.

Produits en Espagne à des coûts supérieurs à ceux de la Turquie ou de l'Europe de l'est, ces modèles se voient frappés en outre  de droits de douane dans nombre de pays émergents. Heureusement, une fabrication à Wuhan pour la Chine a démarré l'année dernière. Grâce notamment à ce démarrage en Chine, Peugeot espère doubler les ventes de 301 cette année à 120.000.

La petite Peugeot 208 pour l'Europe et l'Amérique du sud dispose, elle aussi, de beaucoup d'atouts. Pourtant, elle est-dessous des objectifs. Maxime Picat le reconnaît, incriminant la mauvaise tenue des marchés européens et la forte poussée de sa rivale Ford Fiesta, sous le coup notamment de la progression du marché britannique où la firme américaine est très implantée.

2008, 308, démarrent bien

Le "crossover" urbain, le 2008, extrapolé de la 208, a enregistré, lui, plus de 82.000 commandes depuis le printemps dernier, ce qui est au-dessus cette fois des objectifs. Enfin, la berline Peugeot 308 II compacte, à peine lancée,  a déjà recueilli plus de 35.000 commandes. Elle a été très bien accueillie. Il est vrai que ses qualités routières sont parmi les meilleures, sinon les plus pointues de sa catégorie. Une version break SW arrivera à la fin du printemps.

Citroën propose pour sa part un monospace inédit, le Picasso (et Grand Picasso) C4 II, avec déjà 58.000 ventes. Un véhicule également réussi, qui partage une plate-forme modulable et allégée avec la 308 II. Mais ces modèles ne contrebalancent pas la reste, hélas.

Le succès de DS pas prouvé

Malgré les discours triomphalistes, la gamme "premium" DS de Citroën n'a pas ainsi encore prouvé son succès. La petite DS3 marché bien, mais à ce jour les DS4 (compacte) et DS5 (moyenne supérieure) marquent fortement le pas, notamment en France (-20% l'an dernier). Reste à espérer la réussite des futurs modèles DS prévus pour l'industrialisation en Chine.

Bref, les résultats commerciaux de PSA, dévoilés ce lundi, ne sont pas enthousiasmants. PSA a besoin d'un nouveau souffle. L'arrivée d'un nouveau PDG est attendue avec impatience. Carlos Tavares, ex-numéro deux de Renault, pourrait même prendre la tête du consortium plus tôt que prévu. On évoque même sa nomination officielle au moment de la prochaine conférence de bilan financier du groupe, le 19 février prochain.