BMW prépare une super-sportive "écologique"

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Leipzig  |   |  752  mots
La i8 sera un coupé à très hautes performances
La i8 développe 362 chevaux, roule à 250 à l'heure et coûtera 140.000 euros. Cette anti-Porsche est toutefois une voiture "verte" hybride rechargeable à faibles rejets de CO2. Comment réconcilier performances et écologie.

362 chevaux. 140.000 euros (environ).  Une super-sportive à hautes performances ? Oui. Mais, cette fois, il s'agit paradoxalement d'une voiture "verte". La BMW i8, dont la production de série débutera en avril et qui arrivera sur le marché en juin prochain, sera un coupé hybride rechargeable capable de rouler à 250 kilomètres à l'heure, doté d'une autonomie de 600 kilomètres mais n'émettant que 49 grammes de CO2 au kilomètre d'après les dernières données du constructeur.  Avec une consommation, selon le cycle de conduite européen, de 2,1 litres aux cents. Moins qu'une petite citadine d'aujourd'hui!

En mode tout électrique, l'autonomie pourrait atteindre 35 kilomètres à une vitesse maximale de 120 kilomètres à l'heure, selon BMW. "L'idée de départ, c'était de faire des voitures de sport émotionnelles respectueuses de l'environnement", explique Carsten Breitfeld, Directeur du projet i8. "La décision de la produire effectivement a été prise en 2010".

Véhicules révolutionnaire

"Il fallait abaisser le poids pour compenser les 200 kilos de batteries ainsi que du moteur électrique et réaliser une voiture basse, ce qui obligeait à repositionner les batteries pour avoir un centre de gravité très peu élevé. On avait aussi besoin de composants très efficaces. C'est pour cela que BMW a développé sa propre électronique, même si elle ne la produit pas", souligne le dirigeant.

D'ailleurs, "certains composants ont été étudiés par l'ancienne co-entreprise de BMW avec... PSA" destinée à étudier les futurs systèmes pour véhicules hybrides. Une société commune dont le bavarois a hélas repris récemment 100% des actifs, après l'alliance (avortée) nouée entre le français et l'américain GM... Carsten Breitfeld est d'ailleurs l'ancien responsable de cette co-entreprise avec le groupe tricolore.

Ce coupé sportif à deux places (et deux petites d'appoint derrière) disposera d'un mini-moteur trois cylindres à essence de 1,5 litre de cylindrée seulement (celui de la nouvelle Mini), dont la puissance est portée à 231 chevaux avec une transmission aux roues arrière via une boîte automatique à six rapports. La i8 comprend également un moteur électrique synchrone de 131 chevaux avec transmission cette fois aux roues avant  à travers une boîte automatique à deux rapports.

Le tout est complété par une batterie lithium-ion haute tension à refroidissement liquide d'une capacité énergétique de 5 kilowatts-heure. La voiture mesure 4,60 mètres de long, soit le gabarit  d'une BMW Série 3. Et elle a des performances "comparables à celles d'une Porsche Carrera", assure le Directeur de projet.

Assemblage à Leipzig

Comme sur le petite voiture électrique i3, lancée en fin d'année dernière, la structure de l'habitacle est en fibre de carbone fabriquée, elle, dans une co-entreprise à Moses Lake dans l'Etat américain de Washington. Le châssis est, lui, en aluminium, la peau en matière plastique collée sur la structure.

Une voiture révolutionnaire qui est, comme la i3, fabriquée dans de tout nouveaux ateliers dédiés à l'usine de Lepizig, en ex-RDA. Lignes de production propres, silencieuses, sans presses ni robots de soudure. Le process, inédit, est presque entièrement automatisé. "Certains éléments du process seront d'ailleurs réutilisés sur des BMW conventionnelles".

"Nous aurons deux groupes de clients: ceux qui viennent du monde la voiture de sport et ceux qui veulent une sportive mais ne franchissaient pas le pas car les sportives n'étaient pas jusqu'ici politiquement correctes", souligne Carsten Breitfeld. De toutes façons, la i8 s'adresse à ceux qui possèdent déjà plusieurs voitures. "Ca peut être la deuxième voiture d'un ménage".

Concurrencer Porsche

Concurrentes: "les Porsche 911 et Audi R8". Quel sera le premier marché pour cette voiture? "Les Etats-Unis", rétorque le Directeur de projet. A la question: "le projet est-il rentable?", Carsten Breitfeld rétorque laconiquement: "on espère gagner de l'argent avec cette i8 dans l'avenir".

"Sans modèles électrique ou hybrides rechargeables,  nous ne pourrions pas parvenir aux futures normes de CO2 qu'on nous impose". La production de modèles i3 ou i8 permettra, en abaissant la moyenne des rejets de CO2 de la gamme BMW dans son ensemble, de "pouvoir toujours produire des voitures conventionnelles à six et huit cylindres" qui ont fait la réputation du groupe de Munich.

Y aura-t-il d'autres modèles électriques ou hybrides rechargeables ? "Nous avons réservé tous les noms entre i3et i8. Ca n'aurait pas de sens d'avoir seulement deux modèles", répond Carsten Breitfeld. A bon entendeur. BMW pourrait fabriquer plus de 100.000 voitures par an de sa gamme écologique "i" d'ici à 2020.