Les russes aiment les Renault, mais pas les Lada

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  574  mots
Les chaînes de Togliatti chez Avtovaz
Le constructeur auto russe Avtovaz, contrôlé partiellement par Renault, perd de l'argent et ses ventes chutent. Ses voitures Lada ne séduisent plus. Dommage pour Renault, qui cartonne par ailleurs avec ses propres Logan et Duster.

Pas de chance pour Renault. Avtovaz, le constructeur russe des Lada, perd de l'argent. Le numéro un auto russe, contrôlé par Renault, a annoncé une perte de 6,9 milliards de roubles (142 millions d'euros) au titre de 2013. Ce résultat, en normes comptables russes (RAS), se compare à un bénéfice de 211 millions de roubles en 2012. Le chiffre d'affaires a reculé de 4%  et les ventes des Lada ont chuté de 15% à 456.309 unités sur le marché russe. Soit nettement plus que les immatriculations totales de voitures neuves (-5%) en Russie l'an dernier, selon l'Association des entreprises européennes (AEB). Avtovaz n'occupe plus que 16,4% de part de marché en Russie (18,3% un an plus tôt).

Le constructeur, qui exporte très peu, avait  enregistré déjà une perte de 2,6 milliards de roubles (60 millions d\'euros) au premier semestre.  Bo Andersson, le nouveau Directeur général d'Avtovaz, a annoncé le 23 janvier  dernier la suppression de 2.500 postes, soit 7,5% des effectifs du groupe, pour tenter de renouer avec la rentabilité malgré la baisse du marché.

Montée de Renault et Nissan

En décembre 2012, Carlos Ghosn - PDG de Renault et de son allié japonais Nissan -, Serguei Chemezov, Directeur général de la société publique Russian Technologies, ainsi que Igor Komarov, alors PDG d'Avtovaz, avaient scellé à Moscou un accord final permettant à Renault-Nissan de prendre le contrôle du russe.

L'accord prévoit que l'Alliance Renault-Nissan apportera 600 millions d'euros, qui lui donneront 67,13% des parts de la co-entreprise d'ici à la fin du premier semestre 2014. Cette dernière détiendra à son tour 74,5% du capital du constructeur. Renault devrait détenir 50,1% de la société-commune d'ici à juin 2014. Nissan, qui n'était pas auparavant actionnaire, vise une participation à hauteur de 17%.

Renault avait déjà déboursé en février 2008 un milliard de dollars (750 millions d\'euros) pour acquérir 25% plus une action du groupe auto russe, dont Carlos Ghosn a pris fin juin dernier  la présidence du conseil d'administration.

Une usine géante

Fleuron de l'époque soviétique, bâtie dans les années soixante avec l'aide des ingénieurs de Fiat pour produire la Fiat 124 de 1966 - dont la production a été stoppée en début d'année 2012 -, l'usine géante de Togliatti (à un millier de kilomètres au sud-est de Moscou) emploie encore quelques 70.000 personnes et vise une production de presque un million d'unités vers... 2017. On en est loin. Longtemps constituée de modèles archaïques et peu fiables mais pas chers, la gamme se renouvelle progressivement, avec l'aide des techniciens et ingénieurs de Renault. Mais, on n'en est qu'au début.

Grâce à une nouvelle ligne de production pour véhicules sur plate-forme de la Logan, Avotovaz fabrique aujourd'hui des modèles pour Nissan et devrait en assembler très prochainement pour le compte de Renault. On évoque les Logan II et Sandero II.

Si les Lada sont à la peine, Renault, qui produit par ailleurs depuis 2005 ses véhicules à Moscou, est aujourd'hui la deuxième marque en Russie, avec 7,6% de pénétration, devant le coréen Kia. Le label au losange, qui est du coup la première marque étrangère, a accru ses ventes l'an passé dans le pays de 11% à plus de 210.000 exemplaires, selon les chiffres de l'AEB. Et ce, grâce à la Logan mais aussi au formidable succès du 4x4 Duster. L'alliance Renault-Nissan-Avtovaz pèse en tout 821.400 unités avec une part de marché de 29,6%.