Après Talbot, Rover, Saab, Lancia risque de disparaître

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  823  mots
La célèbre Lancia Delta Integrale, championne du monde des rallyes
Les marques automobile sont mortelles. En vingt ans, des labels aussi célèbres à leur époque qe Rover, Triumph, Morris ont périclité en Grande-Bretagne, Talbot en France, Plymouth, Oldsmobile et Mercury aux Etats-Unis. C'est la marque italienne Lancia, propriété de Fiat, qui est désormais sur la sellette.

Sergio Marchionne, le patron de Fiat Chrysler Automobiles, veut relancer Alfa Romeo. Mais il va condamner Lancia. Il y a quelques années, le bouillant et médiatique dirigeant italo-canadien avait annoncé 300.000 Lancia et autant d'Alfa Romeo par an. Un objectif qui n'a jamais été tenu. Très, très loin de là. Maintenant, il renchérit sur... 400.000 Alfa annuellement d'ici à 2018, mais quasiment plus de Lancia ! Cette vielle marque transalpine prestigieuse et plus que centenaire devrait être cantonnée à un seul modèle, la petite Ypsilon produite en Pologne, un héritage d'une autre marque d'ailleurs disparue, Autobianchi.  Et cette mini-voiture d'entrée de gamme ne sera plus a priori commercialisée qu'en Italie. Quelle décadence, qui prélude à une disparition programmée pure et simple

Une marque emblématique sacrifiée

Reprise en 1969 par le groupe turinois Fiat, championne du monde des rallyes grâce à la Fulvia coupé, la Stratos et la Delta Integrale, sacrée six fois entre 1987 et 1992, la firme née en 1906 risque in fine de mourir du rachat... d'Alfa Romeo par le même groupe Fiat en 1986. Incapable de gérer les deux marques, fondamentalement concurrentes, Fiat a fini par sacrifier Lancia. Il y a belle lurette que les investissements se sont taris.

Sergio Marchionne en tue une, en espérant  sauver l'autre... Ce qui n'est pas gagné pour autant. Lors de la dernière conférence sur sa stratégie, début mai, le groupe Fiat Chrysler a présente le futur plan produits de toutes ses marques. Mais aucun volet n'était consacré à Lancia, qui vendu à peine 75.000 unités l'an dernier, essentiellement sur son marché national. 

 Lancia Thema (1984-1994)

Après l'échec de la dernière compacte Delta III, Lancia vend surtout aujourd'hui les petites Ypsilon. La vente sous son nom de gros modèles Chrysler en Europe est un échec. Il est vrai que le très gros monospace Voyager, typiquement yankee, est aujourd'hui quasi-invendable sur le Vieux continent eu égard à ses dimensions généreuses et à sa consommation. En outre, il ne correspond en rien aux gênes et attentes des clients de la marque.

Quant au cabriolet américain Chrysler, techniquement suranné et rebaptisé Flavia, c'est un bide. Comment le marketing a-t-il d'ailleurs osé reprendre le nom d'une les plus emblématiques Lancia de l'histoire pour une voiture banale, tellement éloignée de la tradition de raffinement du label fondé par Vincenzo Lancia. Et ce, alors que Lancia a sorti des modèles exceptionnels comme les Aurelia des années 50, puis Flaminia, Fulvia, Flavia et, récemment, Delta et Thema.

Lancia Fulvia au début des années 70

Hécatombe outre-Manche

Les marques disparues  sont hélas légion dans l'automobile européenne. L'industrie britannique a ainsi vu sombrer Austin, Morris, Triumph, puis Rover, tous labels de ce qui fut  le conglomérat BMC puis British Leyland, repris par BMW en 1994, rebaptisé Rover et in fine décédé de sa banqueroute en 2005. Seule rescapée: Mini, conservée par BMW.

La dernière Rover, la 75

 

Cette hécatombe a touché le suédois Saab. La marque de Trollhättan, dont l'activité automobile est née après la guerre comme diversification de son secteur aéronautique, a réalisé des voitures originales et très avancées, comme la 900 turbo, la berline sportive en vogue dans les années 80 et début 90. Rachetée partiellement puis en totalité par GM en 2000, elle a été luquidée en 2010 par le groupe américain lui-même en quasi-faillite, reprise par un investisseur néerlandais qui l'a faite vivoter quelques mois. Mais Saab Automobiles est mort en  2011. Aux mains d'intérêts chinois, ce qui reste du label est censé sortir de fantômatiques voitures électriques. Mais le constructeur proprement dit a bel et bien disparu du paysage automobile.

La Saab 900 turbo, la plus célèbre de la marque

Talbot supprimée en France

La France aussi a eu son lot de disparitions, même si c'était dans des temps plus anciens. Dernier avatar: Simca, rebaptisé Talbot en 1979 par PSA après le rachat l'année précédente, a finalement péricilité en 1987. Talbot faisait trop concurrence à Peugeot. Au moment de lancer la 309, qui avait été initlement conçue pour Talbot, le groupe PSA a décidé de donner à Peugeot cette berline compacte. C'était signer l'arrêt de mort du label Talbot, ex-Simca, une marque qui elle-même remontait aux années trente où elle produisait des... Fiat sous licence.

La Talbot Tagora des années 80

L'Europe n'est pas la seule à avoir sacrifié des vieilles marques chargées d'histoire. Aux Etats-Unis, Chrysler a supprimé en 2001 Plymouth, une marque populaire qui avait eu un grand succès dans les années 60 et 70. GM a de son côté sacrifié récemment Oldsmobile, Hummer et Saturn. Enfin, Ford a laissé tomber dernièrement  Mercury. Quel cimetière !

Une Plymouth Valiant de 1970