Scania dit non à son actionnaire Volkswagen

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  522  mots
Un camion de la gamme Scania
Le fabricant suédois de camions a toujours été farouchement attaché à son indépendance. Il vient de dire non à son actionnaire Volkswagen, qui voulait rependre la totalité du capital.

Ces fiers suédois ont été toujours rétifs à toute mainmise. Le constructeur de  poids-lourds Scania a ainsi toujours défendu bec et ongles son indépendance. Le groupe scandinave a du coup rejeté ce mardi l'offre de son actionnaire de référence Volkswagen pour acquérir la totalité de son capital. L'offre du consortium allemand n'est pas adaptée aux "perspectives de croissance, à l'excellence technologique et au potentiel de synergie" du groupe, souligne fièrement Scania dans un communiqué. Un comble.

"Scania est un leader mondial dans son secteur" et le comité ad hoc chargé d'évaluer l'offre "a une foi solide dans le plan (...) établi par l'entreprise", a souligné la présidente de ce comité, Åsa Thunman, citée dans un communiqué. Le comité a donc recommandé à ses actionnaires de ne pas apporter leurs actions à l'offre de Volkswagen qui s'est ouverte lundi, et doit le rester jusqu'au 25 avril d'après le calendrier initial.

"Derrière la tentative de sympathisants de Scania pour bloquer l'offre ou en réclamer une plus conséquente se trouvent actuellement des actionnaires institutionnels qui ne représentent qu'environ 7% du capital", selon une personne bien informée citée  le 11 mars par le quotidien économique suédois Dagens Industri.

6,7 milliards d'euros sur la table

Volkswagen a offert le 21 février  dernier 6,7 milliards d'euros pour mettre la main sur les un peu plus de 37% du capital de Scania qu'il ne possède pas encore et renforcer ainsi son activité  poids lourds. Un sérieux revers pour Volkswagen, qui voudrait enfin intégrer la firme suédoise et son autre constructeur de poids-lourds, l'allemand MAN. Et ce, pour mieux concurrencer les deux plus gros fabricants mondiaux de camions, l'allemand Daimler (avec les marques Mercedes et Freigttliner notamment) et Volvo (qui possède 100% de Renault Trucks), l'autre suédois.

Le groupe allemand, avec sa filiale poids-lourds MAN, détient pour le moment 62,6% du capital et 89,2% des droits de vote de Scania. Si l'offre réussit, les actions Scania restantes doivent être retirées de la cote à la Bourse de Stockholm. Volkswagen était entré au capital de Scania en 2000, suscitant alors bien des réticences.

Intégrer avec MAN

Le rachat de l'ensemble de Scania "va lever des restrictions légales existantes et permettra en conséquence une mise en oeuvre plus rapide et plus complète de la stratégie commune pour les véhicules commerciaux", avec une réalisation "plus facile" de projets en commun, "des opportunités supplémentaires de croissance" et des synergies, explique Volkswagen. Devenu numéro deux mondial de l'automobile l'an dernier derrière Toyota, le consortium germanique chiffre en moyenne les synergies à long terme à "au moins 650 millions d'euros de résultat opérationnel par an".

Un tel niveau potentiel d'économies prendra toutefois dix à quinze ans, vu le long cycle de vie des camions, précise Volkswagen. Le groupe de Wolfsburg aux douze marques compte financer cet achat sur ses propres réserves financières et assure ne prévoir aucun "changement structurel" chez Scania, que ce soit en terme d'employés, de lieux de production et de centres de développement.