Renault Samsung Motors sort du gouffre en Corée grâce au "SUV" Captur

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  736  mots
Le petit RSM QM3, alias Renault Captur en Europe
Les ventes de Renault Samsung Motors (RSM )repartent en Corée, grâce au petit "SUV" Captur importé d'Espagne. Mais l'usine de Busan reste sous-employée. Il faudra attendre la prochaine génération de véhicules en 2016 pour qu'elle soit enfin saturée. RSM est convalescent, mais reste très fragile.

Mais que devient Renault Samsung? La fameuse marque coréenne, qui devait être le fer de lance de l'expansion de Renault en Asie, est repartie à l'attaque. Mais elle a beaucoup souffert et n'est pas encore sortie vraiment du gouffre. Au premier semestre, Renault Samsung Motors (RSM) a  tout de même vendu 62.742 véhicules (+ 6,9 %), dont 36 971 ont été écoulés sur le marché coréen (+40%). Les véhicules sont vendus sous la marque RSM en Corée, Renault ou Nissan ailleurs.

Succès du petit "SUV" Captur

En juin, la marque a écoulé dans le Pays du matin calme 8.515 véhicules, ce qui représente un doublement, grâce au succès du QM3. C'est quoi ça? Rien d'autre que le petit "SUV" Captur importé de l'usine de Valladolid en Espagne et commercialisé localement depuis avril dernier... avec un moteur diesel, alors que le marché est traditionnellement très rétif à ce type de motorisation. C'est une véritable réussite qui, malheureusement toutefois, ne contribue en rien à saturer l'usine de Busan traditionnellement sous-employée!

RSM détenait sur les six premiers mois de l'année  5,6% du marché coréen. C'est encore peu. Sur le seul mois de juin, la part atteint néanmoins les 6,4% grâce au fameux petit Captur, qui représente 46% des ventes totales de RSM en Corée.

Carlos Ghosn, patron de Renault et Nissan, a annoncé des objectifs de reconquête lorsqu'il a présenté, en avril dernier,  le "RSM Mid term plan" pour la période courant jusqu'à fin 2016. Il a énoncé son ambition de hisser le label,  d'ici à 2016, au rang de troisième constructeur coréen, derrière les marques "nationales" Hyundai et Kia, mais devant GM Korea. La filiale locale (à 80%) de Renault a indiqué qu'elle prévoyait de vendre plus de 200.000 voitures à cet horizon sur son marché intérieur et à l'export. L'an passé, RSM avait vendu  60.130 unités sous son nom plus 46.400 Renault Koleos et  7.741 Latitude.

Petit profit l'an dernier

Renault Samsung Motors, qui avait subi des pertes en 2012, a dégagé l'an dernier un petit bénéfice net de 17 milliards de wons (11,6 millions d'euros), pour un chiffre d'affaires de 3.300 milliards (2,25 milliards d'euros). "Les résultats de l'an dernier sont le fruit des plans de relance drastiques de 2012-2013", indique le constructeur, qui y a notamment réduit les effectifs. RSM assure notamment avoir accru le taux d'intégration local à 75%, pour devenir plus compétitif. RSM profite du tissu de fournisseurs coréens de qualité qui s'est développé pour fournir le cinquième constructeur automobile mondial, le groupe Hyundai-Kia. La firme est toutefois en-dessous de ce qu'elle espérait. Elle avait en effet annoncé un taux de localisation de 80%... fin 2013.

Le site de Busan va en outre, recevoir l'appoint, au deuxième semestre, de la production du Nissan Rogue, un dérivé du "SUV" X-Trail, pour une exportation vers l'Amérique du nord. Une fabrication qui va  faire tourner davantage les chaînes de l'usine. La capacité annuelle prévue pour ce véhicule est de 80.000 unités. Mais ce ne sera pas suffisant. Problème: aucune vraie nouveauté n'est prévue avant la mise en production à Busan de la prochaine génération de modèles RSM, prévue autour de 2016. La firme va en effet remplacer progressivement à partir de cette date les viellissantes SM3 (Renault Fluence),  SM5 (Renault Latitude) et QM5 (Renault Koleos). Ce dernier sera remplace par un véhicule utilisant la même base que le Nissan X Trail et également fabriqué par la firme au losange en Chine.

Une nouvelle zone Asie-Pacifique

Créé en 2000, RSM est issu du rachat par Louis Schweitzer, alors PDG de Renault, des activités automobiles de Samsung en déshérence. Renault a notamment repris l'usine toute neuve de Busan, qui avait été construite avec l'aide des ingénieurs de Nissan. Le hic, c'est que RSM est resté tout petit sur le marché coréen et ses produits n'ont jamais rencontré un grand succès à l'export  (Latitude, 4x4 compact Koleos), c'est le moins qu'on puisse dire. Pour tenter de redresser la barre, RSM avait annoncé début 2012 un plan de revitalisation.

Pour mieux percer en Asie, Renault a annoncé jeudi qu'il scindait la région Asie-Pacifique en deux. Gilles Normand, actuel patron de cette zone, conservera la partie Extrême-Orient, Chine comprise, et Bernard Cambier deviendra le directeur des opérations de la nouvelle région Moyen-orient-Inde.