Les camions de Renault restent "made in France", mais la production baisse

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  631  mots
Production de camions Renault Trucks en France
Les camions de Renault Trucks ont reçu le label "Origine France garantie". Mais l'ex-branche poids-lourds de Renault, aujourd'hui propriété du suédois Volvo, voit ses ventes chuter. Et elle supprime des emplois.

Renault Trucks (en anglais dans le texte)  appartient à 100% au suédois Volvo depuis 2001. Mais ses camions viennent de recevoir le label "Origine France garantie".Décerné par l'association "ProFrance" présidée par Yves Jégo, ce label de certification de l'origine française conffirme l'ancrage de l'ex-RVI, ancienne branche poids-lourds de Renault, dans l'Hexagone avec les sites de production de Blainville-sur-Orne (Calvados,2.000 personnes), Bourg-en-Bresse (Ain, 1.600) et Lyon (Rhône, 5.700).

Un label bienvenu, alors que le groupe Volvo, deuxième constructeur mondial de camions - rien à voir avec les voitures de Volvo Cars qui appartiennent au chinois Geely -, avait annoncé en mars dernier son intention de... supprimer 508 emplois en France, dont 319 sur le site de Lyon, pour un effectif total de 8.900 salariés en CDI dans l'Hexagone (9.420 au total). 70% des effectifs de Renault Trucks sont en France.

Chute de la production de 30% au 4e trimestre 2013

Renault Trucks  avait vu ses prises de commandes chuter de 30% au quatrième trimestre 2013, entraînant une diminution de la production. Selon la CFDT, outre les 508 postes en CDI mentionnés, 800 consultants vont disparaître, soit 1.300 suppressions de postes au total. Dans un communiqué, le syndicat "condamnait l'attitude du groupe Volvo" alors que celui-ci "prévoit de distribuer en 2014 le même dividende qu'en 2013". Héritier de Berliet et Saviem, Renault Trucks avait écoulé  43.095 camions sous sa marque en 2013, contre 51.486 l'année précédente, un chiffre qui était déjà en recul de 14% par rapport à 2011!

« Depuis dix ans, nous avons investi 3,5 milliards d'euros chez Renault Trucks à la fois dans les usines et les nouveaux produits », expliquait  en septembre dernier  à latribune.fr Olof Persson, PDG du groupe Volvo. "Nos activités françaises ont des bases solides avec une productivité comparable à celle de nos autres usines en Europe de l'ouest et une très bonne qualité", précisait le dirigeant. Mais, quand nous lui avions demandé s'il allait maintenir les effectifs en France, Olof Persson avait répondu prudemment : "je suis confiant sur le fait qu'on continuera de produire en France. Mais il faut accroître la productivité. Pour protéger l'entreprise sur le long terme, notre responsabilité c'est de rester compétitifs". A bon entendeur...

"Renault Trucks a des positions fortes en Europe et en Afrique du nord. Nous avons encore un gros potentiel de croissance en Europe mais aussi en Asie", indiquait le patron, soulignant que "60% des camions produits en France sont exportés".

Renault a revendu sa participation

Le groupe Renault était jusqu'à 2012 l'actionnaire de référence historique de AB Volvo, holding du groupe Volvo. Mais l'ex-Régie n'a plus de participation. Le constructeur français avait en effet annoncé fin 2012 sa sortie du capital. Au-delà de l'opération financière, cette cession de 6,5% du capital et 17,2% des droits de vote dans AB Volvo par Renault était symbolique. En 2001, lorsque Renault avait vendu ses poids-lourds au groupe scandinave, il était devenu en échange actionnaire du consortium scandinave.

Louis Schweitzer, alors PDG du groupe français, avait absolument tenu à être le premier actionnaire de AB Volvo (avec alors 21,7% du capital et 21,3% des droits de vote au périmètre d'octobre 2010), notamment pour avoir un droit de regard sur la façon dont le suédois allait gérer les... actifs français. Une participation qui avait évité une trop lourde restructuration chez Renault Trucks, comme Louis Schweitzer nous l'avait alors avoué. Mais le PDG de Renault actuel, Carlos Ghosn, ne se sent pas de telles responsabilités historiques et morales.

Notons que, contrairement à Renault, l'allemand Daimler (Mercedes) est resté très présent dans le poids-lourd, dont il est le numéro un mondial. Volkswagen, qui n'était initalement pas dans le secteur, a racheté pour sa part les spécialistes MAN et Scania pour constituer également un grand groupe de camions.