C'est reparti : haro sur le diesel, spécialité de Renault et PSA

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  875  mots
La Peugeot 508 reçoit des tout nouveaux diesels aux futures normes Euro 6
A nouveau des voix s'élèvent pour taxer et éradiquer les véhicules diesel. Problème: ce sont les vieux véhicules à gazole qui polluent, pas les nouveaux. Et le diesel conserve un net avantage pour... réduire le CO2.

Haro sur le diesel. C'est reparti! Le nouveau ministre de l'Ecologie, l'ex-compagne du Chef de l'Etat Ségolène Royal, a déclaré ce vendredi que les grandes villes devaient "donner l'exemple" pour accélérer la "révolution de la voiture électrique" qui, selon elle, constitue la vraie réponse au problème du... diesel. Mardi dernier, c'était le groupe écologiste au Sénat qui déposait une proposition de loi pour sortir du diesel, prévoyant une super-taxe de 500 euros, réévaluée chaque année, sur les certificats d'immatriculation des véhicules neufs fonctionnant au gazole. Selon les Verts, les ventes de diesels seraient ainsi quasiment réduites à néant au bout de dix ans...

Christophe Najdovski, tête de liste écologiste lors des municipales et désormais adjoint chargé des transports d'Anne Hidalgo, le maire socialiste de la capitale, défendra la semaine prochaine un plan antipollution devant le Conseil de  Paris, qui comprend cinq grands points, avec notamment, selon le Parisien, un plan de sortie du diesel...

La part du diesel reste élevée

Bref, le diesel, spécialité de Renault et PSA, est à nouveau accusé de tous les maux. Au premier trimestre, 65% des voitures neuves carburaient au gazole dans l'Hexagone. Un pourcentage élevé certes, mais en baisse. La part s'élevait en effet à 69,3% sur les trois premiers mois de  2013, 73% en 2012... et 77% en 2008. La part croissante des mini-voitures sur le marché français fait chuter la proportion des véhicules à gazole. Car les modèles diesel étant plus onéreux à l'achat, la plupart des "petites" ne sont plus proposées aujourd'hui qu'avec une motorisation à essence. L'an passé, la France était toutefois encore championne du diesel en Europe, derrière le Luxembourg, l'Irlande et le Portugal. La France reste au-dessus de la moyenne ouest-européenne (53,3% en 2013).

Ceci dit, la part des  voitures à gazole va continuer à diminuer. En effet, la prochaine norme "Euro 6", à la rentrée, va fortement renchérir les moteurs à gazole, de plusieurs centaines d'euros en prix de revient selon les experts. Soit un surcoût pour le client de 600 à 1.000 euros en moyenne. En outre, le coût de maintenance sera encore une fois alourdi. "Euro 6" obligera en effet  les motoristes à traiter définitivement le problème des rejets de NOx (oxydes d'azote). La part du diesel devrait du coup être ramenée à 50% en 2020, selon le CCFA (Comité des constructeurs français).

Les diesels anciens polluent

Régulièrement vilipendé, le diesel pollue certes intrinsèquement davantage qu'un moteur à essence. Sur les véhicules diesel,  les rejets d'oxydes d'azote, particulièrement nocifs et réglementés depuis 2000, sont toutefois passés de 500 à 180 milligrammes au kilomètre ("Euro 5") et descendront à 80 ("Euro 6")! Les monoxydes de carbone, eux, sont passés de 2.720 milligrammes autorisés ("Euro1") à 500 ("Euro 5" et "Euro 6". Les émissions de particules, très dangereuses pour la santé, se sont contractées de 140 à 5 ("Euro 5") et bientôt 4,5 ("Euro 6"). Notons que PSA a pris les devants et vend d'ores et déjà des modèles équipés de moteurs "Blue HDi" adaptés aux futures normes (308, 508, DS5).

La norme "Euro 5" a d'ailleurs introduit une limitation de nombre de particules émises, en plus de la limite de masse. Par  ailleurs, la France a rendu obligatoire le filtre à particules depuis le 1er janvier 2011 sur les véhicules neufs. 99% des particules sont ainsi stoppées... à condition que le filtre ne soit pas démonté, qu'il soit entretenu et en bon état. N'oublions pas également, a contrario, que les nouveaux moteurs à essence à injection directe, plus sobres, émettent aussi des particules! Le problème des diesels, aujourd'hui, ne provient pas en fait... des nouveaux véhicules, mais des vieux, voitures particulières, utilitaires légers, bus et camions, qui, eux, sont très polluants!

Le diesel, champion de la lutte anti-CO2

Le diesel est paradoxal. On veut le taxer au nom de l'écologie...  Mais la fiscalité du bonus-malus, prétendument verte, le favorise, pour les mêmes raisons écologiques! Complexe? Le diesel  conserve en effet un avantage clé: ses consommations demeurent  inférieures à celles des voitures à essence. Un diesel émet donc en moyenne 15% de moins de CO2 qu'une voiture à essence, consommations et rejets de CO2 étant corrélés. C'est en partie pour cela que la France est si bien placée dans les rejets de CO2 des véhicules par rapport aux autres pays européens et que l'Europe en général fait mieux que les autres continents!  Les constructeurs automobiles ont d'ailleurs atteint dès 2013 l'objectif européen de réduction des émissions moyennes de CO2 des véhicules neufs pour 2015, selon un bilan officiel. Et ce, grâce plus particulièrement au diesel.

Les problèmes ne sont pas simples. Il y a en fait deux questions distinctes, que l'on mélange souvent. La réduction du CO2, objectif majeur de la Commission européenne, n'a rien à voir avec... la pollution. Car le CO2 n'est pas un polluant... mais un gaz à effet de serre qui participe au réchauffement. Il n'est donc pas nocif à respirer ! Par ailleurs, il y a les polluants stricto sensu, dangereux pour la santé, pour lesquels il existe les normes spécifiques "Euro". Mais il est très difficile d'être bon sur les deux tableaux à la fois...