BMW manque de place pour ses Mini et va devoir délocaliser... aux Pays-Bas

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  786  mots
La nouvelle Mini arrivera en mars-avril
Malgré les investissements, le site anglais d'Oxford est insuffisant pour produire la nouvelle Mini. Le groupe allemand, propriétaire de Mini, va devoir en sous-traiter une partie dans une ancienne usine Volvo, puis Mitsubishi, aux Pays-Bas.

Alors que la plupart des constructeurs européens se débattent dans les surcapacités et les fermetures d'usines, Mini manque de place! La filiale de BMW spécialisée dans les célèbres citadines anglaises va devoir sortir de son site très "British" d'Oxford, faute de capacités. Le groupe allemand annonce ainsi ce lundi qu'il produira la nouvelle Mini partiellement aux... Pays-Bas à partir de l'été 2014.

"La marque connait  une croissance importante. C'est pourquoi il nous faut des capacités de production supplémentaires, en plus de celles du site d'Oxford, qui atteindront les 260.000 unités annuelles environ à moyen terme", affirme Harald Krüger, directeur de la production de BMW.

Une ancienne usine Volvo, puis Mitsubishi

Le bavarois anticipe une production à cinq chiffres cette année à Born, où 1.500 personnes environ assureront la production de la nouvelle voiture dans une ancienne usine néerlandaise, qui a naguère fabriqué des Volvo suédoises, des Mitsubishi nippones, des Smart allemandes (Daimler). Les accords sur la vente de l'ex-site Nedcar de Mitsubishi Motors à l'entreprise néerlandaise VDL avaient été signés fin septembre 2012. Immédiatement après, VDL avait signé un autre accord, avec BMW cette fois, pour fabriquer les Mini.

Si Born produira des Mini anglaises additionnelles, le site britannique traditionnel d'Oxford n'en demeure pas moins l'usine phare. BMW avait annoncé en effet en juillet 2012  qu'il comptait investir 250 millions de livres (310 millions d'euros) d'ici à la fin de 2015, pour augmenter son potentiel industriel en Grande-Bretagne ! Le constructeur automobile allemand veut muscler son site d'Oxford mais aussi son usine de mécanique également britannique de Hams Hall. Depuis 2000, BMW affirme avoir investi plus de deux milliards d'euros outre-Manche. 

303.177 Mini en 2013

Le groupe germanique a produit 303.177 Mini l'an dernier, sont 175.986 à Oxford. Le reste avait été déjà fabriqué ailleurs, à Graz, en Autriche, chez MSF. Il s'agit des versions "SUV" (4x4) Countryman et du coupé Paceman. Depuis que la marque a été relancée en 2001, près de 2,8 millions d'unités ont vu le jour.

BMW a complètement revu sa Mini, dont la quatrième génération sera commercialisée en mars-avril 2014. Celle-ci repose sur une toute nouvelle plate-forme, qui servira aussi à de futures voitures de la marque BMW elle-même, comme le monospace compact BMW Série 2 Active Tourer prévu pour la rentrée prochaine. La nouvelle Mini étrenne aussi une panoplie de tout nouveaux moteurs à trois et quatre cylindres. Des mécaniques modulaires qui permettront de faire même des six cylindres pour BMW par la simple multiplication des cylindres (500 centimètres-cubes chacun). Histoire de réaliser des économies d'échelle.

La Mini a grandi

La Mini Cooper à essence à trois cylindres développe 136 chevaux, la Cooper S à quatre cylindres 192 et la Cooper diesel à trois cylindres 116.  Ces moteurs remplaceront les actuelles mécaniques (à essence) co-produites  avec PSA. La citadine anglaise a bien grandi puisqu'elle mesure 3,82 mètres de long (20 centimètres de plus que la Twingo III de Renault). Elle aura, pour la première fois, une version à cinq portes.

C'est le 26 août 1959 que British Motor Corporation (BMC) dévoilait sa petite citadine révolutionnaire à traction avant présentée alors sous deux marques: la Morris Mini-Minor et l'Austin Seven. Entre 1959 et 2000, date de l'arrêt de production de la première Mini, cette voiture s'est  fabriquée à 5.3 millions d'exemplaires dans ses nombreuses versions et sous divers labels (Austin, Morris, Wolseley, Riley, Van den Plas, puis Mini). 

Un véhicule à peine amélioré au fil du temps, qui a conservé tout du long ses qualités (gabarit riquiqui, ligne originale, tenue de route, maniabilité) comme ses défauts (fiabilité douteuse, inconfort...). Ces voitures ont  même eu leur heure de gloire  en remportant trois victoires au Rallye de Monte-Carlo avec les Mini Cooper S en 1964, 1965 et 1967.

Reprise en 1994

BMW a  repris la marque Mini en 1994, en rachetant le groupe britannique Rover, dernier avatar du conglomérat en déliquescence  BMC devenu British Leyland puis... Rover. Mais las, faute de pouvoir redresser la barre, le bavarois s'est  débarrassé de Rover (et de Land Rover) six ans après! A ce moment, Mini aurait pu sombrer. 

Mais BMW a alors eu le coup de génie de conserver cette pépite. Partant d'une feuille blanche avec une gamme de véhicules au style "rétro", tous inspirés de la célèbre devancière mais modernes et  fiables, BMW est parvenu à relancer en 2001 un label "glamour" à souhait. A l'aide d'un marketing positionnant les produits en haut de gamme (par rapport au gabarit).  De multiples dérivés ont vu le jour depuis, comme le break Clubman ou le 4x4 Countryman. Des noms repris dans le patrimoine même de la vieille firme anglaise.